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Rhum mauricien: les marches internationaux s’enivrent

15 août 2019, 20:30

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Rhum mauricien: les marches internationaux s’enivrent

Blanc, ambré ou aromatisé, le rhum mauricien se diversifie de plus en plus. Les opérateurs ciblent d’autres territoires d’exportation de ce breuvage apprécié des connaisseurs. 

«Avec mes amis, nous ‘shiftons’ du whisky au rhum. C’est une expérience différente. Ce produit est plus traditionnel, mais on sent que les fabricants en prennent davantage soin dans sa confection», confie Thomas, touriste allemand de passage à Maurice. Il savoure des miniverres du classique breuvage blanc, des ambrés et des versions vanillées à la Rhumerie de Chamarel. «Pendant longtemps, en Allemagne, et même dans le monde, le scotch était prédominant. La situation change. Le rhum se globalise. Il n’y a qu’à regarder les chiffres de l’importation. Moi j’en ai goûté au Costa Rica, le rhum est plus sucré comparé à Maurice. Mais ici, les ambrés sont mes préférés.»

Le rhum local mauricien connaît actuellement un franc succès à l’international. Ainsi, au premier trimestre de 2019, 185 815 litres, équivalant à Rs 19 millions, ont été commercialisés à l’étranger. Où s’écoule donc tout ce breuvage ? Produisant 250 000 bouteilles annuellement, la Rhumerie de Chamarel en exporte la moitié, indique Olivier Couacaud, Managing Director. Et ce, principalement vers la France, l’Angleterre, l’Italie et la Belgique. D’autres marchés sont aussi dans la ligne de mire de la société, notamment l’Australie, l’Afrique du Sud, la Norvège et la Suède.

De son côté, Jean-François Koenig, General Manager de Médine Distillery, évoque une exportation considérable en vrac, notamment en baril de 250 litres, comme matière première. «Maurice a déjà réussi cela. Maintenant, on va se développer davantage. Les pays les plus friands de notre rhum sont la France, des pays d’Europe et d’Asie dont le Japon. La prochaine étape sera les États-Unis, un très grand marché mais très difficile à atteindre.» D’ailleurs, comme le précise Mickaël Derunes, General Manager de la Distillerie de Labourdonnais Ltd, les opérateurs se sont serré les coudes pour promouvoir le rhum mauricien à l’étranger dans les salons et autres endroits. «Nous sommes fiers de dire que l’île Maurice est aujourd’hui reconnue sur la carte du rhum au monde», soutient-il.

 
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Versions épicées

Quid de la consommation locale ? Pour Mickaël Derunes, le Mauricien commence à s’intéresser au savoir-faire des distilleries et a mis de côté ses a priori sur le rhum. «La tendance est sur le prix. Mais les gens montrent un intérêt grandissant pour les vieux rhums et le rhum arrangé.» Longtemps cantonné au classique rhum blanc, le consommateur s’ouvre davantage aux versions épicées, arrangées et aux liqueurs à base de rhum, qui se dégustent désormais à l’apéritif, en cocktail ou en digestif, affirme Olivier Couacaud. 

De son côté, Dean-David Oxenham, Sales and Export Manager, qui produit deux types de cette boisson à l’Oxenham Craft Distillery, observe que l’engouement se situe surtout au niveau des rhums qualitatifs. «Nous avons une belle qualité qui n’a rien à envier aux autres pays producteurs. Le rhum mauricien a sa place sur nos tables, nos fêtes et nos établissements. Les diverses distilleries ont travaillé d’arrache-pied pour ce rhum qui est un des seuls produits 100 % mauriciens.» D’ailleurs, comme le confirme Jean-François Koenig, une partie de la production de Médine est aussi destinée à plusieurs embouteilleurs locaux.

Comment est donc fabriqué ce breuvage ? À la Rhumerie de Chamarel, Steven Chellamootoo surveille minutieusement sa colonne de distillation, un engin en bronze et doté de 24 plateaux. «On y verse 2 000 litres de jus de canne. À côté, un appareil y instille de la vapeur et le chauffe. Avec la condensation, cela produit de l’alcool. Ce processus dure toute la journée», raconte le distillateur. À ce stade, trois types de produit s’en dégagent : la tête concentrée à 90 % en alcool, imbuvable ; le coeur à 70 % qui doit être mélangé à l’eau pour atteindre les 40 % et la queue, trop faible avec ses 20 à 30 %, qui doit être redistillée.

Température ambiante

Ensuite, s’enchaîne la mise en bouteille pour le rhum blanc ou le vieillissement pour les versions ambrées. À Médine Distillery, en opération depuis 1926, où nous faisons une incursion, ce breuvage né de la mélasse cumule les tonneaux… de bois. «Le rhum est conservé à température ambiante dans des barriques en bois de chêne. La durée peut varier entre 5 et 12 ans», précise Jean-François Koenig. À mesure que le rhum prend de l’âge, il abreuve les arômes du bois et s’enrichit en qualité. À partir de là, ils peuvent aussi être utilisés pour le cognac, le whisky et le bourbon.

Du côté de Chamarel, les rhums miroitent en tonneaux de cognac, Sauternes et de Pedro Ximenez (PX) pour encore plus d’arômes. À cela se rajoute une collection «Extra rare» émise à 500 exemplaires et vendue à Rs 25 000 la bouteille en cristal dans le cadre des dix ans de l’établissement célébrés en 2018, souligne Dany Ramsamy. Un tarif qui ne découragerait pas les clients en quête d’un breuvage authentique.

Face à l’emballement pour le rhum local auprès des Mauriciens et étrangers, la production est en hausse. Selon Statistics Mauritius, le taux était de 44 955 hectolitres en 2018 contre 43 011 en 2017.

 

RS 19 millions d’exportations en 2019

<p style="text-align: justify;">Selon <em>Statistics Mauritius,</em> durant le premier trimestre de 2019, l&rsquo;exportation du rhum local se chiffrait à 185 815 litres au coût de Rs 19 millions. En revanche en 2018, les données indiquent un volume d&rsquo;exportation de 1 824 027 litres pour la somme de Rs 119 548 420. Quels sont les pays qui achètent davantage notre rhum ? La tendance est restée la même pour 2018 et 2019. En première position, on retrouve la Hollande. Arrive ensuite l&rsquo;Espagne, suivie de la France. Notons également l&rsquo;importation vers les Seychelles, Madagascar, le Japon et la Slovaquie, entre autres.</p>

 

 

 

Pluie de récompenses

<p style="text-align: justify;">Comme la bière Phoenix, couronnée de succès dans la région, le rhum local n&rsquo;est pas en reste étant donné qu&rsquo;il a été récompensé internationalement, indiquent nos interlocuteurs. La Rhumerie de Chamarel, par exemple, a décroché des médailles d&rsquo;or lors du Rum Fest de Berlin de 2018 et bien d&rsquo;autres concours. Idem pour les créations de <em>Médine Distillery</em> fraîchement décorées en juillet dernier avec, entre autres, des distinctions aux <em>World Rum Awards, International Spirits Challenge, The Rum Masters The Spirits Business,</em> etc. <em>L&rsquo;Oxenham Craft Distillery</em> a également été primée lors de l&rsquo;International Wine and Spirits Challenge. Tout comme la <em>Distillerie de Labourdonnais Ltd </em>qui a obtenu plusieurs médailles dans des concours à l&rsquo;aveugle.</p>