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Chagos: «J’ai vu l’église construite par mon arrière-grand-père» raconte Jean-François Nellan

21 février 2020, 20:00

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Chagos: «J’ai vu l’église construite par mon arrière-grand-père» raconte Jean-François Nellan

Jean-François Nellan, 35 ans, est rentré de Diego Garcia, mardi. Installé en Angleterre depuis janvier 2006, dans le cadre de ses études à l’université de Derby, il en était à sa première visite sur la terre natale de ses grands-parents. Visite organisée par le Foreign Office de l’Angleterre.

Sa grand-mère est native de Diego, son grand-père de Peros Banhos. Lui, est né à Maurice et fait partie de la troisième génération de Chagossiens. Après sa mère, Marguerite Nellan, et sa grand-mère en 2018, son tour d’y poser les pieds avec d’autres membres de sa famille était arrivé. Ainsi, ils étaient au total sept membres de la famille Uranie qui ont fait partie de la délégation de 26 Chagossiens de Maurice et de l’Angleterre lors du voyage.

Par contre, le séjour qui devait initialement durer huit jours a été écourté puisque l’avion militaire devant transporter les visiteurs aux Chagos n’a pas obtenu l’autorisation de voler dans l’espace aérien de Bahreïn. C’est dans ce pays à six heures et demie de vol de l’Angleterre que le groupe au complet, dont 21 Chagossiens de l’Angleterre et cinq de Maurice en sus de deux représentants du Foreign Office, se sont rencontrés. Ils ont été hébergés à l’hôtel Diplomat Radisson Blu, situé comme son nom l’indique dans un quartier diplomatique.

Le groupe est ainsi resté trois jours au lieu d’un à Bahreïn, avant qu’un avion commercial d’Atlas Air ne l’embarque finalement. Également à bord ce jour-là, des membres du personnel militaire américain et des travailleurs philippins. C’est dans la nuit, vers 22 h 30, que Jean-François Nellan a enfin posé les pieds à Diego Garcia. Sur la base militaire.

«Il faisait très sombre. Une fois descendus de l’avion, nous avons passé le contrôle des passeports au terminal. Puis, le groupe a été scindé en deux. Dix personnes sont montées à bord du patrouilleur British Indian Ocean Territory pour visiter les îles extérieures comme Peros Banhos, Salomon, Boddam et l’île du Coin. Le reste est resté sur Diego Garcia», se remémore encore tout ému ce diplômé en comptabilité et finance en 2014. Il a travaillé au sein du groupe Rolls-Royce, puis comme analyste financier en aérospatiale civile, avant d’intégrer depuis peu le secteur de la défense en tant qu’analyste financier principal en matière de sous-marins.

Des visites effectuées au lever du jour, notre compatriote – qui a dû fournir les actes de naissance de ses grands-parents, de sa mère et du sien au Foreign Office comme preuves de son lien avec les Chagos – retient ceci: «Mes grands-parents m’ont toujours dit que l’île était magnifique. En faisant le tour en voiture, c’était exactement cela, avec la mer, la culture de noix de coco et le village où la population locale habitait dans le passé. J’ai vu leurs maisons, l’église construite par mon arrière-grand-père.»

D’ailleurs, ceux restés à Diego Garcia ont pu assister à une prière en ce lieu appelé Sacré Cœur. Le soir, ils ont logé dans un appartement qu’occupe d’ordinaire le personnel militaire. Question restauration, soit ils mettaient la main à la pâte à tour de rôle pour cuisiner des plats typiques des Chagos, soit ils mangeaient au restaurant ou se faisaient livrer des repas cuisinés par des Philippins.

Cependant, de ce voyage, Jean-François Nellan n’en garde pas que de bons souvenirs. «Parmi ceux qui résident dans l’île, il y a des Mauriciens installés depuis plus de 20 ans. Pourquoi nous, les Chagossiens, nous n’avons pas le droit d’y aller vivre ? Pourquoi n’avons-nous pas le droit de profiter de notre terre natale ?» regrette-t-il. Ce qui lui fait dire que si ce voyage était à refaire, il n’hésiterait pas. D’ailleurs, il a écrit au Foreign and Commonwealth Office pour lui demander qu’il puisse refaire une visite. Mieux : Jean-François Nellan étudie la possibilité de travailler sur l’île.

