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Shiva Vencat: «Je souhaite voir Maurice passer entièrement aux énergies renouvelables d’ici 2040»
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Shiva Vencat: «Je souhaite voir Maurice passer entièrement aux énergies renouvelables d’ici 2040»
Il est «Global Business Developer» au sein de Perryman Technologies, société basée à New York et dont le quartier général se trouve à Dubai, aux Émirats arabes unis. Le Mauricien Shiva Vencat, qui a fait du développement de l’énergie renouvelable son principal champ d’intérêt, propose un système de captage de l’énergie solaire pour produire de l’eau chaude, de l’air conditionné et de l’électricité, en plus d’un générateur non polluant.
Vous êtes venu étudier la possibilité d’introduire, sur le marché mauricien, une nouvelle technologie en matière de production et de distribution d’énergie renouvelable. En quoi consiste-t-elle ?
Nous avons développé une technologie qui s’articule autour de la batterie thermique. Cette batterie capte l’énergie solaire, laquelle peut être rendue disponible sous forme d’électricité, de chauffage, d’eau chaude et d’air conditionné. 40 % des énergies que nous consommons se présentent sous forme thermique.
En quoi le système que vous proposez est-il meilleur que la technologie courante ?
La façon d’utiliser l’énergie le plus efficacement possible, c’est de l’exploiter sous toutes ses formes. On peut l’employer pour fabriquer l’air conditionné ou l’eau chaude, sans transiter par l’électricité.
Même si vous vivez aux États-Unis, le secteur des énergies renouvelables à Maurice ne vous est pas inconnu. Que pensez-vous de la situation actuelle ?
La situation énergétique à Maurice repose sur un système apparemment très efficace, mais qui est dépassé. Ce système n’intègre pas assez les autres formes d’énergies renouvelables telles que le vent, les vagues, la géothermie et l’énergie thermique. Il se concentre uniquement sur la production d’électricité à partir des centrales de bagasse, de charbon et de diesel, qui sont une source de pollution importante.
Un système dépassé, pourquoi cela ?
On parle de plus en plus en termes de micro-grids. Ce sont des microréseaux qui peuvent fonctionner indépendamment du réseau national de production et de distribution. C’est le cas à Maurice, où le réseau national d’électricité est alimenté par des producteurs indépendants. Cette méthode permet de distribuer l’énergie électrique de façon plus efficace. Et peut aider à mieux intégrer les énergies renouvelables.
Le recours à un système basé sur l’installation de microréseaux est-il possible avec de l’énergie renouvelable ?
C’est tout à fait possible. C’est essentiellement pour cela qu’on a créé des micro-grids. On peut imaginer une ferme éolienne dans une région où il y a beaucoup de vent et qui distribue cette énergie dans la région avoisinante. Plus besoin de basculer cette énergie sur le réseau de distribution national, qui demande une gestion plus compliquée.
Quelle est la portée du principe sur lequel repose le fonctionnement des microréseaux ?
C’est un principe valable. Il est plus résilient qu’un système conventionnel et moins sujet à des accidents. Les effets peuvent être isolés ou peuvent être réglés de façon plus efficace.
Un des handicaps des systèmes actuels de production des énergies renouvelables se situe au niveau de la difficulté à les stocker. Comment ce problème de stockage d’énergies est-il envisagé dans le système que vous proposez ?
L’énergie produite par la technologie que nous proposons peut être stockée dans un système ayant une capacité allant jusqu’à 32 Mégawatts/ heure et peut facilement être renfermée dans un conteneur de 6 mètres. Ce système permet d’envisager de capter l’énergie solaire et de la remettre sur le réseau national. La chaleur résiduelle se transforme ainsi en eau chaude et en air conditionné, par exemple dans un immeuble d’habitation près du système de stockage.
L’énergie peut aussi être stockée dans un endroit spécifique, puis transportée ailleurs, notamment dans un centre commercial ou dans un immeuble. Cela pourrait être très utile en période cyclonique, par exemple, comme un générateur non polluant. Cette énergie peut ensuite être transformée sous forme d’électricité, d’eau chaude et d’air conditionné en toute indépendance d’un système de production et de distribution d’énergie électrique. Il est tout à fait possible d’intégrer chaque segment de l’énergie renouvelable à un microréseau.
