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L’exploitation du patrimoine marin comme seule option pour devenir un pays à haut revenu
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L’exploitation du patrimoine marin comme seule option pour devenir un pays à haut revenu
Aveu d’impuissance ou réveil soudain ? Si ce n’est pas le cas, ça y ressemble drôlement. En tout cas, c’est ce que l’on est en droit d’imaginer après que le gouvernement a annoncé sa ferme intention de se tourner vers la mer pour atteindre le nouveau palier économique où il veut désormais évoluer.
L’annonce en a été faite officiellement le vendredi 24 janvier, lors de la lecture à l’Assemblée nationale du discours-programme par le nouveau président de la République, Prithvirajsing Roopun.
C’est quoi ce nouveau palier ? Il s’agit de hisser le statut du pays parmi les économies à haut revenu, soit des revenus par tête d’habitant qui se situent dans la fourchette des $ 12,3796 (Rs 459 768,40 au taux du jour) à monter. Parmi les pays classifiés dans cette catégorie on ne trouve presque pas ceux de la région du continent africain à l’exception des Seychelles. S’y trouvent le Singapour, Gibraltar, la Suisse, Hong Kong, l’Italie, les États-Unis. Bref, il s’agit pour Maurice de jouer dans la cour des grands.
Les dernières données de Statistics Mauritius indiquent qu’il manque à Maurice Rs 62 468,40 pour satisfaire les critères en vue de son ascension parmi les grandes économies de ce monde. Puisque les piliers actuels n’ont pas permis à Maurice d’effectuer ce grand saut, la réponse pour le gouvernement semble se trouver en surface et sous la mer.
Exploitation des ressources minérales
Les trois nouveaux secteurs d’activités économiques que lorgne le gouvernement sont notamment la prospection en vue de détecter et de développer les produits pétroliers en mer, l’exploitation des ressources minérales situées au fond de sa zone marine exclusive et, enfin, le développement d’un secteur fondé sur l’exploitation des ressources biotechnologiques des fonds marins. Dans les deux premiers cas, les premiers pas en vue de leurs réalisations respectives se feront par le dépôt sur la table de l’Assemblée nationale d’un projet de loi.
Dans le troisième cas, l’idée consiste à mettre en place les dispositifs en vue de doter le pays d’une plateforme d’interface où peuvent évoluer des entreprises engagées dans différentes facettes de la biotechnologie marine.
Si, dans les deux premiers cas, ce sera une aventure dans un domaine où Maurice n’a pas d’expérience préalable soutenue, dans le troisième cas, elle compte déjà une société qui a fait de la biotechnologie marine sa principale ligne d’activité : l’IBL Marine Biotechnology. Il s’agit donc de bâtir sur le patrimoine existant.
Contradiction
Pour Vassen Kauppaymootoo, ingénieur en environnement et océanographe, il y a contradiction dans la démarche du gouvernement. D’un côté, il y a dans le discours-programme des initiatives qui méritent d’être saluées. Il cite par exemple la volonté d’inclure dans la philosophie de développement la nécessité de protéger et de conserver l’environnement.
Il mentionne également le projet visant à développer un secteur consacré à l’exploitation de la biotechnologie marine. Il y voit, entre autres, la possibilité de puiser des fonds marins des éléments susceptibles de contribuer à la fabrication de suppléments alimentaires qui pourront avoir des effets positifs sur la santé. «Autant d’initiatives qui vont dans le sens de l’émergence d’une véritable économie bleue.»
La contradiction, explique Vassen Kauppaymootoo, intervient lorsque le gouvernement lorgne sérieusement l’exploitation des fonds marins en vue d’y extraire les ressources minérales qui s’y trouvent. Ce type d’activités sera-t-il réalisé de manière à ne pas remettre en cause tout ce que le pays se propose de faire dans le sens d’un mode de développement durable? Après ces opérations d’exploitation, que restera-t-il de ces fonds marins ?
Autant de questions qui titillent l’esprit de cet homme qui a pris fait et cause pour la protection non seulement de l’environnement Terre face au phénomène du changement climatique mais surtout de l’océan qui mérite protection et conservation autant que la surface de la terre.
Or, titane, diamants et eau fraîche
Dans un article intitulé «Quelles ressources minérales au fond des océans ?», le site https://www.techniquesingenieur.fr/actualite/articles/31250-31250/ souligne qu’«aujourd’hui, l’extraction directe des ressources est limitée au sel, au magnésium, à l’or, l’étain, le titane, les diamants et l’eau fraîche».
Pour sa part, Michael Lodge, dans un article intitulé «L’autorité internationale des fonds marins et l’exploitation minière des grands fonds marins», situe où sont centrés les intérêts commerciaux. Il identifie trois types de gisements minéraux marins. Il s’agit des nodules polymétalliques, des sulfures polymétalliques et les encroûtements cobaltifères.
Quel est le point de vue de l’auteur par rapport à l’exploitation éventuelle des minéraux des fonds marins à des fins économiques ? Il y voit un obstacle majeur. «L’extraction des éléments dissous et des ressources minérales solides dans les milieux marins rencontre aujourd’hui un obstacle principalement économique. Elle est peu rentable. Pour le moment. La situation géographique des «gisements» peut aussi être un obstacle en termes de propriété et de transport. La profondeur des bassins océaniques concernés peut constituer un obstacle technologique supplémentaire.»
Qu’à cela ne tienne, devant l’essoufflement des piliers de l’économie mauricienne que sont l’agriculture avec son produit phare qu’est le sucre, le tourisme, le secteur du textile, celui des services financiers, l’immobilier, le service basé sur l’utilisation des atouts de la technologie de l’information et de la communication et ceux des technologies innovantes que sont la technologie blockchain ou l’intelligence artificielle, le seul choix qui reste au gouvernement semble être l’exploitation des ressources de son patrimoine marin.
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