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Pourquoi avons-nous du malface au changement climatique?
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Pourquoi avons-nous du malface au changement climatique?
Pourquoi ne réagissons-nous pas face à cette menace du changement climatique aussi rapidement et radicalement que nous le faisons face à l’épidémie de coronavirus, se demande François Gemenne. La menace du changement climatique est encore bien plus grande que celle de l’épidémie de coronavirus mais elle semble loin dans le futur. Il existe trois raisons fondamentales pour lesquelles les actions ne sont pas entreprises par les différentes parties prenantes.
La première est qu’il n’y a pas de lien entre les émissions de gaz à effet de serre émis par un pays et les conséquences du changement climatique. Ce qui est le cas pour Maurice, responsable de 0,01 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial mais qui se trouve parmi les pays les plus à risque.
Par contre, les pays les plus responsables comme la Chine, les États-Unis, la Russie, le Japon ou encore l’Europe, subiront moins de conséquences climatiques comparativement aux autres pays. Pourquoi? Ils ont davantage de ressources pour s’adapter et ils se situent dans des régions qui seront géographiquement moins affectées par les impacts du changement climatique.
La deuxième raison est qu’il n’y a pas de lien entre les émissions de gaz à effet de serre d’une génération et les impacts du changement climatique. Il y a un effet retard d’environ 50 ans (soit deux générations), qui cause un problème moral.
Il faut donc que les actions entreprises pour combattre le changement climatique dépassent non seulement la frontière géographique mais aussi générationnelle. «Nous devons agir pour les autres; les pays qui se situent au-delà et ceux qui ne sont pas encore nés. Mais nous estimons ne pas avoir de responsabilité envers ceux que nous ne connaissons pas», énonce-t-il.
Le troisième obstacle est qu’il est difficile de s’orienter vers le court terme à cause de l’intérêt économique. La neutralité du carbone n’est pas une démarche spontanée et naturelle. Elle demande du volontarisme, des luttes et des sacrifices. «Beaucoup vont vouloir extraire la dernière goutte de pétrole, ou la dernière pépite de charbon, ce qui leur rapportera des profits à court terme. Voilà ce qui cause une résistance sur les actions du long terme.»
Pour un futur sans carbone il faut, par conséquent, des chefs d’entreprise dotés d’une vision à long terme de leur société et des gouvernements qui soient capables de penser au-delà des élections suivantes.
L’effet retard d’environ 50 ans
La température va continuer à grimper car les émissions ne cessent d’augmenter même pour cette année. Comme il existe un laps de temps d’environ 50 ans entre les émissions produites et leurs conséquences, les impacts visibles à partir des années 2000 ne sont pas les résultats d’émissions produites par la génération actuelle mais le résultat des émissions produites dans les années précédentes par nos grands-parents. «Nous ne subissons pas immédiatement les conséquences de nos actions. Ce qui signifie que les impacts climatiques vont continuer pour les 50 ou 60 prochaines années et la température va continuer à augmenter.»
Nous connaissons records de température après records de température. 2014 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis l’invention du thermomètre, selon les chiffres. Record battu en 2015. Ce record a ensuite été amélioré en 2016. L’année 2018 a été la troisième année la plus chaude au monde en France. Les années 2020, 2021 et 2022 vont aussi se retrouver dans les années les plus chaudes jamais enregistrées. C’est la raison pour laquelle les jeunes descendent dans la rue. Ils comprennent que les impacts qui seront subis au cours de leurs vies ne dépendent pas de nos actions. Mais de celles déjà poséesdans le passé. Ce retard impose une vision à long terme.
Actionner le levier politique et économique
Si on ne fait aucun effort et que le ‘business as usual’ perdure, la situation climatique s’aggravera. La lutte contre le changement climatique nécessite le volontarisme de la société entière. On ne peut compter que sur la bonne volonté citoyenne pour voir les comportements modifiés car elle ne représente qu’entre 25 et 40 % de l’effort à faire. Il faut que les gouvernements fassent leur part et proposent des cadres réglementaires forts et visionnaires, des plans à long terme, qui vont orienter l’action de la société. Il faut aussi de la part des entreprises des investissements à long terme forts et des politiques économiques qui permettraient à ce nouveau monde d’évoluer à l’avenir, au-delà des résistances du court terme. Il faut actionner le levier politique et économique. C’est en substance ce qu’a déclaré le directeur de l’Observatoire Hugo. «Pour poursuivre sur la bonne trajectoire, il faut que les gouvernements respectent les engagements pris lors de l’accord de Paris. Mais la plupart des gouvernements aujourd’hui ne respectent pas encore cet engagement. Et d’autres ne le respecteront pas», soutient Francois Gemenne. C’est le cas en particulier pour les États-Unis, qui est le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre et qui avait annoncé sa sortie de cet accord, rappelle-t-il. Il faut absolument que les gouvernements revoient à la hausse leur engagement à la COP 26, le grand sommet sur le climat, qui aura lieu en Écosse. Il faut que les entreprises se placent à la pointe de l’action et s’orientent vers l’action publique et celle des particuliers. «Plus nous attendrons pour faire cela et plus il sera difficile d’arranger la situation climatique», souligne-t-il. Il faut transformer la lutte contre le changement climatique, perçue actuellement comme une contrainte, en opportunité.
Zones humides: «le gouvernement pleinement conscient de la nécessité de protéger les écosystèmes»
<p><em>«Il existe effectivement des dizaines de zones humides et des zones écologiquement sensibles, qui doivent être protégées et préservées et le gouvernement est pleinement conscient de la nécessité d’identifier et de protéger ces écosystèmes»,</em> a déclaré le ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, lors d’une célébration organisée lors de la Journée mondiale des zones humides, au Parc national de Bras-d’Eau le 5 février. Il répondait ainsi au constat des organisations non-gouvernementales, qui estiment que les zones humides sont insuffisamment protégées à Maurice. Elles avaient aussi déploré le retard dans la mise en œuvre du Wetland Bill, de même que les constructions sur les zones sensibles. Le ministre a annoncé que le gouvernement met en place les cadres juridiques et administratifs nécessaires et qu’une première ébauche du projet de loi a déjà été rédigée. <em>«Le gouvernement, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), prépare le Wetland Bill sur les zones humides, dans le cadre du projet ‘Mainstreaming Biodiversity into the Management of the Coastal Zone in the Republic of Mauritius’ financé par le PNUD»</em>, a-t-il rappelé.</p>
<p>D’autres initiatives sont mises en place. Dont un comité national de Ramsar sous la présidence du directeur général du ministère et composé de membres de toutes les institutions concernées par les zones humides pour aider à mettre en œuvre les dispositions contenues dans la Convention Ramsar.</p>
<p>Par rapport aux constructions sur les marécages, déplorées par les militants de l’environnement, Maneesh Gobin a fait ressortir qu’il existe, selon l’Outline Planning Scheme, une politique qui stipule qu’aucun développement n’est autorisé sur les zones humides et qu’une distance minimale de 30 mètres de la zone humide doit être respectée. Cette politique s’applique à toutes les collectivités locales.</p>
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