Par ailleurs, notre interlocuteur affirme ne pas comprendre Olivier Bancoult, le leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), qui demande aux Chagossiens vivant à Maurice de ne pas répondre à l’appel du Foreign Office. «C’est leur chance de voir leur terre natale avant de mourir et ils devraient saisir cette opportunité. S’ils ne la saisissent pas, qui va nous offrir cette opportunité ? Le gouvernement mauricien ? Le chef du GRC ? Je ne le pense pas.»

Aujourd’hui, plus que jamais, ce dernier estime que les Chagossiens doivent être autorisés à retourner sur leur terre. «Certains dirigeants cherchent à obtenir des gains personnels et cela n’est pas dans l’intérêt de la communauté. Celle-ci devrait pouvoir avoir son mot à dire sur son avenir et aucune décision ne doit être prise sans la consulter. La majorité des Chagossiens vivant au Royaume-Uni à qui j’ai parlé veulent y retourner, mais pas sous le gouvernement mauricien. Il avait du sang sur la main au moment où il a conclu l’accord pour être indépendant et cette injustice de l’île Maurice, nous la ressentons toujours.»

 

 


L’armée britannique accapare 1/6 de la jungle de belize pour son entraînement militaire

<p>Cette information publiée dans la presse sud-africaine le 4 février révèle que les forces armées britanniques réalisent leur entraînement militaire à Belize, l&rsquo;un des pays les plus riches en biodiversité dans le monde. Selon l&rsquo;article du <em>Daily Maverick</em>, le site sur lequel ils opèrent comprend des espèces sérieusement menacées et des sites archéologiques rares. Et le Belize n&rsquo;obtient aucune rémunération pour cet usage. Ces informations risquent de mettre en mal la réputation du Royaume-Uni, qui est en quête de recomposer ses rapports avec le reste du monde dans le sillage du Brexit.</p>

<p>Est-ce une bonne nouvelle pour Maurice dans son combat pour l&rsquo;archipel des Chagos ? Pour Jean Claude de l&rsquo;Estrac, homme politique et auteur d&rsquo;ouvrages sur l&rsquo;histoire de Maurice, il faut arrêter de donner <em>&laquo;de faux espoirs&raquo;</em> aux Chagossiens à chaque fois qu&rsquo;il y a un développement minime. <em>&laquo;C&rsquo;est perdu. C&rsquo;est perdu pour de bon avec Trump en Amérique et Johnson au Royaume-Uni. Il est temps de faire une croix sur Diego Garcia notamment. Que les Britanniques utilisent une base au Belize ou qu&rsquo;ils veulent faire une bonne impression post-Brexit n&rsquo;y change rien.&raquo; </em>Par contre, Jean Claude de l&rsquo;Estrac propose d&rsquo;orienter les négociations pour les autres îles.</p>

<p>Par ailleurs, l&rsquo;ancien secrétaire aux Affaires étrangères, Vijay Makhan, se veut plus optimiste. <em>&laquo;Il faut continuer à revendiquer et il faut mettre toutes les chances de notre côté.&raquo;</em> Il estime que la situation au Belize peut être utilisée par Maurice pour renforcer son argument dans le dossier sur les Chagos. Il cite notamment le Sommet des Nations unies sur le changement climatique à Glasgow fin 2020. <em>&laquo;C&rsquo;est définitivement un point qui sera utilisé contre le Royaume-Uni et, avec le Brexit, ce n&rsquo;est pas sûr qu&rsquo;ils pourront compter sur le soutien des pays de l&rsquo;Union européenne comme cela a été le cas dans le passé.&raquo;</em></p>

<p>Le même avis est d&rsquo;ailleurs partagé par un économiste interrogé par l&rsquo;express. Notre interlocuteur estime que l&rsquo;utilisation d&rsquo;une partie du territoire de Belize<em> &laquo;risque de jouer contre eux après le Brexit et que cela renforcera le dossier de Maurice.&raquo;</em></p>