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Dégradation environnementale: papier contre appareils électroniques
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Dégradation environnementale: papier contre appareils électroniques
Les appareils électroniques sont nocifs à l’environnement
Aujourd’hui, le papier graphique, utilisé principalement pour les impressions, représente 75 % de la consommation mondiale de papier. Celui-ci est composé de 70 % à 95 % de cellulose, ou fibre papier, à laquelle sont ajoutés des éléments chimiques tels que des colles, liants et pigments, mais aussi du gaz chloré, qui lui donne sa couleur blanche en agissant comme un dépigmentant.
Si la production de ce type de papier porte une atteinte certaine à l’environnement au stade de sa fabrication, du fait d’importantes quantités d’eau et d’énergie requises et du recours aux produits chimiques, le bois utilisé provenant de forêts vierges est, lui, souvent une idée reçue, sa disparition étant principalement liée à l’agriculture intensive. La très grande majorité de la matière première utilisée dans la fabrication de papier provient aujourd’hui de forêts gérées durablement et est, en cela, une source renouvelable et un matériel écologique par excellence. «Sa bonne empreinte carbone n’est toutefois louable au stade de la fabrication qu’à la seule condition que nous évitions la monoculture et que nous assurions une gestion intégrée de ces forêts créées», explique Alexandre Pougnet, juriste, chercheur en droit international et comparé de l’environnement à BP Conseil Ltée. «Mais la création de nouvelles forêts ne constitue-t-elle pas un atout majeur pour la lutte contre le réchauffement climatique», se demande-t-il.
Quant à la fabrication d’appareils électroniques, elle fait appel à une exploitation intensive et extrêmement polluante de matières premières non-renouvelables avec une utilisation intensive des ressources en eau pour l’activité d’extraction et une cinquantaine de métaux différents. Par exemple, la production d’un seul smartphone nécessite la mobilisation de 70 kg de ressources naturelles, soit 600 fois le poids du téléphone fabriqué, énonce-t-il.
L’exploitation de minerais a des conséquences désastreuses sur l’environnement, mais aussi sur les populations locales vivant à proximité des carrières. Notamment, l’extraction de néodyme en Chine, minéral utilisé dans les aimants des smartphones générant des rejets d’eau acide, des déchets chargés en radioactivité, ainsi qu’en métaux lourds, constitue la première cause de mortalité chez les habitants de cette région. Depuis 2007, plus de 7 milliards de téléphones ont été vendus à travers le monde.
L’utilisation
Au stade de l’utilisation, une récente étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) a démontré que la lecture d’un texte imprimé sur papier graphique avait une empreinte carbone plus importante que la lecture d’un même texte sur un appareil électronique, à la seule condition que la lecture d’une page ne dépasse pas 2 minutes et 32 secondes, mais aussi que le document ne soit ouvert qu’une seule fois. Le cas échéant, ce constat serait inversé. Le recours à un smartphone, à une tablette ou à un ordinateur présente une plus forte empreinte carbone dès lors qu’il est régulier du fait de l’énergie requise pour faire fonctionner les réseaux informatiques, les espaces de stockage, etc., et du fait que la très grande part des énergies utilisées demeure les énergies fossiles. Une seule recherche sur Google équivaut à 10 g de carbone produit.
Une tonne de vieux papier peut en produire jusqu’à 900 kg
«Pour les arbres, il faut savoir combien de temps ils prennent pour grandir et si on en replante vraiment», soutient Véronique Ménagé de Mission Verte. Pour elle, c’est mieux de ne pas utiliser de papier ou d’imprimer des choses inutilement. Même si on en utilise, tout en étant d’accord que les appareils électroniques contiennent des éléments toxiques. «C’est un choix difficile car la technologie est aujourd’hui un outil de travail. Chacun a ces avantages et ces désavantages. Il faut recycler autant que possible. Le papier peut être recyclé, en moyenne cinq à six fois, maximum dix fois».
Alexandre Barbès-Pougnet ajoute que le recyclage du papier graphique nécessite aujourd’hui trois fois moins d’eau, deux fois moins d’énergie et 90 fois moins de matières premières vierges. Si les colles utilisées à la fabrication et les encres utilisées à l’impression peuvent être difficiles à recycler, les fabricants d’imprimantes proposent aujourd’hui de plus en plus de colles et d’encres végétales pouvant facilement être isolées lors du recyclage et transformées en engrais pour l’épandage, mais aussi en additif utilisé par les cimentiers. Réutilisable jusqu’à cinq fois avant de perdre en qualité et en masse, ce qui nécessite alors l’ajout de fibres vierges à hauteur de 10 % pour obtenir une nouvelle feuille de papier. Il est prouvé qu’une tonne de vieux papier permet de produire 900 kg de papier recyclé, contre deux à trois tonnes de cellulose ou fibre de bois pour la production d’une tonne de papier neuf.
Selon les chiffres de Mission Verte, de janvier à octobre 2019, 117 123 kg de papier et 167 580 kg de carton ont été recyclés, ce qui démontre une hausse de la quantité de papier et de carton recyclés l’an dernier, qui était de 105 588 kg et 147 766 kg respectivement. Véronique Ménagé souligne qu’il y a de plus en plus de demande pour le recyclage et que de plus en plus de personnes recherchent des poubelles de tri. En même temps, plusieurs autres ne sont pas conscients des dégâts que cause la pollution.
75 % des déchets électroniques pas recyclés
Le recyclage d’appareils électroniques est coûteux, en raison des nombreux métaux, matières premières non-renouvelables, devant être séparés lors de cette phase. Un récent rapport de l’ADEME souligne que 75 % des déchets d’équipements électriques et électroniques ne sont pas recyclés. Ce qui constitue un impact d’autant plus important sur l’environnement au regard du rythme auquel les utilisateurs d’appareils électroniques en changent, soit du fait de l’obsolescence programmée, soit d’une obsolescence psychologique. Mais Thierry Malabar, Project Manager de BEM Recycling, rassure qu’au niveau des chiffres de téléphones portables, d’ordinateurs et d’équipements IT, son entreprise en reçoit une bonne cinquantaine par mois mais c’est un chiffre en constante croissance. «Il y a une hausse constante au niveau de la récupération de ces appareils, avec notamment l’avènement des TIC, l’obsolescence programmée. Je pense aussi qu’on peut parler d’effet de mode au niveau de la jeune génération avec les nouvelles applications.» Toutefois, lorsque ces produits sont recyclés, il faut les dépolluer avant de passer à l’étape de démantèlement pour récupérer les différents matériaux possibles afin de les valoriser en matières premières comme le plastique, le verre ou encore les métaux ferreux et non ferreux. Tout recycleur doit être agréé par le ministère de l’Environnement et forcément prendre en compte les aspects sanitaires, écologiques et de sécurité concernant la réglementation mauricienne ou internationale. Aux dires de Thierry Malabar, les mentalités concernant le recyclage évoluent mais il n’empêche qu’on peut toujours mieux faire en termes de collecte. «Pour encore beaucoup de personnes, le recyclage reste un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, que ce soit pour le papier, le verre ou les déchets organiques».
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