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Chauves-souris: pas de campagne d’abattage cette année mais…
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Chauves-souris: pas de campagne d’abattage cette année mais…
La chauve-souris mauricienne a changé certaines de ses habitudes. Comme son habitat. C’est ce que font ressortir des hauts cadres de l’Agro-industrie. Résultat : le ministère ne peut procéder à une campagne d’abattage pour le moment.
Considérée comme une nuisance par les planteurs de fruits, la chauve-souris mauricienne ne sera pourtant pas abattue cette année. Pourquoi ? Non pas parce que la roussette risque sérieusement d’être classée comme une espèce «en danger critique d’extinction» mais parce que le ministère de l’Agro-industrie ne peut entreprendre une campagne d’abattage pour le moment. La chauve-souris mauricienne a changé certaines de ses habitudes et une étude est désormais nécessaire.
«Nous avons un énorme problème. Les roussettes mangent tout sur leur passage. Je suis d’accord que l’espèce est rare. Je ne dis pas qu’elle ne doit pas être protégée. On peut préserver l’espèce mais empêcher qu’elle soit en surnombre», soutient Veer Abhimanyu Punchoo, directeur de l’Agricultural Services au ministère de l’Agro-industrie.
Il est rejoint dans ce constat par Boyrazsingh Boyramboli, Senior Chief Executive au ministère de l’Agro-industrie. C’est d’ailleurs lui qui expliquera que la chauve-souris a changé d’habitat. On ne la retrouve plus dans les forêts. À la place, elle a trouvé refuge dans les régions comme au Jardin de Pamplemousses ou à la forêt Daruty, ou encore à Bras-d’Eau. Mais aussi à Clarisse House et à Riverwalk…
«Elle s’est rapprochée de la civilisation parce qu’elle doit trouver de la nourriture et la ramener à temps dans son habitat. Ce qui l’a poussée à construire son habitat plus près des sources de nourriture qui se trouve être les arbres fruitiers. C’était plus facile de les contrôler lorsque nous avions déjà identifié leur habitat. À présent, il faut recenser les autres endroits», explique Boyrazsingh Boyramboli.
L’idée d’abattre les chauves-souris n’a pas pour autant été abandonnée malgré toutes les mises en garde de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF). En octobre 2018, suite au classement de l’Union internationale pour la conservation de la nature, les chauves-souris vivant à Maurice ont changé de statut, d’espèces vulnérables à celui d’espèces en danger. L’abattage avait quand même eu lieu car les planteurs de letchis avaient déploré le fait que leurs arbres fruitiers ont été pillés par ces mammifères.
L’abattage : une vraie solution ?
Vikash Tatayah, directeur de conservation à la MWF, se réjouit que, cette année, la campagne nationale d’abattage de chauves-souris n’aura pas lieu. Même s’il reconnaît que les planteurs font face à d’énormes difficultés à cause de ces mammifères.
«Nous comprenons la situation des planteurs et le conflit entre l’humain et la chauve-souris. Cette année, nous avons organisé quatre ateliers, dont l’un était destiné à ceux qui ont des arbres fruitiers dans leur arrière-cour. Nous proposons des solutions comme l’application des filets qui réduit les dégâts de 23 fois si ces derniers sont bien placés», soutient Vikash Tatayah.
Est-ce que les campagnes d’abattage marchent réellement ? Non, au dire du directeur de conservation. «Il n’y a personne qui peut démontrer que la campagne d’abattage donne des résultats sur la récolte. Dans le passé, il y a eu des campagnes, mais cela n’a rien changé aux récoltes qui étaient toujours faibles. On ne peut pas tout mettre sur le dos des chauves-souris», poursuit-il.
Lors de l’ouverture d’un atelier de travail pour les fonctionnaires de l’agro-industrie, ce lundi à Bagatelle, nous avons rencontré le Dr Georges Fox. Il est agronome au United States Department of Agriculture – Animal and Plant Health Inspection Services. Même s’il avoue que sa venue à Maurice n’a rien à voir avec la présence des chauves-souris dans les vergers, l’expert a accepté de donner son point de vue avec des réserves. Bien qu’il ne connaisse pas le dossier dans les détails.
Une question de balance
«Je suis déjà venu à Maurice et je me souviens avoir été interpellé sur la chauve-souris qui provoque des réactions diverses. Il y a, d’un côté, ceux qui sont pour l’abattage et, de l’autre, ceux qui s’y opposent farouchement. Je pense moi que tout est une question de balance. Il faut trouver un juste milieu. Je ne dis pas que l’abattage est la solution mais il faut aussi comprendre la réalité des planteurs», poursuit le Dr Georges Fox.
Il dit aussi reconnaître le besoin de conservation d’une espèce protégée… Surtout si on la retrouve uniquement sur le sol mauricien.
Aucune idée du nombre exacte de chauves-souris sur l’île
<p style="text-align: justify;">Difficile cette année pour la MWF de dire quel est le nombre de chauves-souris présentes dans l’île actuellement. Tout simplement parce qu’il y a eu un recensement en 2018, mais les résultats n'ont jamais été publiés. Du coup, les seuls chiffres disponibles datent de 2017. Le nombre était fixé à 62 000. En 2018, il y a aussi eu une campagne d’abattage, sans que le nombre officiel de mammifères tués ne soit rendu public. <em>«En ce moment, un autre recensement est en cours mais les résultats ne seront pas connus de sitôt»</em>, avance Vikash Tatayah.</p>
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