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Musée de Port-Louis: Lonesome by night
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Musée de Port-Louis: Lonesome by night
Pas un chat au musée d’histoire naturelle de Port-Louis, le soir de la réouverture, mercredi. La nuit au musée évite au visiteur d’être distrait des collections. Sauf cela lui laisse le temps de constater que laisser simplement la lumière allumée et les portes ouvertes ne suffit pas à attirer du monde.
Un flamant rose tend le cou par la porte du musée de Port-Louis. Il fait signe aux rares passants de la rue La Chaussée. Vers 20 h 30, le quartier est déserté. Les estomacs rassasiés au poulet frit du fast-food d’en face, ne jettent même pas un coup d’œil à l’oiseau.
Pourtant, de le voir inondé de lumière la nuit, est un événement, dans ce musée qui ferme à 16 heures en semaine. Mercredi, jour de la réouverture du musée de Port-Louis, les lieux sont restés ouverts jusqu’à 21 heures. Nocturnes exceptionnelles qui prennent fin ce soir.
Chuiiii, il y a des oiseaux qui chantent. Non, pas les oiseaux de nuit qui hantent les abords du jardin de la Compagnie. On écoute encore, dans ce musée rouvert après plus de deux ans et demi de travaux, qui ont coûté Rs 13 millions.
Ces oiseaux qui ne chantent rien que pour nous, sont dans la première des quatre galeries du musée. À chaque salle son ambiance. Un bruit d’eau dans la salle des poissons peinte en bleu «océan». Le frisson silencieux de tomber nez à nez avec une mygale et un scorpion dans la salle des insectes. L’accent british du naturaliste David Attenborough, dans le documentaire Natural History Museum Alive, qui est diffusé dans la salle du fond. La dernière galerie, le clou du spectacle, celle du king dodo.
Oh my God ! Au musée d’histoire naturelle, l’anglais est de rigueur. Oiseaux, poissons, insectes, mammifères et dodo of course ne communiquent que dans la langue de l’administration. Pas de trace de français dans les nombreux panneaux noirs de textes qui ont fait leur apparition dans ce musée rénové. Ni dans les étiquettes qui accompagnent les spécimens. Quant aux audioguides en plusieurs langues, cette technologie n’est pas encore arrivée dans ce musée d’histoire naturelle qui, outre son aspect pédagogique, a une énorme vocation touristique, étant situé au cœur de Port-Louis.
Mercredi soir, pas de guide pour commenter la visite. Seulement un préposé qui nous suit d’une salle à l’autre, en attendant l’heure de la fermeture. En dehors de la façade éclairée, il n’y a pas d’animation au musée. C’est pourtant chose essentielle, selon plusieurs sources consultées, pour attirer petits et grands en ces lieux, où on ne va pas aussi spontanément qu’au centre commercial. Il se chuchote qu’en journée, la proximité du Bâtiment du Trésor, serait un frein à l’organisation d’activités bruyantes. Reste un équilibre à trouver pour que la vie revienne vraiment au musée.
Première impression : pas de changements majeurs après les travaux. Le ministre des Arts et de la culture Pradeep Roopun n’at-il pas affirmé dans son discours de réouverture, qu’il n’est pas possible de changer la couleur de la façade du bâtiment classé patrimoine national ?
À l’intérieur, pas de merveille exhumée des réserves. Le visiteur suit un parcours circulaire dans les galeries rectangulaires. Il y a eu un effort de rangement, dans la disposition des objets, même si le marlin bleu est toujours suspendu à deux filins.
La «fish gallery» a été inaugurée le jour de l’ouverture. On imagine déjà les enfants agglutinés autour des aquariums décoratifs. Des générations d’écoliers – y compris l’actuel directeur du musée (qui a partagé ce souvenir dans son discours de circonstance, confiant que sa visite d’alors lui avait «inspiré l’amour de la Nature») – retrouveront la baleine et l’œil fixe du requin-marteau de leur enfance. Sauf que le coup de pinceau qui leur a été donné a porté un… coup à leur naturel.
Ah ! si la baleine du musée pouvait parler. Mais elle se contente de sourire de toutes ses dents, dans le bac à sable qu’elle partage avec un lion de mer, un dauphin et quelques poissons. Prédateurs et proies semblent à l’étroit. Au fil du temps, les étiquettes qui racontaient en quelle année ces spécimens avaient été pêchés, par qui et où, ont disparu.
Post-rénovation: Les incohérences
<p style="text-align: justify;">Nous avons regardé deux fois. Le squelette du dodo trône à nouveau au milieu de <em>«sa» </em>galerie. Sauf que dans le présentoir orange, on a disposé des objets usuels qui exploitent commercialement l’image de l’oiseau-emblème. Le musée d’histoire naturelle de Port-Louis a confondu porte-clé, sac, patère, etc. c’est-à-dire des objets qui n’auraient pas dû sortir de la boutique de souvenirs, avec la valeur de ce squelette reconstitué à partir d’un seul oiseau. Autre incohérence : que fait cette partie d’ossements du <em>«sperm whale»</em> dans la salle des insectes ? La troisième salle du musée a des allures de fourre-tout, entre les cornes et bois, les papillons et les insectes.</p>
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