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Prêts bancaires aux entreprises: Rs 334 millions à la production à base de plastique

3 janvier 2020, 17:00

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Prêts bancaires aux entreprises: Rs 334 millions à la production à base de plastique

Si, en apparence, les autorités semblent être déterminées à mener la guerre contre la prolifération du plastique, en particulier les sacs d’emballage à base de cette matière, toutes les précautions requises sont-elles prises pour justement s’attaquer à ce phénomène à la source ?

À lire la dernière édition, parue en novembre 2019, du rapport de la Banque centrale relative aux prêts que les banques ont consentis aux producteurs, il paraît que c’est loin d’être le cas.

La raison est que sur la liste des entrepreneurs dont la demande de prêt a été avalisée par des banques locales en 2019 figurent, en bonne position, ceux dont les activités consistent à fabriquer des produits tant en caoutchouc qu’en plastique.

En effet, le montant de ces prêts cité par la Banque de Maurice est de Rs 334 millions. La plus grosse part de ces prêts, soit Rs 222 millions, est libellée en roupies mauriciennes. Le reste, soit Rs 112 millions, l’a été en devises.

Sacs plastique

Dans la définition de ce segment d’activités, la production de sacs d’emballage en plastique est-elle mentionnée ? Pas directement. Cependant, si on se réfère à la National Standard Industrial Classification of Economic Activities élaborée par Statistics Mauritius, la production de sacs d’emballage en plastique est bel et bien incluse sur cette liste.

C’est ainsi qu’au niveau du chapitre consacré à la fabrication de produits à base de plastique, Statistics Mauritius mentionne deux types de production qui concernent les emballages à base de plastique. Il s’agit dans un premier temps des plastic articles for packing of goods (eg containers, boxes and bottles). En clair, la production d’articles à base de plastique tels que les conteneurs, les boîtes et les bouteilles pour l’emballage. Il est également question de la manufacture of plastic bags.

La posture de la Banque mondiale face au plastique s’oriente plutôt vers une formule qui consiste à aider les pays et les villes à financer des solutions au risque de pollution occasionnée par le plastique. Elle en fait état sur la page http://blogs.worldbank.org/fr/voices/5-gestes-simples-pour-lutter-contre-la-pollution-plastique.

Gestion des déchets

Sur ce même site, on apprend que depuis 2000, la Banque mondiale a consacré «plus de 4,5 milliards de dollars (Rs 165,6 Mds) à l’amélioration de plus de 300 programmes de gestion des déchets ménagers afin de réduire les risques de pollution environnementale». Le site souligne également qu’un des axes d’engagement de cette institution internationale vise aussi à retracer le parcours des déchets dans les océans à travers une série d’analyses des zones critiques de pollution plastique. «L’enjeu, ici, est de donner priorité aux investissements et de mettre en évidence les mesures qui permettront d’obtenir des effets rapides.».

Dans un article intitulé «BNP Paribas bannit le plastique jetable» publié sur son site le 28 juin 2019, Le Monde fait état de l’initiative de BNP face au risque de pollution par le plastique. «Les banques, soutient Véronique Chocron, l’auteure de l’article, n’ont pas la réputation d’être exemplaires dans la lutte contre le changement climatique ou pour la protection de l’environnement, loin s’en faut. Mais la suppression du plastique est une cause que BNP Paribas a décidé d’embrasser, en fixant à ses salariés des objectifs au-delà des obligations légales».

Véronique Chocron annonce par ailleurs que BNP Paribas a fixé l’année 2020 comme échéance pour la suppression du plastique à usage unique sur le lieu de travail. La banque, qui est présente dans soixante-douze pays, compte pas moins de 200 000 employés.

Rôle des banques

Daniel Essoo, directeur de la Mauritius Bankers Association (MBA), avoue, pour sa part, que le rôle des banques n’est pas chose aisée face aux exigences d’un mode de développement durable. «Il existe une tension entre deux facteurs. Il y a d’un côté, la nécessité de financer les entreprises locales, qui créent de la valeur et de l’emploi. Et de l’autre, il y a l’obligation de faire preuve de responsabilité dans le financement de projets. Cette obligation implique également le fait que les banques se doivent d’encourager les activités qui contribuent à l’émergence d’une économie durable. La vulnérabilité de notre pays et les urgences écologiques globales nous y obligent.»

Le directeur de la MBA soutient que face à un phénomène aussi complexe que le développement durable, il faut relativiser les choses. «Le secteur manufacturier représente environ 12,6 % de notre économie, mais constitue une part encore plus importante de l’emploi au niveau national. Maurice importe beaucoup plus qu’elle n’exporte. Il est donc essentiel pour notre économie de soutenir les secteurs productifs, surtout face aux difficultés actuelles. La manufacture du plastique et du caoutchouc fait partie de la catégorie ‘other manufacturing’, qui compte pour 4,6 % de notre économie. Le crédit alloué par les banques pour la période citée s’élève à Rs 381 milliards. La part allouée au secteur de la manufacture du plastique et du caoutchouc, n’est que de Rs 334 millions, soit moins de 0,1 % du crédit total.»