Quelle est la spécificité de cette technologie ?
Cette technologie de stockage date de plus de 100 ans. Elle repose sur le métal fondu et stocké entre 1 000 et 1 750 degrés. Au début du siècle dernier, on prenait du métal fondu de la Sibérie, en Russie, pour le transporter par rail vers l’Europe, notamment la Suède, pour la production de l’acier inox. Rath Group, société basée en Autriche avec des usines implantées en Autriche, en Allemagne et aux États Unies, est notre partenaire pour la fabrication de batteries thermiques à partir de nos brevets.
Autre problème associé aux systèmes actuels de production de l’énergie renouvelable est leur dépendance de la durée de la période où le captage de l’énergie primaire pour leur transformation est envisageable. En quoi votre technologie diffère-t-elle des autres ?
C’est un raisonnement qui s’applique parfaitement à la bagasse, qui ne peut être disponible que sur une base saisonnière, ou encore au soleil dont les opérations de captage ne peuvent se faire à la tombée de la nuit. La technologie que nous proposons permet d’assurer un captage de l’énergie solaire 24 heures sur 24, sept jours sur sept et tout au long de l’année. Nos capteurs sont sensibles aux ondes longues (infrarouge). Ils peuvent collectionner cette énergie 24 heures sur 24.
Un des objectifs fixés par le pays est que d’ici 2030, 40 % de la production électrique nationale soit issue des énergies renouvelables. Comment cela peut-il se faire ?
C’est tout à fait possible, à condition toutefois d’arriver à un consensus national pour déterminer les moyens qui permettraient d’atteindre un tel objectif. C’est surtout possible si on prend avantage de l’énergie thermique, notamment pour l’eau chaude, la chaleur nécessaire dans certaines industries et l’air conditionné. Cette utilisation diminuera la consommation électrique tout en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre. Je souhaite voir Maurice passer entièrement aux énergies renouvelables d’ici 2040.
Comment concrètement, dans un cas précis de votre programme d’action, s’est produite la migration du système actuel vers un système basé sur la technologie que vous proposez ?
Un de nos clients potentiels est un important consommateur d’énergie pour produire de la chaleur. Il dépense plus d’un million de dollars par an en diesel. En ayant recours au système thermique que nous proposons, il parviendra à remplacer le diesel. Ce système amortit les coûts en cinq à six ans (sujet à une étude de faisabilité précise) et lui permettra de ne plus utiliser le diesel. Il aura une source d’énergie gratuite pour 25 ans (après les cinq ans d’amortissement), en réalisant une économie de $ US 25 millions sur sa facture énergétique, sur 30 ans. C’est la durée de nos batteries thermiques. Nous sommes en discussion avec plusieurs clients potentiels intéressés par ce système.
Vous avez rencontré des partenaires potentiels locaux. Sur quoi ces rencontres ont-elles débouché ?
Nous avons effectivement rencontré des partenaires locaux, dont le Central Electricity Board (CEB), le CEB (Green Energy) Co. Ltd, des institutions telles que la Mauritius Renewable Energy Agency et Marena. Nous leur avons exposé la technologie que nous proposons. Nous verrons ce que cela va donner. Nous avons nommé quelqu’un pour nous représenter sur place. Cependant, notre but consiste à créer une usine de fabrication de capteurs solaires à Maurice.
C’est surtout dans le secteur privé que nous serons en mesure de détecter les opportunités d’affaires plus rapidement. Il y a des partenaires industriels avec lesquels on peut travailler. Il est possible d’envisager des accords avec des partenaires potentiels. Je pense plus particulièrement aux sociétés engagées dans la production de fibre de carbone. J’espère que nous allons décrocher les premiers clients pour notre technologie, que nous importerons du Dubaï fin 2019-début 2020, en attendant une production locale.
Quels pourraient être les clients potentiels de la technologie que vous proposez ?
Ce sont les propriétaires d’immeubles, les hôtels, qui sont de gros consommateurs d’énergie thermique, ou encore les centres commerciaux. Prenons par exemple un hôtel de 200 chambres. Nous sommes en mesure de lui proposer l’eau chaude, l’électricité et l’air conditionné à partir de l’énergie solaire.
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