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David Sauvage: «Nous avons affaire à de dangereux hypocrites et menteurs»
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David Sauvage: «Nous avons affaire à de dangereux hypocrites et menteurs»
David Sauvage est un militant qui a de justesse évité une incarcération policière pour son engagement contre la privatisation de la plage de Pomponette. Mais il ne se présente pas en martyre et ne tire aucune gloire de ces incidents. «Il y a tellement urgence ailleurs», dit-il.
«Lanatir nou lavenir», c’est le thème choisi pour les célébrations du 12 mars. Vous concèderez que le gouvernement développe enfin une conscience écologique?
(Rire sarcastique). Conscience ? Appelons ça une campagne plutôt. Disons que les décideurs commencent à comprendre que l’opinion publique est sensible à la question écologique. Mais pour eux ce n’est qu’un slogan. J’espère pouvoir vous convaincre de son hypocrisie.
Commencez.
Je commence par prendre l’exemple du 'Environmentally Sensitive Areas (ESA) Bill'. Ce projet de loi est censé décréter toutes les zones humides et les marécages comme zones protégées et non développables. Nous avons publié un document que nous avons découvert lors de notre combat pour protéger les 'wetlands' de Les Salines. C’est une étude réalisée pour le ministère de l’Environnement par des experts internationaux qui ont cartographié tous les trésors vivants de Maurice, forêts, marécages, caves, réservoirs qu’il faut à tout prix protéger.
Les autorités avaient caché ce document?
Oui. Il avait cependant servi à des promoteurs et technocrates de l’environnement qui l’utilisaient pour étoffer leurs dossiers. Ils en sélectionnaient uniquement des parties qui les arrangeaient. Si aujourd’hui vous me parlez de conscience écologique du pouvoir, il faudra que ce projet de loi soit voté à l’Assemblée Nationale. L’étude a été soumise au gouvernement en 2009 ! Or en 2020, je ne vois aucun engagement du ministre de l’Environnement sur ce sujet-là, même après les assises de l’environnement. Donc je questionne la profondeur de cette soi-disant conscience écologique du gouvernement.
Mais si le gouvernement n’est pas sérieux sur cette question, pourquoi en fait-il son thème pour le 12 mars?
Justement. Je dénonce le fait qu’il fasse semblant et qu’il adresse la question écologique de manière cosmétique : produire une chanson, mener une petite campagne, mais ça ne suffit pas. Avec le contexte de la crise écologique dans laquelle on se trouve, on ne peut pas se contenter de juste lancer une thématique pour le 12 mars. Il nous faut des lois. Il nous faut engager l’ensemble de la société mauricienne dans sa façon d’interagir avec la nature, dans sa façon de produire et de consommer, et d’éduquer les générations futures.
Mais j’entends cela dans les discours de Kavi Ramano depuis sa prise de fonctions. Il parle de changement radical dans notre comportement, il annonce la fin du plastique en 2030…
Je vous interromps. Le plastique et le comportement du consommateur, parlons-en. Culpabiliser le consommateur, l’inviter à jeter son plastique à la poubelle, et un peu de recyclage, c’est l’idéologie et la pratique néo-libérale. C’est une solution complètement fausse.
Et c’est quoi la vraie solution?
C’est tout simplement l’interdiction du plastique à usage unique. C’est remettre en question l’industrie du soda pour qu’elle retourne vers les chopines et bouteilles en verre. Vous savez qu’il est établi, prouvé et documenté que les grandes industries de soda savaient depuis les années 70 que le plastique allait créer d’énormes problèmes environnementaux. Mais elles ont préféré les profits et ont donc agi en connaissance de cause. En 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans nos océans. Les nanoparticules de plastique se retrouvent dans tous nos aliments. C’est ainsi un problème de santé publique. Le recyclage relâche aussi des particules de brome, un élément chimique toxique.
«Pourra-t-on privilégier l’intérêt public avec des décisions qui sauveront la planète face aux intérêts privés ?»
Donc vous êtes contre le recyclage? C’est étonnant ça.
