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Chandrawtee Sujeebun: «Les planteurs locaux souffrent avec l’importation de l’ail de Chine»
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Chandrawtee Sujeebun: «Les planteurs locaux souffrent avec l’importation de l’ail de Chine»
À Crève-Cœur, nombreux sont les habitants qui plantent, récoltent et gagnent leur vie grâce à l’agriculture vivrière. À cet endroit, le climat et la terre favorisent les cultures. Chandrawtee Sujeebun, 82 ans, compte plus d’une trentaine d’années d’expérience dans celle de l’ail.
Elle s’est lancée dans la culture après la mort de son époux, en 1984. Elle avait alors 47 ans et devait subvenir aux besoins de sa famille. Depuis des décennies, elle plante de l’ail sur un terrain qui se trouve devant sa maison.
Elle raconte qu’il n’y a eu aucun changement dans ce processus sauf dans la vie des planteurs eux-mêmes. Toutefois, cette mère de six enfants exprime le regret que la culture de l’ail ne soit plus aussi profitable qu’avant.
La raison de ce déclin, aux dires de notre interlocutrice, est attribuable à l’importation de ce condiment de Chine. Les Mauriciens optent généralement pour l’ail de Chine en raison de sa taille. Chandrawtee Sujeebun regrette que ses compatriotes n’apprécient pas et ne connaissent pas beaucoup les vertus de l’ail local.
Malgré sa plus petite taille, l’ail local a un goût plus prononcé, fait valoir l’octogénaire, qui soutient qu’une livre d’ail local en vaut trois de celui importé de Chine.
«[…] Les planteurs d’ail souffrent. Nous ne faisons plus de profits maintenant. Nous n’obtenons que l’argent que nous avons investi. L’ail local n’a plus aucune valeur», confie-t-elle.
Pendant des années, Chandrawtee Sujeebun a trimé seule pour élever ses enfants. «Jadis, la culture de l’ail était plus rentable. C’est pour cela que je m’y suis lancée. Et c’est grâce à cette plante que j’ai pu donner une bonne éducation à mes enfants. J’ai de la reconnaissance pour ce travail. Mais en raison de la concurrence chinoise, au fil des années, j’ai dû me lancer également dans la culture de gingembre.»
Cette culture n’est pas facile, ajoute notre interlocutrice, qui est aidée dans cette tâche par ses deux fils. Elle dit qu’avant de semer, il faut désherber la terre et la préparer à recevoir du fumier et de l’écume.
Enfin, les «loges» d’ail sont enfouies dans le sol. Ce sont elles qui porteront du fruit. Des pesticides sont ensuite appliqués pour que les plantes ne soient pas affectées par des maladies.
Notre interlocutrice indique que la culture se fait en mai. La récolte a lieu pendant les mois de septembre et octobre. Une partie est vendue aux petits marchands et le reste est acheté par l’Agricultural Marketing Board.
Toutefois, l’ail local se vend à un prix quelque peu exagéré, selon elle. Chandrawtee Sujeebun regrette que l’importation de l’ail soit encouragée alors que les planteurs locaux doivent se battre pour gagner leur vie avec ce condiment.
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