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Crime à Vacoas - la mère de la victime: «Bondié donn li enn plas, li’nn bien soufer»

22 février 2020, 19:00

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Crime à Vacoas - la mère de la victime: «Bondié donn li enn plas, li’nn bien soufer»

À Vacoas, au domicile de Clairette Petite, 70 ans, la colère et la tristesse sont toujours palpables au lendemain du drame qui a secoué la famille. Sa fille, Dorine Phokeerdass, 49 ans, a été poignardée mortellement par son époux Marie Jean Mark Phokeerdass, 56 ans, dans la soirée de jeudi. Le drame s’est produit devant les enfants et la petite-fille en bas âge du couple. La victime, domiciliée à Floréal et séparée de son époux depuis trois ans, était partie rendre visite à ses enfants à la rue John Kennedy, à Vacoas.

Nicholas Elisabeth, 58 ans, avec qui la victime avait refait sa vie, était aussi présent au moment des faits. Il revient sur l’événement tragique. «Nous revenions de chez ma sœur à La Caverne. Elle m’a demandé de passer dans une boulangerie de la région afin qu’elle achète du pain et des gâteaux pour ses enfants. Nous étions à moto. Nous faisions ce trajet tous les jours. Normalement je la dépose et je l’attends un peu plus loin. Ce jour-là, je ne sais pas. C’est comme si j’ai eu un pressentiment. J’ai regardé dans mon rétroviseur et j’ai aperçu Jean Mark venir dans ma direction, commençant à m’insulter», confie Nicholas Elisabeth, qui travaille dans le secteur de la plantation.

Ce dernier raconte avoir dit à Jean Mark qu’il n’était pas là pour se bagarrer. «Mo’nn dir li : ‘Gété, mo pa la pou lager mé si to rodé mo pa pou les-mwa fer’. Mo nek trouv li avans so linz tir enn long kouto. Mo’nn gagn létan zis sépar mo lipié», poursuit Nicholas Elisabeth. Au même moment, arrive Dorine Phokeerdass, qui s’interpose pour tenter de calmer les choses. Jean Mark la blesse alors à l’abdomen. Nicholas Elisabeth ajoute qu’il n’a pas eu le temps de les séparer. Dorine Phokeerdass s’effondre dans une mare de sang.

La police de Vacoas est mandée sur les lieux. La victime est transportée à l’hôpital Victoria, à Candos, où les médecins de service ne pourront malheureusement que constater son décès. Arrêté, le suspect, qui est un maçon, est passé aux aveux. Selon ses dires aux enquêteurs, il n’aurait pas apprécié que Dorine s’interpose dans la dispute qui avait éclaté entre lui et Nicholas Elisabeth. Il a comparu en cour hier et a été reconduit en cellule policière.

La mère de Dorine Phokeerdass salue le courage dont a fait preuve sa fille durant toutes ces années où elle a subi les violences de son époux. «Sa kalité linn pasé dan so lavi-la. Mo dir Bondié donn li enn bon plas. Li’nn bien soufer.Li ti enn mama, enn papa pou so bann zanfan. Sa kalité linn travay pou so zanfan reysi. Mo dir ou bann zanfan-la al lekol zis ar dité pir parfwa ek zot inn reysi pas zot lékol. Li mem sa kantité linn travay pou sa bann zanfan-la sa, bizin tir sapo pou tou séki linn fer», raconte Clairette Petite. La victime laisse derrière elle 11 enfants, qui subiraient aussi les violences de leur père. La famille se serait rendue à la police plusieurs fois pour dénoncer Jean Mark Phokeerdass.

Une «mama africa» s’en est allée

<p style="text-align: justify;">Tous ceux qui connaissent la candidate au n&deg;16, Vacoas-Floréal, qui a brigué les suffrages sous les couleurs du Parti Kreol Morisien (PKM) aux dernières élections générales, ne peuvent retenir leurs larmes. Dorine Phokeerdass, très engagée dans le social, était une passionnée de culture africaine. La mère de famille, styliste, confectionnait des vêtements africains qu&rsquo;elle vendait. Elle a commencé à travailler très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille car sa mère souffrait de problèmes de santé. Elle a d&rsquo;abord travaillé comme marchand ambulant dans les foires. Elle vendait des fleurs, participait à des marchés aux puces et essayait de joindre les deux bouts par tous les moyens possibles. Elena Rioux, présidente du PKM, revient sur l&rsquo;amitié qui la liait à Dorine Phokeerdass et confie : <em>&laquo;C&rsquo;est 12 ans d&rsquo;amitié et, durant ces 12 années, c&rsquo;est 12 ans de combat qu&rsquo;elle a menés. C&rsquo;est une battante qui n&rsquo;a jamais baissé les bras. Elle avait un moral de fer malgré toute la souffrance qu&rsquo;elle subissait.&raquo;</em> D&rsquo;ajouter: <em>&laquo;Elle voulait être candidate aux élections pas pour avoir de l&rsquo;argent mais parce qu&rsquo;elle voulait un changement. Elle a connu la misère. Elle voulait un changement pour ceux au bas de l&rsquo;échelle. Elle militait aussi pour les descendants d&rsquo;esclaves qui ont perdu leurs terres et voulait lancer une ONG. Son rêve, c&rsquo;était d&rsquo;être la &ldquo;mama Africa&rdquo; de Maurice. Pour moi, elle le restera toujours. Elle militait pour la communauté et elle nous manquera énormément.&raquo; </em>Elena Rioux, qui travaille avec les femmes battues, martèle qu&rsquo;il est grand temps d&rsquo;amender la loi. <em>&laquo;Je lance un appel aux autorités pour éviter d&rsquo;autres drames. Combien de temps allons-nous continuer à marcher avec des pancartes pour dénoncer la violence ? Il est urgent de revoir beaucoup de choses pour éviter d&rsquo;autres drames&raquo;</em>, conclu-t-elle.</p>

Pravind Jugnauth se dit «révolté» face à la violence contre les femmes

«Mo souvan révolté kan mo trouv diskriminasion, violans domestik ek akt barbar kont bann fam.» Telle est la réaction de Pravind Jugnauth face à tant de violence envers les femmes. C’était hier à Calebasses, où le Premier ministre intervenait à l’occasion du Rishi Bodh, organisé par l’Arya Samaj Mauritius. Le PM exhorte la gent masculine à ne pas «fer zis séki nou lé» mais d’être à l’écoute de ce que disent les femmes. «Les femmes peuvent apporter beaucoup de choses positives. Mo ena enn gran respé pou bann madam ek zenn tifi. Mo touzour tenir an kont ki bann madam pansé.» Conscient de la situation des femmes à Maurice, Pravind Jugnauth a voulu prendre le taureau par les cornes. Il explique avoir présidé mercredi dernier avec des membres du gouvernement un comité pour combattre la violence, qui, selon lui, n’est pas seulement physique mais également verbale. Il a assuré que la situation actuelle sera évaluée et, si besoin est, la loi sera revue, une politique adoptée et des campagnes de sensibilisation menées. Annoncé au cabinet en janvier, Pravind Jugnauth a précisé que le Gender Equality Bill sera introduit au Parlement bientôt.