Non. Mais le recyclage ne peut pas être une solution primaire. Notre stratégie ne peut pas placer le recyclage au centre. C’est insensé. Le recyclage doit se retrouver complètement en bas dans la pyramide de notre réponse à la crise écologique. Ça ne soigne qu’un symptôme, mais pas la maladie grave. Le capitalisme et ses moteurs présentent le recyclage comme s’il s’agissait d’une solution miracle. C’est malin : ils font ainsi croire aux populations qu’ils sont en train de régler le problème alors qu’en réalité, cela arrange les producteurs de plastique.
C’est une belle théorie du complot. Il me manque toujours le mobile. Pourquoi le gouvernement n’ordonne pas aux producteurs de soda de stopper leurs logements en plastique immédiatement?
(Il est presqu’agacé comme si la question était trop bête). L’argent ! Le financement des partis politiques ! Une des nombreuses questions à polémique posées par Rezistans ek Alternativ, c’est l’indépendance du gouvernement à mener une politique responsable. À Maurice, l’emprise du gros capital sur les décisions gouvernementales est aussi conséquente que malsaine. Je retourne sur le ESA bill. C’est quoi le problème ? Pourquoi personne n’a le courage de le faire voter à l’Assemblée nationale? C’est une évidence. Cela touche à la question centrale qu’est la propriété privée. Mais vous savez que c’est dans les années 1800 que les berges de rivières ont été déclarées «réserves» ? Avant cela, elles étaient des propriétés privées. Les propriétaires de ces berges n’étaient pas d’accord. Mais les décideurs d’alors ont pu le faire. En 2020, c’est la même question. Peut-on le faire malgré le refus du capitalisme ? Pourra-t-on privilégier l’intérêt public avec des décisions qui sauveront la planète face aux intérêts privés ? J’espère que vous comprenez maintenant à quel point ces discours et ces petites campagnes cosmétiques du ministre de l’Environnement sont une insulte à notre intelligence.
Le secteur privé semble aussi se mettre au vert ces jours-ci avec des campagnes, des slogans, des business plans orientés vers lanatir…
Je ne dis pas que toutes les entreprises sont hypocrites mais le citoyen doit comprendre que tout ce qui se prétend être «vert», ne l’est pas forcément. Les banques, par exemple, qui sont les moteurs du capitalisme rivalisent d’ingéniosité pour se montrer les uns plus écologiques que les autres. Ils ont réussi à transformer la réponse à la crise écologique en une course aux profits. Vous voulez un exemple ? Une grande banque locale prétend encourager ce qui est «local». Or cette même banque s’engage auprès des promoteurs qui veulent détruire les wetlands à Pointe d’Esny. Qu’y a-t-il de plus local et de plus écologique qu’un wetland ?
Vous êtes un militant écologiste très engagé. Par contre nous, Mauriciens lambda, nous sommes occupés à travailler, à régler nos petits soucis du quotidien et nous faisons confiance aux décideurs et leurs discours en réponse à la crise écologique…
(Il nous interrompt). Je ne suis pas non plus un professionnel de l’environnement. Je travaille dans l’informatique. Je dénonce en passant le silence complice de ces professionnels ; ceux qui travaillent avec les gros promoteurs, les gros hôtels, qui rédigent les rapports EIA. Ils ne pensent qu’au fric eux aussi. Ils savaient que l’ESA Bill existait et ils n’ont rien dit. Ils doivent être courageux. Nous devons tous être courageux. La population, les journalistes, les propriétaires terriens, le gouvernement.
Ma question c’est celle-ci : vous semblez mieux comprendre l’urgence écologique que nous. Qu’avons-nous raté?
L’urgence écologique pour l’écosystème planétaire s’étale autour environ une dizaine de fondations: le changement climatique, la perte de la biodiversité, l’acidification de nos océans, la déforestation, l’eau fraîche, la couche d’ozone, entre autres. C’est simple et facile : aussi longtemps que nous ne perturbons pas ces écosystèmes au-delà d’un seuil, tout ira normalement. Au-delà de ce seuil, l’écosystème se dérègle,et tout le fonctionnement de la planète se dérègle.
Ça on l’a compris. La notion que «la planète est en danger» est bien répandue aujourd’hui.
