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Changement climatique: il faut repenser l’ensemble du système agricole

27 août 2019, 22:10

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Changement climatique: il faut repenser l’ensemble du système agricole

Notre sécurité alimentaire est en danger. Changement climatique, réchauffement planétaire, une utilisation excessive de produits chimiques dans nos cultures, les raisons derrière ce mal sont nombreux. Le rapport de l’Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), sorti au début du mois, démontre toutefois qu’il y a encore de l’espoir. Une gestion durable des ressources foncières peut lutter contre le changement climatique et, dans certains cas, inverser ses impacts négatifs. Le changement climatique affecte quatre piliers de la sécurité alimentaire, notamment la disponibilité (récolte et production), l’accès (prix et capacité d’obtenir la nourriture), l’utilisation (nutrition et cuisson) et la stabilité (perturbations de la disponibilité). Une action coordonnée de la terre peut lutter contre le changement climatique, gérer ces risques, réduire la vulnérabilité des terres et du système alimentaire.

Pour Roshan Ramessur, Chair East Africa-Ocean Acidification Steering Committee, le rapport est très critique. L’ampleur de l’utilisation des terres et la perte de biodiversité sont sans précédent dans l’histoire de l’humanité. En plus de s’attaquer aux émissions dans nos villes et nos réseaux de transport, nous devrons modifier considérablement la façon dont nous utilisons nos terres et repenser l’ensemble de notre système agricole si nous voulons vraiment atténuer les effets du changement climatique. Car le rapport souligne que la terre est moins productive lorsqu’elle est dégradée.

De ce fait, la production est limitée et la capacité du sol à absorber le carbone est réduite. Ce dernier aggrave le changement climatique, tandis que ce changement aggrave à son tour la dégradation des terres. «Dans un avenir où les précipitations seront plus intenses, le risque d’érosion des sols sur les terres cultivées augmentera», soutient Kiyoto Tanabe, Co-Chair of the Task Force on National Greenhouse Gas Inventories. Ce qui peut être fait est limité et, dans d’autres cas, la dégradation peut être irréversible.

Adi Teelock, membre de Platform Moris Environnement, explique que l’intérêt pour Maurice est magnifié en raison de l’exiguïté du territoire terrestre; l’utilisation du territoire a ici une importance critique. La révision prochaine de la National Development Strategy (NDS) devrait être l’occasion pour pleinement intégrer les résultats de ce rapport, qui s’adresse aux décideurs (policymakers) dans le contexte de la planification de l’occupation du sol.

Elle mentionne que sécurité alimentaire; indépendance énergétique; préservation et amélioration des sols, des espaces vertes et des nappes phréatiques; protection des côtes sont autant de défis auxquels nous devons nous attaquer. Elle cite comme exemple «la permaculture ou l’agroécologie, qui sont des systèmes agricoles – et de vie – qui épousent la manière de fonctionner de la nature et semblent très prometteurs à bien des égards». Pour elle, nous devons veiller à ne pas stériliser et fragiliser notre territoire exigu mais plutôt à le rendre résilient en faisant de la nature notre alliée, pas notre ennemie.

Gaspillage alimentaire

Les statistiques de la Solid Waste Management Division du ministère de l’Environnement indiquent que le Food waste à Maurice est à 27 % alors que «la sécurité alimentaire sera de plus en plus affectée en raison de la baisse des récoltes – en particulier sous les tropiques –, de l’augmentation des prix, de la réduction de la qualité des nutriments et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement », selon Priyadarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III du Groupe international d’experts sur le climat (GIEC). Dans différents pays, les causes des pertes et des déchets alimentaires diffèrent, ainsi que leur impact mais ce dernier sera drastique dans les pays à faible revenu comme l’Afrique, l’Amérique Latine et les Caraïbes. La réduction de ces pertes et déchets réduirait les émissions de gaz à effet de serre et améliorerait la sécurité alimentaire.

Il est relevé par Debra Roberts, coprésidente du Groupe de travail II du GIEC, que certains choix alimentaires exigent plus de terre et d’eau et causent plus d’émissions de gaz que d’autres. Les régimes alimentaires équilibrés à base d’aliments d’origine végétale, tels que les céréales secondaires, les fruits et légumes et les aliments d’origine animale, produits de manière durable dans des systèmes à faibles émissions de gaz à effet de serre, s’adaptent mieux aux changements climatiques et à la limitation de ceux-ci, selon elle.

Il faudrait également s’assurer que les régions où la terre ne peut pas fournir une nourriture adéquate ne soient pas désavantagées. Une faible croissance démographique et une réduction des inégalités, une amélioration des revenus, une meilleure nutrition et une diminution du gaspillage alimentaire peuvent être considérées pour permettre un système alimentaire plus résilient et mettre davantage de terres à la disposition de la bioénergie, tout en protégeant les forêts et les écosystèmes naturels. Toutefois, sans une action rapide, il faudrait davantage de terres pour la bioénergie, ce qui conduirait à des décisions difficiles sur l’utilisation future des terres et la sécurité alimentaire.

Les effets négatifs du changement climatique sur la végétation augmentent mais la terre doit rester productive pour maintenir la sécurité alimentaire à mesure que la population s’accroît. D’ailleurs, Statistics Mauritius indique que la population a augmenté. À la fin de 2018, Maurice comptait 1 265 637 habitants, alors qu’à la fin de 2017, ce chiffre était à 1 265 309. Selon le rapport, les résultats souhaitables dépendront des politiques et des systèmes de gouvernance locaux appropriés. En outre, la réduction des émissions de gaz à effet de serre de tous les secteurs est essentielle si l’on veut maintenir le réchauffement de la planète bien en dessous de 2 °C, voire de 1,5 °C.