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Conflits dans le Golfe: commerce minimal avec l’Iran et absence d’échanges avec l’Irak
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Conflits dans le Golfe: commerce minimal avec l’Iran et absence d’échanges avec l’Irak
La menace de guerre au Proche-Orient impacte sur les échanges commerciaux des pays concernés. Si le commerce avec l’Iran résiste à la pression des conflits et est même bénéfique pour Maurice, il est inexistant avec l’Irak.
Le sentiment d’insécurité lié à la guerre et les activités économiques normales ne font jamais bon ménage. Les économies de l’Iran et de l’Irak qui voient une détérioration de leurs relations avec les États-Unis d’Amérique en sont la preuve évidente. Les effets de cette situation conflictuelle sont ressentis jusqu’à Maurice. L’un d’eux est le déficit commercial. Si les relations commerciales de Maurice avec ses homologues étrangers se soldent dans la plupart de cas par un déficit commercial à son détriment, ses échanges commerciaux avec l’Iran sont exception. Car il est un des rares pays où Maurice exporte plus qu’elle n’en importe. Les données de Statistics Mauritius en font la démonstration.
En 2018, les importations de l’Iran se chiffraient à Rs 8,1 millions et les recettes d’exportations vers ce pays à Rs 14,2 millions. Le plus gros montant de ces recettes, soit Rs 14,1 millions, provient de l’exportation de seringues. C’est donc l’Iran qui subit un déficit commercial de Rs 6,1 millions. Cette tendance des échanges commerciaux réalisés entre janvier et septembre 2019 avec ce pays n’a pas changé. Le montant des importations était de Rs 4,6 millions et celui des exportations de Rs 22,4 millions. Soit un déficit commercial de Rs 17,8 millions en faveur de Maurice.
Les principaux produits importés d’Iran se composent, entre autres, de raisins secs (Rs 959 283), paraffine sous forme de cire avec seulement 0,75 % sous forme d’huile (Rs 812 076), bouchons (Rs 578 271), safran (Rs 563 755), vêtements en textile pour femmes et enfants (Rs 371 884). Au bas du tableau, on retrouve épices à curry (Rs 1 428), vaisselle de cuisine en matières plastiques non-biodégradables (Rs 1 428) ou encore statuettes pour décoration à caractère non-religieux (Rs 1 425). Les exportations vers l’Iran pour la même période se limitaient à seulement deux produits. Des seringues pour les services vétérinaires, médicaux ou chirurgicaux et des bouteilles isothermes. L’exportation de seringues a rapporté Rs 22,4 millions et celle de bouteilles isothermes Rs 12 180 seulement.
Si la situation tendue en Iran a occasionné quand même des échanges avec Maurice, cela n’a pas été le cas pour l’Irak. Pas de traces d’échanges commerciaux entre Maurice et l’Irak, selon Statistics Mauritius. La raison principale est que les conflits intérieurs et extérieurs quasi permanents en Irak ont presque ruiné les possibilités de développement économique.
Une analyse en octobre de l’année dernière de la Banque mondiale (BM) permet de mieux appréhender la situation économique de ce pays. Elle souligne que, pour le gouvernement irakien, l’objectif a été la reconstruction du pays après la défaite du groupe État islamique en 2017. «À l’issue de quatre ans d’un conflit intense qui a coûté la vie à 67 000 civils irakiens, le gouvernement a, en effet, la lourde tâche de reconstruire les infrastructures, de rétablir la sécurité et la stabilité et d’organiser les services pour les déplacés de retour.»
La vente d’hydrocarbures est la principale source de devises pour l’Irak. La BM souligne que la pression n’a pas été du tout repos pour le gouvernement irakien en 2019. Il a fait face notamment à une hausse considérable des dépenses publiques. Une situation qui selon les analystes de la BM ne lui a pas permis d’accélérer la mise en place de projets d’investissement dans des secteurs qui ne concernent pas le pétrole. Tout conflit affaiblit davantage ce pays pour faire face aux répercussions sur sa production pétrolière.
Y a-t-il des perspectives de changement dans la situation économique de l’Irak qui auraient pu décloisonner les voies d’échanges commerciaux avec Maurice ? La réponse des analystes de la BM n’est guère encourageante. L’analyse, qui date d’avant la détérioration des relations entre l’Iran et les États-Unis sur le sol irakien, tablait sur une croissance de 5,1 % pour 2020 mais malheureusement elle prévoit une chute du taux de croissance à 2,7 % l’année prochaine. Avec la situation qui prévaut dans la région, les analystes de la BM devront revoir leur copie. Désormais, les perspectives pour que l’Irak sorte de son isolement économique se sont sans doute éloignées irrémédiablement. Un retour à une forme de normalisation n’est peut-être pas pour l’immédiat.
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