Non. On ne parle que du changement climatique. Or le changement climatique n’est qu’un des écosystèmes planétaires. La perte de la biodiversité est un autre écosystème qui nécessite des réponses et des actions précises. Le réchauffement climatique est causé par l’émission de gaz carboniques. La perte de la biodiversité est causée par d’autres facteurs. À Maurice, par exemple, nous avons plusieurs accords de pêche avec l’Union européenne et les pays asiatiques. Nous sommes en train de décimer la biodiversité de nos océans. Nous pouvons changer cela avec une simple décision politique.
Allez dire cela aux pêcheurs qui subviennent aux besoins de leur famille grâce à l’emploi auprès de ces compagnies de pêche…
Je ne suis pas en train de vous dire d’arrêter. Le Japon est un des pays qui comptent le plus de coopératives de pêche. Faisons des coopératives. Le pêcheur, le vrai - pas le patron de pêche industrielle - gagnera plus en pêchant juste la quantité qui ne chamboulera pas la biodiversité. Mais ça on ne va pas le faire, parce que cela va chambouler les profits des capitalistes.
À vous entendre, je comprends que vous souhaitez que la question écologique soit au centre de toute décision économique. Pravind Jugnauth l’a compris en allant personnellement procéder au lancement des assises de l’Environnement, non?
(Il hoche la tête en signe d’agacement). Mais c’est du show. Du théâtre. Des hypocrites. Des menteurs. Comment faut-il que je vous le dise ? Je vous ai donné deux exemples concrets et des réponses faciles que l’Etat refuse d’apporter: revoir les accords de pêche et protéger les ESA. Et vous voulez que je croie en leur politique parce que le Premier ministre a lancé les assises de l’environnement ? Il y a tellement de choses à faire.
Vous avez dit un peu plus tôt que la stratégie de ceux qui sont les moteurs du capitalisme c’est de culpabiliser le consommateur. Mais c’est ce même consommateur qui devient électeur et qui choisit ces décideurs qui, selon vous, sont courbés devant le gros capital.
C’est le « system of power ». Ils décident de ce que vous devez savoir. Si on part du principe que l’éducation est sensée libérer une population en lui donnant la capacité à réfléchir et à être critique, on comprend pourquoi les fondations de l’écosystème planétaire que je viens de vous lister, ne sont pas dans nos manuels scolaires. Ce n’est pas dans l’intérêt de ceux qui exercent le pouvoir économique et politique. Or, quand on s’engage en politique c’est justement pour faire le contraire, soit adresser les questions en commun et qui touchent au vivre-ensemble, par exemple, une politique fiscale plus juste pour venir en aide à ceux qui sont au bas de l’échelle. Or ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique sont aujourd’hui en train d’abuser de leur position.
Vous savez ce qui risque de se passer au sujet du plastique ? Les producteurs vont demander une compensation pour le changement de leur business model. Et les gouvernements risquent bien d’accéder à leur requête. C’est comme à l’époque de l’esclavage. Après l’abolition, ce sont les propriétaires d’esclaves qui ont été compensés parce qu’ils perdaient soi-disant «des actifs» et non les esclaves pour les violences et injustices subies. Idem, ceux qui depuis 50 ans polluent la planète en produisant du plastique vont se dresser en victimes. C’est contre ce type d’injustices et ce d’absurdités que milite Rezistans ek Alternativ. Ceci est donc un avertissement formel de Rezistans ek Alternativ au gouvernement et aux producteurs de plastique. (Il prend une posture grave et menaçante). N’essayez même pas. N’y pensez même pas. Parce que nous allons nous battre contre cela.
Vous ne pensez pas qu’il y a trop d’informations sur la crise écologique aujourd’hui? Entre Greenpeance, Fridays for Future, Climate Action Newtork, Rivières sans Frontières et des centaines d’autres d’ONG, on se perd dans toutes ces organisations, notions et théories.
Je vous l’accorde. Il y a plusieurs courants mais le citoyen, je pense, commence à comprendre et à se positionner. Les trois principaux courants sont les pessimistes, les obsolètes et les optimistes. Je ne vais pas trop m’attarder sur les pessimistes. En somme, il s’agit de ceux qui pensent que les carottes sont cuites et qu'on ne pourra pas inverser la tendance pour sauver la planète. Parmi ces pessimistes, on retrouve les antihumanistes, qui estiment que l’être humain en abusant de toutes les ressources de la planète a perdu le droit d’y habiter et ils attendent une catastrophe qui décimera la race humaine et ainsi la vie sur terre reprendra son cours normal. L’autre sous-catégorie dans le courant pessimiste ce sont les malthusiens ; soit ceux qui pensent qu’il y a trop d’êtres humains sur terre.
