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Construction: pourquoi le chantier du métro ne dope pas la croissance
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Construction: pourquoi le chantier du métro ne dope pas la croissance
Les économistes s’interrogent. Malgré une progression du secteur de la construction estimée à 8,5 % l’année dernière, celui-ci n’a visiblement pas tiré la croissance économique, toujours molle, voire fragile, révisée d’ailleurs à la baisse l’année dernière, à 3,6 %. Est-ce paradoxal ?
Non, explique l’économiste Éric Ng, en se basant sur l’exécution des projets d’infrastructures publiques majeurs, dont le Metro Express, le complexe sportif de Côte-d’Or ou encore le programme de décongestion routière. Ou encore ceux du privé comme le Property Development Scheme de Smart Cities et autres Shopping Malls.
La raison est simple : l’industrie de la construction a un «import content» de 100 %. Soit que tous les matériaux entrant dans la mise en place du Metro Express, allant des rails, des wagons et autres équipements, sont carrément importés. Sans compter les services de la main-d’œuvre étrangère. Résultat des courses : une dégradation du déficit commercial et une croissance économique qui ne décolle pas...
Alors que les investissements injectés dans les projets d’infrastructures comme le transport et les services publics sont susceptibles de stimuler la croissance économique et la productivité à moyen et long terme, ils ne sont pas nécessairement une composante-clé pour tirer la croissance. «La contribution du projet Metro Express à la croissance est faible vu sa composante liée à l’importation alors que le gros de la masse salariale payée aux travailleurs étrangers n’entre pas dans le circuit économique», insiste Éric Ng.
Création d’emplois
Certes, ces projets publics de construction nécessitent de gros investissements comme en a fait mention le dernier exercice budgétaire. On y trouve, pêle-mêle, la construction et la mise à niveau de drains, de routes secondaires et d’aménagements, et la construction de foires, de bureaux administratifs, de bâtiments polyvalents et de centres de santé. Au total : Rs 4,6 milliards sur trois années financières, soit de 2018 à 2021. Sans compter, comme mentionné plus haut, les projets entrepris par des entités publiques (Metro Express, le complexe multisports de Côte-d’Or) d’une valeur de Rs 33,8 milliards couplés aux gros projets du privé tels que la construction de huit hôtels au coût de Rs 25 milliards et des Smart Cities.
Pour Éric Ng, ces dépenses influencent directement la demande globale. Car de combien augmentera la quantité de biens et services demandée au niveau de l’économie sur chaque commande de Rs 10 millions passée par le gouvernement avec une firme de construction. «Grâce à l’effet multiplicateur, la hausse de la demande nationale devrait être supérieure à Rs 10 millions. Les actionnaires et les employés de cette entreprise réagiront à une augmentation de leurs revenus en accroissant leurs dépenses de consommation personnelles.»
Par ailleurs, si la construction ne stimule pas suffisamment la croissance économique, elle ne favorise pas pour autant la création d’emplois. Les chiffres de Statistics Mauritius soutiennent qu’après six années consécutives de croissance négatives ou zéro, le secteur du bâtiment rebondit avec une progression de 7,5 % en 2017 et de 9,5 % en 2018. Toutefois, le nombre d’emplois dans les grands établissements de construction (ceux employant au moins dix personnes) a chuté lourdement pour passer de 15 038 en 2016 à 13 839 en 2017 et à 13 731 en 2018. Et si on exclut les travailleurs étrangers, le nombre de Mauriciens opérant dans ces firmes a diminué de 12 221 en 2016 à 11 077 en 2018.
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