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Journée internationale: personnes âgées, zoom sur leurs priorités
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Journée internationale: personnes âgées, zoom sur leurs priorités
Célébration en grande pompe aujourd’hui de la Journée internationale des personnes âgées, au Centre de conférences Swami Vivekananda, à Pailles. Pour l’occasion, pas de séance parlementaire, qui a été repoussée à mardi prochain. Au-delà de faire les yeux doux aux personnes âgées, de quoi ont-elles réellement besoin ? La parole à une dizaine de seniors, tous secteurs confondus.
Gaston Valayden, metteur en scène
«Les jeunes n’ont pas de respect, la faute à leur éducation. Très tôt, il faudrait leur dire qu’un jour eux aussi seront vieux. Éna sofer dir dégazé quand les vieux montent ou descendent du bus. Ils les bousculent en leur manquant de respect. Les personnes âgées n’ont pas l’occasion de partager leur expérience. Il y a des jeunes qui parlent beaucoup de changements climatiques, mais est-ce qu’on leur enseigne l’agriculture ? Est-ce qu’on les initie à la protection de leur avenir ?»
Jacqueline Dalais, restauratrice
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<p style="text-align: justify;"><em>«Les personnes âgées ont besoin d’accompagnement, de petites attentions. Des repas qui leur seraient fournis. Je dis cela sans doute parce que je suis dans la cuisine. Dans le cas des personnes âgées, il faut veiller à ce qu’elles soient nourries convenablement. Plus vous vieillissez, plus vous avez besoin d’être entourés.»</em></p>
Jean-Claude Nagloo, ex-directeur technique national de boxe
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<p style="text-align: justify;"><em>«À Maurice, les médicaments coûtent vraiment très cher. En plus, les prix augmentent tout le temps. À tel point que certaines personnes âgées ne peuvent plus se permettre d’en acheter. Ou alors, elles doivent dépenser une grande partie de leur pension dans les médicaments. Il faudrait faire quelque chose pour les gens qui sont dans cette situation.»</em></p>
Rajpalsingh Allgoo, ancien syndicaliste
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<p style="text-align: justify;"><em>«Pour que les personnes âgées puissent faire face à toutes leurs dépenses, la pension de vieillesse, qui est actuellement autour de Rs 6 000, devrait augmenter. Je ne dis pas qu’il faudrait Rs 12 000, mais Rs 10 000 ça serait bien. Surtout quand on compare Maurice aux pays développés. D’autre part, il y a aussi un manque d’activités et de loisirs. En dehors du carrom et des dominos dans les centres communautaires et Village Council, il n’y a pas beaucoup d’occasions pour que ces personnes ne se sentent pas isolées.»</em></p>
Jacques Li Wan Po, homme d’affaires
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<p style="text-align: justify;"><em>«La priorité, c’est la santé. Il faut des facilités pour mieux s’occuper de l’alimentation, faire des exercices, vivre dans un environnement sain. Après, tout dépend de la situation dans laquelle se trouvent les gens. Certains ont peut-être des moyens financiers, mais ils vivent dans la solitude. Ils ont besoin d’être soutenus moralement. Prenez l’exemple de l’Alzheimer, c’est une maladie où l’accompagnement est primordial.»</em></p>
Vijaya Teelock, historienne
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<p style="text-align: justify;"><em>«Pour moi, toucher à la pension ou au transport en commun n’est pas une bonne idée. Il y a beaucoup de personnes âgées qui comptent sur le transport gratuit pour se retrouver entre elles ou pour se rendre à l’hôpital. Je pense plus à leur santé et à la médecine préventive. Pourquoi ne pas encourager les promenades, l’exercice et les inciter à mieux manger ? Je pense aussi à l’éducation des personnes à la retraite. Vieillir ne veut pas dire que l’on cesse d’apprendre.»</em></p>
Swaley Kasenally, ancien ministre
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<p style="text-align: justify;"><em>«J’aurais proposé à ce que le gouvernement cible les personnes âgées qui ont le plus besoin de la pension de vieillesse. L’État possède suffisamment de données sur les citoyens pouvant le permettre de savoir qui paient le plus de taxe et qui sont ceux qui sont les plus dépendants de cette pension. Pour ces derniers, il faudrait augmenter leur allocation. Sans pour autant alourdir la dette publique. Le meilleur moyen, c’est d’annuler cette allocation pour ceux qui peuvent très bien s’en passer. Ce serait plus juste et équitable.»</em></p>
Danny Philippe, travailleur social
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<p style="text-align: justify;"><em>«Des médecins spécialisés qui pourraient comprendre la santé des personnes âgées reste une priorité. J’ai la chance d’avoir une femme qui est plus jeune que moi. Je travaille et je suis entouré de jeunes. Cela m’aide à ne pas penser à mon âge. Les seniors font face à la solitude, il faut les accompagner. C’est quand je suis avec mes collègues que je réalise que c’est une chance d’être entouré de jeunes qui me respectent. À 62 ans, ils me demandent même d’aller voir The Prophecy !»</em></p>