Et c’est là que commence la confusion pour le citoyen lambda. Le malthusien induit le citoyen en erreur parce que la question ce n’est pas le nombre d’êtres humains, mais la minorité qui détient le pouvoir et le système en place.
Selon l’OCDE en 2012, 5% de la population mondiale détenait 72% de la richesse du monde. C’est cela le problème?
Exactement. C’est la minorité qui s’impose à travers le capitalisme et qui contrôle les ressources, les hommes, et le pouvoir. La question aujourd’hui c’est de savoir si ceux qui ont mené la planète là elle se trouve, peuvent apporter la solution ? La source du problème peut-elle solutionner le problème, moi je n’y crois pas. Ce qui m’amène à parler de l’autre courant, les «obsolètes».
Ceux qui sont responsables de la crise écologique. Pensez-vous, en passant, que ce soit une coïncidence que ce n’est que récemment, soit à l’ère industrielle post 2ème guerre mondiale que nous ayons autant impacté la planète ? Cela alors que la planète existe depuis des millions d’années et que les premières civilisations humaines datent de plusieurs milliers d’années ? Au-delà de la preuve sociale que le capitalisme est la source du problème, il y a la preuve temporelle.
Bref, parmi ces «obsolètes», on retrouve les climato-sceptiques, comme Trump, pour qui la crise écologique est un «hoax». A côté, toujours parmi les «obsolètes», je classifie les «écologistes néo-libéraux». Ce sont eux les plus dangereux. Ils accusent le consommateur. Ils ne veulent rien changer dans le modèle. Ils prétendent vouloir apporter de fausses solutions comme «le droit de polluer» avec les crédits carbones. Par exemple, permettre la déforestation contre le fait de planter des arbres. Rien n’est plus faux et plus insultant !
C’est là que vous situez Pravind Jugnauth, son ministre de l’environnement, les précédents gouvernements, le gros capital mauricien, la bourgeoisie d’Etat, etc.?
Exactement ! Ils sont obsolètes parce que leur action ne sert à rien. De toute façon, ils font semblant d’agir car, s’il ne tenait qu’à eux, ce serait 'business as usual'. Mais aujourd’hui, leurs enfants commencent à leur poser des questions. Il y a des clashes. Leur réaction – ou leur semblant de réaction – s’est limitée à un petit recyclage, quelques arbres plantés, quelques campagnes, qui au final n’adressent pas le problème.
Prenez le coronavirus, par exemple. Vous savez que la fonte du 'permafrost' peut ranimer des bactéries beaucoup plus dangereuses que ce virus et qui sont emprisonnées dans la glace ? L’écologie néo-libérale ne pourra pas solutionner le problème pour une raison simple. Elle insiste à apporter une évaluation monétaire à la nature comme s’il s’agissait d’une commodité. Une fois qu’elle est partie sur cette base, tout sera faux. Le ministre mauricien de l’Environnement peut un jour évaluer une 'wetland' à X milliards de roupies. Pour la cause du soi-disant «développement».
Au vu de toutes ces descriptions, Rezistans ek Alternativ est donc du courant optimiste?
Oui. Mais attention il y a des sous-catégories à laquelle nous n’adhérons pas. Par exemple, l’écologie conservatrice. La première position de Greenpeace en faveur du parc marin aux Chagos, illustre cette écologie conservatrice. Elle veut protéger la biodiversité même s’il s’agit de violer le droit de l’être humain en empêchant le retour des Chagossiens sur leurs îles. Ce n’est qu’après avoir compris le déracinement du peuple chagossien que Greenpeace s’est ravisée. La crise écologique a fait naître des courants que j’ose qualifier d’extrémistes et biocentristes. Ces courants qui veulent accorder les mêmes droits à tous les êtres vivants ne font pas de tort. Mais ils n’adressent pas la question du pouvoir, des jeunes, et de l’être humain.
