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Danon Lutchmee Odayen: «Les îles soeurs devraient travailler ensemble pour devenir écologiques»
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Danon Lutchmee Odayen: «Les îles soeurs devraient travailler ensemble pour devenir écologiques»
Pourquoi êtes-vous contre l’importation des roches de Maurice pour des travaux de construction de la nouvelle route du littoral (NRL) ?
En tant que membre et secrétaire régional adjointe d’Europe Écologie Les Verts (EELV) Réunion, je peux dire que toute la construction de la NRL nous a semblé être une hérésie pour La Réunion. Dès le départ, on a fait savoir aux autorités et à la population que cette NRL allait poser de gros problèmes pour l’environnement et pour la collecte de matériaux de construction.
En effet, on est contre l’importation des roches de Maurice pour plusieurs raisons. Tout d’abord, pour des raisons phytosanitaires et écologiques, et ensuite pour des raisons éthiques. Je m’explique. Même si vous lavez et nettoyez les roches, vous savez bien que des traces de bactéries et autres éléments sanitaires peuvent rester dans les parois et les interstices. On ne peut donc pas garantir toute la sécurité phytosanitaire pour La Réunion, alors qu’on se doit de protéger notre écosystème.
Ensuite, savez-vous qu’en enlevant les roches des champs de Maurice, vous aggravez la situation des sols. Autrement dit, vous augmentez les risques d’érosion des sols, surtout qu’on attend pour ces prochaines années des grosses inondations, compte tenu du réchauffement climatique de la planète. Souvenez-vous de ce qui s’est passé à Caudan, Port-Louis, ainsi que dans l’Est, à Flacq, lors des dernières inondations qui avaient entraîné des coulées de boue et même des morts. Par ailleurs, je dirai que déshabiller Maurice pour habiller La Réunion n’est pas la solution. À La Réunion, on aurait dû anticiper ces travaux et savoir si on disposait de suffisamment de roches et de moyens avant d’entreprendre un tel chantier. À cause de cette mauvaise anticipation des politiques, on va à la catastrophe.
Êtes-vous aussi contre le recours aux roches malgaches ?
Oui, car on ne peut pas aggraver les sols de Madagascar non plus, déjà que l’érosion y est un grave problème. On décime déjà les forêts. On ne va pas de plus leur enlever leurs roches, et puis pour des raisons phytosanitaires.
L’écologie doitelle prendre le pas sur le développement ?
Bien entendu que l’écologie est vitale pour notre territoire ainsi que pour tous les territoires de l’océan Indien. Aujourd’hui, nul n’est censé ignorer les conséquences graves du réchauffement climatique et d’un environnement pollué par les pesticides. On ne pourra plus développer un territoire sans tenir compte des impacts des constructions sur la santé des citoyens. Ce qui compte avant tout, c’est l’amélioration de la qualité de vie avec un environnement sain et propice à la vie et non à la mort.
Savez-vous qu’en faisant cette NRL, on touche à toute la faune et la flore marine dans cette zone ? Ensuite, c’est l’effet papillon, vous touchez à un élément de la nature, ça fait bouger le reste. Promouvoir l’écologie, c’est penser sa demeure, son territoire, son île, sa planète autrement que par le béton ou des constructions qui n’ont pas de sens.
Pourquoi l’avenir reside dans une économie verte ?
Eh ben, comment voulez- vous vivre sans oxygène ? Une économie verte, c’est pour continuer à protéger notre oxygène. On a voulu la révolution agricole en pensant à la quantité et non à la qualité. On a mis des produits chimiques dans nos sols pour augmenter la production des légumes sans se soucier de la santé des citoyens. Le nombre de cancer a augmenté partout. Et à La Réunion, on a repéré plus de cas de cancers dans les hauts, dans les zones agricoles, que dans les bas. Surtout là où on utilise une grande quantité de pesticides.
À Maurice, les citoyens ne sont pas à l’abri non plus. Vous découvrez une émergence de maladies nouvelles à cause de l’utilisation de tous ces produits. La santé est dans nos assiettes et c’est important de savoir ce qu’on mange au quotidien. Oui, l’avenir réside dans une économie verte et de cette façon, on protégera notre environnement afin de pouvoir mieux respirer.
Comment les relations Maurice-La Réunion peuvent-elles être améliorées ? Notamment sur les plans écologique et économique ?
Maurice et La Réunion sont deux îles soeurs ou cousines. L’histoire commune de ces deux îles devrait les rapprocher davantage et surtout les politiques doivent penser à bien protéger nos différents espaces marins et permettre de sauvegarder ce que nous pouvons encore protéger. Par exemple, réduire les pollutions de notre océan Indien en évitant d’envoyer tous nos déchets à la mer, développer des aires de pique-nique sur les plages tout en respectant la nature… Attention aussi aux constructions anarchiques sur le littoral, comme sur certaines plages à Maurice. Je ne sais pas comment on contrôle les égouts sur ces plages d’ailleurs.
Je pense qu’on devrait développer des séminaires communs entre les deux îles pour proposer des projets écologiques tant au niveau des espaces marins que des terres habitées et inhabitées, de l’agriculture saine et surtout je dirai qu’il faut éviter le tout-voiture. Il nous faut trouver d’autres modes de déplacements. Nos deux îles ont des atouts intéressants pour développer le vélo, le transport collectif ou la marche. Et pourtant, on continue avec la congestion des voitures polluantes.
Voyez-vous, la NRL est à nouveau le symbole du tout-voiture. On aurait pu dépenser les 3 milliards d’euros autrement pour se déplacer sur notre petite île. Je pense que Maurice et La Réunion devraient travailler ensemble pour développer des moyens afin de devenir deux îles écologiques et que la planète nous voit comme deux exemples. À mon avis, c’est un rêve réalisable et je crois qu’on peut éduquer les citoyens en développant une politique écologiste.
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