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Mineurs et synthé: à l’intérieur d’un centre de réhabilitation...
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Mineurs et synthé: à l’intérieur d’un centre de réhabilitation...
«Mo’nn swiv kamarad, mo’nn rod montré mo kapav fer kouma zot. Ladrog enn level sa. Komans par sigaret. Mo ti ena 11 zan. Apre vinn mas ver 12 zan. Si-mik 14 zan par la. Ti pé asté sa ek bann vander dan landrwa. Ena de fwa mo ti pé dimann kas bann paren. Mo’nn fer mo fami boukou mizer, sirtou mo frer. Par-fwa gagn kas. Kan pa gagné... kokin», lâche Kyan, 15 ans, d’une voix saccadée. Prisonnier de la drogue depuis quatre ans, il a décidé d’en finir avec cette dépendance. Depuis un mois, l’adolescent suit un programme de réhabilitation au centre résidentiel Nénuphar, à Montagne Longue, spécialisé pour les mineurs sous influence de drogues.
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«Mo’nn reéalizé ladrog détrir mwa. Si kontign koumsa pou al mor. Pou nanyé fer laraz. Lager toulézour ek fami, pa enn lavi sa. Ena zis désespwar. Mo kokin zot bann zafer mo vandé. Kan tom-la dan, népli kapav al lékol. Mazinn zis ladrog. Pa kapav manzé, pa kapav dormi. Nou kouma enn zonbi», confie-t-il. Armé de courage et de volonté, il se bat pour s’en sortir. D’ailleurs, au début du traitement, ses pensées étaient inlas-sablement hantées par la drogue. Graduellement, son comportement a évolué positivement, ce qui a diminué la tentation et la dépendance.
Comme lui, Mevin a sombré dans la drogue sous l’influence de ses camarades de classe et de quar-tier. «Rod séye, rod koné, trouv li bon marsé. Li vinn enn adiksion. Gandia ti pé vinn ser. Rs 300, Rs 500 : péna kas. Sintetik pli bon marsé, gagn plis léfé. Enn ti poket Rs 100. Ena fwa li dir ziska enn sémenn. Bokou kas dépansé ar sa. Li orib séki sa fer lor mo fami. Monn kokin. Kan ou maziné ou larm koulé. Zot léker inn bien fermal», raconte-t-il.
L’anéantissement de sa famille devient son mo-teur. Mevin veut se réinsérer. Après une semaine à Nénuphar, il reprend goût à la vie. «Mo pli lézé. Mo népli pans ladrog. Ena bann tretma donn nou. Nou kouma enn fami isi. Mo pa tousel. Li motiv mwa pou mo fight», confie ce jeune qui s’est découvert une passion pour le carrom et la guitare à Nénuphar. Ces activités font partie de leur thérapie.
Huit jeunes en traitement
De son côté, Brian vient de compléter sa réhabilitation. Du «brown sugar», à l’héroïne suivie de la drogue synthétique, il était aux prises avec la toxicomanie depuis ses 15 ans. «Kan mo kopinn inn kit mwa mo’nn tom dan déprésion. Bann kamarad dir mwa met enn nisa, zis pik enn kou, tou to tristes pou alé. Mo’nn rann mwa kont avek létan li enn lavi dir net. Mo’nn ladan 5 an, monn rat bokou zafer. Mo enn zenes, mo ti bizin viv enn zoli lavi, asizé, kozé, riyé. Dan plas, mo’nn viv enn lanfer. Mo’nn gagn case lapolis, mo’nn fermé», déclare-t-il.
Tiraillé par le «yen», il se réveillait aux aurores. Pas le temps de se brosser les dents. Il faut «couper-tracer», voler et se procurer sa drogue à Rs 2 000 par jour. Certaines nuits, Brian rentrait chez lui. Et pour d’autres, il dormait ailleurs... même dans des niches. Anéantis, ses parents ne savaient plus à quel saint se vouer. Heureusement, des volontaires sont venus à leur rescousse pour sa désintoxication. Après un traitement à l’hôpital Brown Sequard, il a réussi sa réhabilitation au centre Nénuphar.
