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Argent et développement durable: Maurice veut intégrer les valeurs écologiques au secteur financier
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Argent et développement durable: Maurice veut intégrer les valeurs écologiques au secteur financier
Fini le temps où la juridiction mauricienne en matière de services financiers tournait au- tour du seul retour économique des projets d’investissement réalisés dans ce secteur. Désormais, elle se présente également comme un secteur qui favorise la finance durable, ayant une dimension environnementale, une portée économique et sociale et qui souscrit aux principes de la gouvernance efficace. L’engagement en ce sens a été pris hier matin par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Il était l’invité d’honneur de la dix-huitième édition de l’Institut francophone de la régulation financière (IFREFI), qui a débuté hier et qui prend fin demain, à l’hôtel Westin, Balacalava.
Créé en 2002 à Rabat, au Maroc, l’IFREFI regroupe les autorités de régulation des marchés financiers qui ont en commun l’usage de la langue française. Son principal objectif consiste à promouvoir la formation, la coordination et la coopération technique entre ses membres aussi bien que l’étude de toute question relative à la régulation financière. «Je désire, a souligné Pravind Jugnauth, transformer notre juridiction en une plaque tournante de la finance verte. Je veux que ce changement touche chaque investisseur. Chacun doit poser les questions voulues autour de l’impact de son placement sur l’environnement. Le même type de questionnement devrait se faire par rapport à l’importance qu’il attache à l’intégration des critères associés à un mode de développement durable, à savoir l’environnement, le social et la bonne gouvernance.»
Réservoirs d’opportunités
Le Premier ministre estime que pouvoirs publics, régulateurs, acteurs du secteur des services financiers, opérateurs du global business devraient se fédérer autour du message clé qui promeut l’idée que, contrairement à ce qu’on croyait jusqu’ici, la cohabitation de la finance avec les obligations associées à un mode de développement durable est loin d’être un fardeau mais présente plutôt un réservoir d’opportunités d’affaires. Pour Renganaden Padayachy, président du conseil d’administration de la Financial Services Commission, le recours à la finance durable est une alternative de choix face aux produits d’investissement traditionnels. «L’essor d’une finance durable et inclusive constitue des enjeux de premier plan tant pour les marchés financiers que pour la protection des investisseurs. Ces enjeux sont des opportunités pour les régulateurs, car nous savons aujourd’hui que le couple rentabilité/durabilité est une combinaison gagnante», a-t-il souligné.
Interrogé quant aux chances que les critères associés à un mode de développement durable puissent trouver leur place dans le bureau de conception de projets d’investissement du monde de la finance, Robert Ophèle, président de l’Autorité des marchés financiers, France, estime que ces chances sont bel et bien réelles. Il explique que Maurice a un rôle capital à jouer sur ce plan. «L’île est un pont extraordinaire entre les continents africain et asiatique. L’écosystème financier mauricien inspire confiance. Et comme il prend à bras-le-corps ces problématiques, c’est bon pour la région.»
Par-delà des déclarations d’intention ou autres activités, le courant mondial de la finance durable a-t-il touché Maurice, et si c’est le cas, dans quelle proportion ce phénomène peut-il être mesuré ? La réponse a été dévoilée lors de la première table ronde qui s’articulait autour du financement des objectifs de développement durable.
Pour Richard Arlove, directeur d’Ocorian, une Management Company chargée d’administrer des fonds de financement domicilié à Maurice, la transition vers une posture de plus en plus consciencieuse de l’importance à promouvoir un mode de développement durable a été faite, il y a cinq ans déjà. «Le retour financier par dollar ou euro n’est pas la priorité de bon nombre de fonds. On observe de plus en plus l’institution d’un comité de mesure et d’évaluation de l’impact des investissements sur l’environnement et en parallèle, un comité d’investissement. Il arrive que même si un projet d’investissement est économiquement viable, il risque d’être rejeté s’il ne passe pas le test des membres du comité d’évaluation de l’impact du projet sur l’environnement.»
Parmi les questions qui se posent au niveau de la direction de ces fonds figurent celles ayant trait au nombre d’emplois directs que le projet d’investissement a occasionnés ou encore l’impact du projet sur la communauté d’hommes où sa mise en route a été envisagée.
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