Nous à Rezistans on se retrouve majoritairement dans une autre catégorie, celle des «gardiens de la nature». Nous pensons que l’être humain a la responsabilité de protéger et de transmettre la nature aux générations futures. Cette responsabilité est animée par une pulsion de vie, pas une pulsion de mort. L’homme et la nature peuvent cohabiter. Il s’agit de prendre des mesures courageuses, cohérentes et réelles. Nous ne pensons pas que l’homme doive retourner à l’état d’homme des cavernes (rires). Il faut juste du bon sens, de la solidarité, de l’amour. C’est cette posture qui nous donne un certain mandat, avec réalisme et pragmatisme, pour contester la classe politique actuelle.
Le métro est moderne et écologique, vous êtes d’accord?
Une des valeurs que défend Rezistans dans le vivre-ensemble et le bien commun, c’est justement le transport public. Les systèmes ferroviaires sont intéressants. Mais la question est : 'est-ce qu’on peut se permettre ce joujou ?' Je vous donne trois bases de réflexion. Le métro a-t-il été obtenu contre notre souveraineté sur Agalega ? Le métro rou;e-t-il à l’électricité produite à partir de sources d’énergies fossiles et polluantes comme le diesel ? Et puis l’être humain fait partie de la considération écologique. Avons-nous obtenu ce joli métro pour que Pravind Jugnauth en tant que Premier ministre d’un Etat souverain ne puisse pas condamner la politique ultra-nationaliste de Modi et les violences qui en découlent ces jours-ci en Inde ? On n’est pas dans un jeu de Monopoly où j’obtiens le métro contre mon silence.
Attendez, Maurice est d’abord un ami de l’Inde avant que Pravind Jugnauth ne soit l’ami de Modi…
Justement. Un ami véritable et fidèle ne prend jamais l’autre comme otage. Un ami véritable et fidèle a le courage de dire à l’autre quand il dérape. L’Etat mauricien en tant que pays arc-en-ciel et vecteur de paix dans la région et dans le monde a le devoir de condamner ce qui se passe en Inde avec la politique de Modi au Cachemire, ses lois sur l’immigration, et les violences anti-minorités qu’il semble cautionner. C’est très grave. Tout comme dans le débat sur l’obligation de déclarer son appartenance ethnique pour se porter candidat aux élections générales, la religion d’un être humain doit rester du domaine privé et ne peut être utilisé pour déterminer qui a droit à la citoyenneté ou pas.
La commission des droits de l’homme des Nations Unies va justement écouter la plainte de Rezistans ek Alternativ ce mois-ci. Pensez-vous que le Mauricien est sensible à la question de l’obligation de déclaration ethnique pour se porter candidat aux élections ou bien à force d’être seul dans ce combat, Rezistans s’est marginalisé?
L’idée du mauricianisme est aujourd’hui bien inscrite dans la société. C’est une régression très grave orchestrée par le gouvernement de Pravind Jugnauth. C’est un recul dans le cheminement de notre société. La population en est bien consciente. En même temps, la classe politique traditionnelle s’est tellement pervertie depuis l’indépendance que je peux comprendre le dégoût du citoyen. Mais le soutien que Rezistans reçoit me fait dire que la population est consciente que le mauricianisme passe par l’élimination constitutionnelle et administrative du communalisme. C’est comme sur la question écologique. Pour prouver la profondeur de son engagement pour le mauricianisme, que Pravind Jugnauth profite du 12 mars pour annoncer l’élimination de toute forme de classification ethnique ou communale dans la Constitution. S’il le fait, je ne parlerai plus de slogan creux.
Vous demandez l’invalidation des élections devant les Nations Unies?
Il y a une question de souveraineté à laquelle Rezistans est fortement attachée. Je ne sais pas jusqu’où iront les Nations Unies. En tout cas, les Nations Unies peuvent montrer Maurice du doigt comme un Etat qui connaît les lois mais ne les respecte pas et nous qualifier de «rogue state». Ce ne sera pas honorable.
Mais l’honneur et la politique, ça fait deux. Aussi longtemps qu’il reste au pouvoir, Pravind Jugnauth n’a cure que ce soit dans l’honneur ou le déshonneur.
C’est vrai. Mais l’opinion publique n’a pas cautionné cela. Vous vous rendez compte qu’on a dû avoir recours à un décret présidentiel après la dissolution du Parlement pour nous empêcher d’être candidats aux élections? Il nous faut condamner cela et utiliser tous les recours possibles.
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