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Vallée-des-Prêtres: le démon de l’insécurité

1 septembre 2019, 20:45

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Vallée-des-Prêtres: le démon de l’insécurité

Le meurtre de Mohini Mohorun, 61 ans, commis par nul autre que son petit-fils, Ashish Runomally, 18 ans, en fin de la semaine dernière, vient jeter de l’huile sur le feu. En ce qui concerne la sécurité – ou plutôt l’insécurité – dans la région de Vallée-des-Prêtres. En l’espace d’une année, trois crimes atroces se sont déroulés dans cette petite localité sise à proximité de Port-Louis. En juillet 2018, rappelons- le, le boutiquier Shyam Krishna Ramgoolam, 71 ans, avait été sauvagement agressé à coups de sabre par un individu alors qu’il fermait sa boutique. Cela devant le regard impuissant de son fils. Blessé, ce dernier avait été hospitalisé plusieurs jours.

Puis, plus récemment, en juillet de cette année, Mohammad Abouswaley Futta, un autre habitant de Vallée-des-Prêtres, avait rendu l’âme après avoir été tabassé par un groupe d’individus. Ce commerçant qui vendait du poulet avait été victime d’un règlement de comptes car il n’avait pas honoré ses dettes. Il devait une certaine somme d’argent à son fournisseur.

D’ailleurs, dès l’agression du boutiquier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui s’était rendu sur les lieux, avaient annoncé la mise sur pied d’un poste de police à cet endroit précis. Alors que jusqu’ici tous problèmes sont rapportés au poste d’Abercrombie. Mais un an après, il n’en est rien, au grand désespoir de tous.

Néanmoins, du côté de la police, l’on soutient que les lieux sont sous surveillance permanente. «Des contrôles routiers ainsi que des patrouilles régulières sont effectués par la police pour assurer la sécurité», expliquent les résidents. Toutefois, pour l’heure, les habitants souhaitent que la région soit considérée comme un «hotspot» par la police et qu’un véhicule y stationne en permanence le soir. «Ti kapav met 1-2 SMF non?»

Des têtes brûlées

Il est 17 heures en ce jeudi après-midi, 29 août. Alors que les véhicules affluent sur la route principale, plusieurs habitants se prélassent aux abords des nombreuses boutiques de la localité. Petite bière ou encore «enn ti for», c’est le moyen pour ces messieurs surtout de se détendre après une longue journée de travail. On discute. «A bé non, 45 ans mo res la, li trankil li, pas akoz enn-dé tet brilé bizin dir tou pa bon isi. Bien bon pou viv isi», insiste Hurrylall. Ce retraité souligne que beaucoup de personnes optent de venir habiter dans cette région de par sa proximité avec la capitale. «Tou zafer pré ek fasil. Lékol, farmasi, lopital. Ki bizin plis ki sa?»

Toutefois, il concède que Vallée-des-Prêtres a bien changé au fil des années. «Avan ti pli bwa, aster finn aranz boukou lakaz.» Quid du nom de l’endroit ? Pourquoi l’endroit a-t-il été baptisé Vallée-des-Prêtres ? «Non mo pa koné. Bizin al rémont dan listwar sa.» Selon «l’histoire», justement, le nom a été choisi du fait que ce patelin est entouré de montagnes, comme Pieter Both, Le Pouce, Paul et Virginie, de même que celle dite des Prêtres ainsi la colline Montagne Longue. La rivière Latanier traverse elle aussi dans ce faubourg de la capitale.

Mais il n’y a pas que de la verdure. La drogue est aussi un casse-tête pour les différentes organisations sociales qui oeuvrent dans la région. Pas plus tard qu’hier, samedi 31 août, le Groupement social de Caro Lalo, Vallée-des-Prêtres, a organisé une campagne de sensibilisation contre ce fléau en collaboration avec la police et des psychologues. Également au programme : une journée sportive. «Li enn bon zafer organiz sa parski boukou zenes pé fini ladan aster. Simik pé vinn enn mari gran traka», racontent des habitants.

Inondations

Selon eux, le problème viendrait du fait que les jeunes n’ont pas suffisamment accès à des loisirs, pas nombreux dans la région. «Zot péna térin football, ni organiz bann aktivité pou zot, zot mank rol.» Autre source de mécontentement : des infrastructures qui laissent à désirer. Notamment des routes impraticables depuis plusieurs années ou celles qui n’ont jamais été asphaltées malgré leurs nombreuses requêtes et doléances.

Sans parler des problèmes de drains dans la région. Vallée-des-Prêtres a d’ailleurs été sévèrement touchée par les inondations dans le passé.

Last but not least, soutiennent plusieurs, il y a un «énorme» problème de transport en commun. «Bis pas lor ler isi, si ou raté fini.» Donc pour pouvoir circuler le matin comme le soir, il faut avoir recours aux fameux «taxi marron ki pé fer piti isi». Ces derniers sont à la fois un avantage et une nuisance, selon les principaux concernés. «Zot aret nimport kot sa. Zot pa respekté nanyé ek anplis dan samdi, zot kréé anbouteyaz.»