Aujourd’hui, huit jeunes sont actuellement en traitement. L’établissement a été fondé en août 2018, suivant l’ampleur de la drogue synthétique. Après une ou deux semaines de désintoxication, débute la réhabilitation. «Le plus jeune patient avait 10 ans. Au total, nous avons accueilli une centaine d’adolescents au centre. 30 % ont réussi. Une partie des patients a rechuté et est revenue. La drogue est chronique. D’une part, le traitement est médical et vient rétablir leur système nerveux pour diminuer la dépendance. D’autre part, le programme est psychosocial avec un ensemble de thérapies», confie le Dr. Anil Jhugroo, consultant en psychiatrie, spécialiste en addictologie et responsable du programme. Comme l’indique Rishtika Ombika-Buckhory, psychologue-clinicienne, une approche taillée sur mesure est vitale. «On identifie les raisons derrière la dépendance de chaque patient. Dans la majorité des cas, c’est la pression de groupe et un problème de dynamique familiale qui poussent à la drogue», soutient-t-elle.
En quoi consiste le traitement ? Le Dr. Arye Kumar Jagessur, consultant en psychiatrie, évoque des thérapies familiales ainsi que d’autres basées sur l’art, la musique et les groupes. «On les fait jouer, s’adonner au jardinage et à d’autres activités pour qu’ils se réadaptent», déclare-t-il. Le yoga, la méditation, le sport entre autres sont aussi privilégiés. Selon le médecin, l’emprise de la drogue est difficile à vaincre au début du traitement. La motivation et le soutien se consolident au fur et à mesure. Généralement, un traitement d’un mois au minimum est préconisé. Mais il est prolongé selon le cas. «Cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas rechuter. D’où le fait qu’on maintienne un suivi assidu après le traitement», ajoutent-ils.
La prise en charge résidentielle est assurée par une équipe composée de psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux et médecins. L’effectif sera d’ailleurs prochainement renforcé pour remettre ces adolescents sur le droit chemin.
Les patients regagnent aussi espoir. «Mo’nn dimann mo frer pardon. Mo pou al swiv kour dan patisri. Mo ti anvi ouver mo biznes. Mo lé koriz mo bann érer. Fode pa suiv kamarad», confie Kyan. Quant à Brian, il a adhé-ré à des cours en mécanique et compte reprendre ce métier. «Aster mo pou travay, mo pou fer kitsoz pou mwa. Mo pou parti, mo pou maryé apré. Mo pa per tentasion. Nou bizin konn dir non. Dan lavi ladrog, ena lamor. Fodé pa rant ladan», avoue-t-il. Pour sa part, Mevin veut dé-crocher son permis de conduire pour être chauffeur de taxi. «Mo bizin fer mo karyer. Mo’nn tir ladrog dan mo latet. Mo tretma inn fer mwa réflesi mo pasé ek donn mwa kouraz pou sanzé», conclut-il.
Parents anéantis
«Avant, mon fils n’avait que la peau sur les os, cassait tout dans la maison et faisait ses besoins dans le lit. Ma vie s’était arrêtée. Un jour, il m’a dit : «‘Mama, mo pa koné ki pé ariv mwa’. Après ça, d’énormes caillots de sang lui sortaient du nez», raconte la mère de Brian. Son père était tout aussi désemparé. «Physiquement, il dépérissait et mentait beaucoup. Il était toujours en quête d’argent», confie-t-il. Ces parents se sont tournés vers plusieurs solutions mais en vain. Heureusement qu’un groupe bénévole a volé à leur rescousse et les a dirigés vers le centre Nénuphar. «Notre plus gros problème est la drogue synthétique. C’est tellement bon marché et disponible. Les familles en souffrent énormément. Il y a quelques jours, un père devait voyager. Il a reçu un appel : son enfant avait volé tout son argent. De son côté, une sœur a été frappée par son frère qui a dérobé tous ses bijoux. Nous cherchons ces enfants sous influence et leur faisons comprendre les dégâts. La société ainsi que les autorités doivent agir au plus vite», déclare Mohammed, un volontaire. Pour sa part, la maman d’un adolescent de 17 ans, actuellement en traitement, vit également dans la tourmente : « J’ai supplié le chef de vente de laisser mon fils en paix mais devant moi, il lui a juste balancé la drogue pour me narguer et me montrer son emprise. Je suis lasse de porter plainte. Il faut vraiment en finir avec ces vendeurs qui détruisent la vie de nos enfants.»
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