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Le Français Poowells: «Je ne suis pas venu me réfugier à Maurice»

16 mars 2020, 22:16

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Le Français Poowells: «Je ne suis pas venu me réfugier à Maurice»

Le Français Jean-Claude Poowells, 68 ans, recherché par la justice française après avoir été condamné en France pour viol sur mineure, se trouve à Maurice. Celui qui dément toute accusation à son encontre est actuellement détenu à Alcatraz et devra fouler le sol français d’ici deux semaines. Me Valayden, l’un de ses avocats, soutient que son client demandera un «outside delay» pour pouvoir contester la sentence.

«Je suis innocent et toutes les accusations formulées contre moi sont fausses. Toutefois, je ne m’op- pose pas à la demande d’extradition.» Propos du Français Jean-Claude Poowells, 68 ans, qui est recherché en France à la suite de sa condamnation à une peine d’emprisonne- ment de six ans pour viol sur mineure, le 8 octobre 2015, par la Cour d’assises du nord. Il a, par le biais de son panel d’hommes de loi, composé de Mes Pazhany Rangasamy, Rama Valayden, Neeven Parsooramen, Shahzaad Mungroo, Akshaye Cheenatur et Akshay Nundloll, déposé un affidavit, le mercredi le 11 mars, devant la cour de district de PortLouis. Document dans lequel il explique les circonstances de son arrivée à Maurice depuis 2010. Notamment le fait qu’il n’est pas venu «s’y réfugier»…

Recherché par la justice française, Jean-Claude Poowells se trouve actuellement à Maurice. Une demande d’extradition a été émise contre lui. L’affaire l’opposant aux autorités françaises a été appelée devant la cour de district de Port-Louis, le 4 mars. Le Français, détenu désormais à Alcatraz, centre de détention des Line Barracks, devra fouler le sol français d’ici deux semaines.

Les faits remontent à 1990, à Dunkerque. Jean Claude Poowells avait commis des attouchements sur sa belle-fille, qui avait alors 13 ans, avant de la violer. Ce n’est que 25 ans après les faits qu’il a été reconnu coupable de viol avec circonstances aggravantes sur cette mineure (ayant autorité sur cette dernière) et la sentence imposée – une peine d’emprisonnement de six ans – avait été rendue par contumace.

Cela, à travers des voies diplomatiques datant du 7 mai 2017, où il est dit que cet homme de 68 ans est bel et bien recherché. L’avocate de l’État mauricien, dans cette affaire, devait même souligner qu’un mandat d’arrêt européen a été émis contre Jean Claude Poowells, le 20 février 2017, et par le procureur général près de la Cour d’appel de Douai et par le président de la Cour d’assises du Nord.

Or, l’originaire de SaintPol-sur-Mer raconte avoir contracté le mariage civil avec une Mauricienne le 16 novembre 1992 devant le bureau de l’État civil de Grand-Port. «Ma femme (en France) a un ex-mari avec qui elle a eu une fille qui est née en 1977. Ce n’est qu’en 2006 que ma belle-fille, alors mineure, en compagnie de sa mère, a porté plainte contre moi pour agression sexuelle à la police de Dunkerque. Je tiens à faire ressortir que ma femme et sa fille vivaient chez moi à cette époque en France», explique le retraité. D’ajouter que, bien après cette affaire, il avait déci- dé de s’installer définitivement avec sa femme mauricienne sur notre territoire en 2010.

«Je n’ai pas été convoqué le jour du jugement et j’ai été choqué lorsqu’un mandat d’arrêt européen a été servi contre ma personne par la Cour d’appel de Douai portant la signature du président de la Cour d’assises du nord, datant du 20 février 2017», poursuit le résidant de BlueBay. Il devait aller plus loin pour dire qu’il ne s’est jamais enfui et soutient qu’il serait resté en France pour contester le jugement s’il avait su qu’un verdict de culpabilité avait été prononcé contre lui. «Ce sont purement des accusations qui ont pour but de me nuire et je peux dire que je détiens un casier judiciaire vierge ici à Maurice. Je réitère le fait que je ne suis pas un fugitif et je ne suis pas venu pour me réfugier à Maurice.»

Sollicité par l’express, Me Rama Valayden, l’un des hommes de loi de Jean-Claude Poowells, confie, pour sa part, que son client demandera un «outside delay» pour pouvoir contester la sentence, quoi que le délai d’interjeter appel a dépassé. «Je vais l’assister en France», dit l’avocat.

 

Les cas du couple sicart et de Neiguib Heeralall

On se souvient de Jonathan Sicart et de son épouse, Carine Sicart-Callejo, qui avaient été extradés dans l’Hexagone le 22 juin 2017. Les deux conjoints ont été arrêtés le 13 juin, étant considérés comme des fugitifs par Interpol pour une escroquerie en France. Interpol avait même émis des «red notices» contre eux.Ces deux Français étaient à la tête de l’entreprise Alenzo Materiels, spécialisée dans le transport routier. La compagnie louait des camions auprès des différents plaignantset les deux conjoints avaient vendu frauduleusement quelque 162 camions loués à Soplin (compagnie à Bordeaux), sans que les valeurs résiduelles des camions soient versées aux sociétés de leasing. Soplin a, à son tour, vendu les camions à des tiers. Le préjudice est évalué à 8 115 260 euros.Par ailleurs, le premier cas d’extradition avait été débattu devant le chef juge, feu sir Victor Glover, et le juge Rajsoomer Lallah, en juillet 1993. Me Siddhartha Hawoldar représentait les intérêts d’un Mauricien recherché par les autorités françaises, Neiguib Heeralall. Ce dernier avait pris l’avion après avoir fait l’objet d’une accusation de meurtre par strangulation sur sa concubine, Rooksanah Oozeerally. Me Hawoldar explique qu’à l’époque, le principe de réciprocité avait été évoqué comme une des possibilités pouvant faire revenir le Mauricien en France. «La France avait demandé à le faire revenir, sans que la réciprocité ne soit de mise. J’avais contesté et j’avais gagné l’affaire», soutient l’homme de loi, qui avait même présenté un «writ habeas corpus» et avait plaidé qu’il n’y a pas d’extradition avec la France. «Ce ne sont que des pays du Commonwealth qui sont concernés par ce traité d’extradition avec la Grande-Bretagne.»