Pierre Dinan, économiste
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<p style="text-align: justify;"><em>«Nous devrions mettre en place tout un système de services d’aide aux personnes âgées. Je pense à ceux qui sont malades et qui sont seuls. Un service à domicile que l’État pourrait fournir à des personnes qui sont seules. S’il s’agit des gens qui ont des moyens, ils doivent payer. Mais pour ceux qui n’ont pas les moyens, c’est gratuit. Il faut former des gens, comme en France. Personnes âgées ne veut pas dire malades, mais elles doivent se sentir accompagner. Nous aurons de moins en moins de jeunes pour s’occuper des seniors. Pourquoi ne pas penser à la robotique, comme au Japon ?»</em></p>
Cadress Runghen, travailleur social
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<p style="text-align: justify;"><em>«L’essentiel, c’est la santé. Un hôpital spécialisé pour les personnes âgées aurait fait la différence. Moi, je n’ai pas trouvé difficile de prendre soin de mes parents. Mais quand je pense à mes enfants, et je vois comment ils sont occupés, je me dis qu’ils auront du mal à le faire. Pas parce qu’ils ne le veulent pas mais leur train de vie ne leur permettrait pas. Le plus gros besoin des personnes âgées, c’est l’écoute. Il faut aussi former des gens pour être à l’écoute de ces personnes. Les seniors peuvent encore faire énormément de choses s‘ils sont bien encadrés.»</em></p>
Rs 2 000 de plus à la pension de vieillesse ?
Les personnes du troisième âge vont-elles de nouveau faire l’objet d’une récupération politique, ce matin, à Pailles ? Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui s’adressera aux seniors, pourrait annoncer une majoration de la pension de vieillesse par Rs 2 000. Cela n’est pas sans rappeler le coup de 2014. Par ailleurs, le chef du gouvernement et ministre des Finances avait annoncé une augmentation de Rs 500 faite lors du dernier exercice budgétaire, payable en janvier 2020.
Actuellement, la pension de vieillesse est de Rs 6 210 mensuellement et passera donc à Rs 6 710. Une somme que Pravind Jugnauth juge cependant insuffisante, compte tenu du coût élevé de la vie. D’où ses appels répétés ces derniers mois «pour faire plus». Cela sous-entend, selon des observateurs, une nouvelle hausse de la pension. Toute- fois, la question qui est posée par les économistes et autres spécialistes de la pension est celle-ci : est-ce que le gouvernement a la capacité financière d’honorer une telle promesse électorale qui touche presque 215 000 retraités ?
D’ores et déjà, la hausse de Rs 500 coûtera à l’économie Rs 1,4 milliard. L’option de réaligner la pension sur le salaire minimum de Rs 8 500 exercera de fortes pressions sur les finances publiques et entraînerait une dégradation du déficit budgétaire. Un simple calcul montre qu’une hausse de Rs 1 790 (la différence entre le montant de Rs 6 710 payable à partir de janvier 2020 et le salaire minimum de Rs 8 500) nécessiterait un montant additionnel d’environ Rs 5 milliards.
Aujourd’hui, économistes et actuaires sont unanimes à reconnaître que les finances du pays ne pourront pas absorber le coût d’une telle mesure. L’économiste Pierre Dinan expliquait récemment à l’express que le gouvernement peut le faire «s’il est disposé à augmenter le déficit budgétaire d’année en année, et ce, de manière exponentielle, vu que le nombre de seniors ne cessera d’augmenter au cours des années qui viennent». Ou encore «s’il envisage d’augmenter l’income tax, la taxe sur la valeur ajoutée, des taxes sur les cigarettes, le jeu et l’alcool et s’il est à l’aise de voir la dette publique s’alourdir, ce qui augmentera la pression sur la population active de ce pays» .
D’autres spécialistes se demandent si Pravind Jugnauth, qui est dans une posture électorale, sera sensible à la rationalité des arguments exposés de part et d’autre. «Les seniors représentent un bassin électoral de plus de 200 000 votants potentiels», analysent-ils.
Du coup, un actuaire considère que si le gouvernement a effectivement en tête la majoration de la pension universelle, il doit être prêt à faire face aux sérieux problèmes qui surgiront sur le long terme comme le prédisent les experts. À savoir que la Basic Retirement Pension qui représente un peu plus de 3 % du produit intérieur brut (PIB) aujourd’hui, estimé à Rs 485 milliards, passera à 8 % si rien n’est fait pour réformer le système.
Au final : passer de 3 à 8 % du PIB reste financièrement insoutenable pour l’économie nationale alors même que l’augmentation de l’enveloppe financière de la pension de vieillesse, d’une année à l’autre, explose et constitue une véritable bombe à retardement.
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