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Covid-19: Marché noir, coup fumant !

29 mars 2020, 22:15

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Covid-19: Marché noir, coup fumant !

Cigarettes, alcool, légumes, denrées alimentaires… Alors que les supermarchés sont fermés en cette période de confinement, le marché au noir, lui, s’organise. Malgré les prix chauds qui donnent froid dans le dos, les Mauriciens – surtout les fumeurs – n’hésitent pas à mettre la main à la poche.

Désespérés. Désemparés. En manque… Alors que tout le pays est en confinement, que les supermarchés et boutiques ont fermé leurs portes et que les packs livrés à domicile ne proposent pas d’alcool ou de cigarettes, la «mafia locale» s’organise, dans les villes et villages, sur les réseaux sociaux… Mais avec le marché noir, le porte-monnaie rit jaune.

Entre Rs 300 et Rs 500 pour un paquet de cigarettes qui se vend en temps normal à Rs 145… Rs 400 pour une bouteille de rhum qui d’habitude coûte Rs 250… Mais qu’importe, pour «met nisa», surtout en cette période de confinement, ou «péna rol», certains sont prêts à braver les interdictions. Les réseaux s’organisent, sur Facebook, derrière les volets et les portes fermés des boutiques…

D’autant que certains sont prêts à avaler des kilomètres, braver les barrages policiers quitte à payer des amendes ou finir en prison… À l’instar de Yannesh, 26 ans, un habitant de Quatre-Bornes. «Pa pé kapav tini la. Pa kapav res lagorz sek sirtou ek sa stres-la…» Du coup, il n’a pas hésité, vendredi, à se rendre à Rose-Hill, où il a un ami qui connaît un ami boutiquier. Dans son sac qu’il tient avec des gants: une bouteille de «blan ek so koupé» qu’il a payé à Rs 200 plus cher.

Idem pour David, 43 ans, fumeur depuis la nuit des temps. «Ayo pa ti pé kapav tini, ti pé mank sa nikotinn-la. Pir ki corona sa… Mé nou fer atansion kan nou al asté selman ein…» Son graal, son paquet de clopes, il l’a payé Rs 100 de plus.

La «mafia légim» étend également ses racines. Mieux : si vous êtes chanceux, vous pouvez même vous faire livrer à domicile. Brèdes giraumon, lalo, gingembre, piments, certains n’hésitent pas à faire du porte-à-porte pour livrer la marchandise. Bien entendu, les légumes se vendent comme des petits pains. «Zafer-la pé alé for-for... » Les prix : jusqu’à Rs 50 de plus… Où est-ce que ces parrains ambulants qui ne végètent pas obtiennent-ils ses trésors qu’ils vendent à prix d’or? Nous n’en saurons rien, il y a une limite au «veyaz de zafer».

Distribution problématique

Il faut dire que les plats voient rouge en ce moment, faute de verdure. Et que les prix proposés par certains revendeurs en ligne équivalent presque à du braquage à distance. Rs 2 500 par exemple, pour quelques patates, les carottes sont cuites pour le compte en banque. Kreepalloo Sunghoon, président de l’Association des petits planteurs, est bien conscient du problème. «Il n’y a pas de pénurie de légumes sur le marché. Il y en a dans les plantations. Le problème se trouve dans la distribution.» Une aubaine pour les «traser», donc.

Qui plus est, pour le gaz ménager, les prix font mal. Il n’y a qu’à voir les files d’attente un peu partout à travers le pays pour comprendre. Encore une aubaine pour certains commerçants peu scrupuleux. Ainsi, à St.-Pierre, des personnes, n’ont eu d’autre choix que de se plier aux exigences d’un revendeur. À Rs 1 000 la bonbonne, ils ont bien failli exploser de colère avant de se faire une raison. «Nou’nn dir tension pa gagné apré... mé kan fini zamé pa pou réal laba ankor…»

D’autres commerces obligeraient, selon des témoignages recueillis des clients, à acheter des bonbonnes neuves à Rs 2 500 l’unité. Nombreux sont ceux qui dénoncent cette situation chaotique. «Pé met lamé dan lagorz dimounn!»

En tout cas, prenez soin de votre gorge et restez chez vous.