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Patrimoine: deux bâtiments historiques, deux destins très différents
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Patrimoine: deux bâtiments historiques, deux destins très différents
Le rapport du Public Accounts Committee rendu public le mardi 17 septembre nous a rappelé le triste sort de l’école Beaugeard, rue Edith Cavell. Le jeudi 19 septembre, c’est un avenir meilleur qui s’annonçait pour l’ex-hôpital militaire, qui abritera le futur musée intercontinental de l’esclavage.
L’école Beaugeard, dernier de la classe
Difficile d’imaginer que le Dr François Onesipho Beaugeard, médecin et politicien, mais aussi Adrien d’Épinay, avocat, défenseur de la cause des planteurs pendant la période de l’esclavage, ou encore le poète Robert- Edward Hart ont vécu là. Tant l’ancienne école primaire Onesipho Beaugeard est dans un état pitoyable. Plus de toit. Des pierres taillées, des colonnades en fonte et le dallage, entre autres, ont disparu. Des travaux ont été stoppés sur ordre de la Cour suprême en 2013. Depuis, c’est le temps qui fait son oeuvre. Ce chantier avait sombré dans l’oubli. L’un de ses ardents défenseurs, Gérard Maujean, n’est plus.
Mardi, le rapport du «Public Accounts Committee» (PAC) a remis en lumière ce chantier dont le silence contraste avec le gratte-ciel voisin, la nouvelle Cour suprême qui s’élève à l’emplacement d’une autre ancienne école, La School. Le rapport du PAC souligne que «Rs 14 millions ont été déboursées pour rien car les matériaux achetés ont disparu ou sont inappropriés pour le site. Le ministère n’a pas pu justifier ces dépenses et c’est un gaspillage total de fonds public». Ce bâtiment historique est vieux de plus d’un siècle et demi. Sa rénovation, entamée en 2006, avait déclenché la colère de défenseurs du patrimoine. Ils s’étaient notamment élevés contre des travaux qui «défiguraient» l’architecture typique de l’édifice.
L’ex-hôpital militaire deviendra le musée de l’esclavage
L’imposante façade semble faite pour résister au temps. Celle de l’ex-hôpital militaire. Jeudi, alors que l’historienne Vijaya Teelock sert de guide au Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui visite les lieux, elle lance une date : 1740. Année de l’entrée en opération de cet hôpital construit alors que Mahé de La Bourdonnais est gouverneur de l’île de France. L’établissement, avec ses trois bâtiments (deux ailes pour les patients et un entrepôt), peut alors accommoder 300 lits. C’est là – à proximité du port – qu’ont été soignés soldats et esclaves.
L’ex-hôpital militaire, considéré comme le premier projet de construction de La Bourdonnais, a été choisi pour abriter le futur musée intercontinental de l’esclavage. Jeudi, le Premier ministre a fait le tour du bâtiment, entrant tour à tour dans l’aile qui va accueillir le musée, puis dans celle qui abrite déjà les locaux administratifs de l’Aapravasi Ghat Trust Fund.
Des partitions, des bureaux ont modifié la disposition initiale des lieux. Si, pour l’heure, c’est un département du ministère des Infrastructures publiques qui s’y était installé, l’ex-Development Works Corporation et la Central Water Authority y sont passés, ainsi que la State Trading Corporation, qui y entreposait des stocks de riz.
Sous les couches de peinture qui s’écaillent, les briques bien épaisses de basalte et de corail, taillées des mains des esclaves, ont permis, selon des spécialistes, une bonne isolation et, de cette façon, une bonne conservation du lieu. Selon Vijaya Teelock, au rez-de-chaussée, les soldats blancs étaient soignés. À l’étage, les marins et les esclaves.
Certaines parties du bâtiment servaient de cuisines, de stores et de salles de bains. Une annexe séparée servait à interner les malades mentaux. Il y avait aussi des quartiers pour des gardiens, officiers, docteurs et infirmières.
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