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Loganaden Coopoosamy, témoin de l’évolution de l’industrie cannière

21 novembre 2019, 20:45

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Loganaden Coopoosamy, témoin de l’évolution de l’industrie cannière

Cela fait 37 ans qu’il travaille sur la propriété sucrière de Beau-Champ. Loganaden Modeley Coopoosamy, 58 ans et opérateur de grue, a vu l’évolution de l’industrie sucrière au fil des décennies. Longtemps un pilier de l’économie mauricienne, les revenus du sucre périclitent à vue d’œil, laissant un goût amer aux travailleurs de ce secteur. Mais Loganaden Coopoosamy, lui, préfère garder les bons souvenirs.

«Mo enn zanfan lavil mwa. Mo ti pé ress Rozil», tient-il à préciser d’emblée. À l’époque, travailler dans les champs de canne était un honneur, dit-il. Ces travailleurs contribuaient au boom économique et étaient respectés. D’ailleurs, dans sa famille, ce travail s’est transmis de père en fils. «Mon grand-père travaillait au moulin qui était à Bénarès et mon père était à Médine» se souvient le quinquagénaire. 

Lui, il a rejoint Beau-Champ lorsqu’il avait 16 ans comme «manev derrik». Pendant des années, il rassemblait les tas de tiges de cannes sur le camion pour que l’opérateur de grue puisse les prendre et les transporter. Puis, au fil des années, aidé par son expérience, il est passé au service de maintenance de la machine. En 2014, l’ancien opérateur part à la retraite et Loganaden Coopoosamy se retrouve promu au poste.

Des larmes face à son poste vide

Mais cela n’aura pas duré longtemps. Les plantations disparaissent, la quantité de canne produite baisse et sa grue a de moins en moins de travail. «Avant, ti ena en moyenn 200 à 300 ton kann par zour. Asterla, ena zis 60 tonn par zour» soupire-t-il. 

Bientôt, la petite cabine d’où il opère sa machine ne sera plus opérationnelle car son poste est appelé à être supprimé bientôt. Tristesse et pincement au cœur se mélangent à la fierté. «Ma vie a tourné autour de cette machine. Nous fonctionnons en osmose. La, mo pou bizin al fer lot zafer», affirme l’opérateur. 
Il sera désormais affecté à l’opération du tapis qui transporte la canne du camion à l’usine. Il n’en est pas mécontent, mais il sait déjà qu’il ne pourra pas retenir ses larmes lorsqu’il verra son poste vide accumuler la poussière et sa grue se rouiller petit à petit.

«Zordi, zanfan pa koné ki védir kann»

Mais il n’y a pas que cela qui le rend triste. La canne n’est plus aussi populaire qu’auparavant. «Zordi, zanfan pa koné ki védir kann. Zot pa konn plissé ek manzé. Zot pa anvi mem travay dan sa sektèr la», dit-il. Sa peur est de voir les plantations de canne se réduire, comme cela a été pour le thé. 

Mais Loganaden Coopoosamy est optimiste. «Pou sov sa sekter la, bizin pran en konsidérasyon seki ban ki travay dir. Ban labourer, ban planter, koné ki bizin fer zot», affirme-t-il.