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Covid-19: L’Artemisia, la plante à la base du «remède miracle» malgache…
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Covid-19: L’Artemisia, la plante à la base du «remède miracle» malgache…
Le Covid-Organics a été officialisé comme le «remède malgache contre le nouveau coronavirus» par le président de la République de Madagascar, à la télévision nationale de son pays, samedi soir. Selon lui, les essais cliniques sur des patients ont été une réussite.
D’ores et déjà Andry Rajoelina a indiqué que ce médicament produit par l’Institut malgache de recherches appliquées à base de la plante Artemisia, serait prescrit sous forme de sirop à tous les élèves, dont ceux de terminale et de troisième qui reprennent les cours demain pour leur permettre de se protéger contre la pandémie. Cela, alors que dans un document publié le 10 octobre 2019 sur l’utilisation des formes non-pharmaceutiques de l’Artemisia, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) soutient ne pas justifier la promotion des matières végétales d’Artemisia ou leur utilisation sous une quelconque forme pour la prévention ou le traitement du paludisme, du moins.
En attendant des essais cliniques du Covid-Organics sur le plan international, Maurice qui officiellement soigne les patients positifs au Covid-19 avec des médicaments à base de chloroquine, est-il prêt à faire confiance à ce «remède» produit par une île amie située à seulement une heure et demie d’avion ? De son opinion personnelle, la chercheuse en médecine à base de produits naturels, Joyce Govinden-Soulange, estime qu’il est vrai que certaines espèces d’Artemisia ont été validées pour leurs effets anti-inflammatoires, antiviraux et anti palu.
«Il existe plusieurs espèces à Maurice dont les brèdes chinois Artemisia verlotiorum, et d’autres considérées comme plantes envahissantes ou même utilisées dans la médecine traditionnelle en petite quantité pour traiter le paludisme (la malaria) ou encore la dernière épidémie de SARS en 2004, un autre type de coronavirus, en Chine», souligne-t-elle. Toutefois, concernant précisément le Covid-Organics, la chercheuse et professeure de biotechnologies végétales à l’université de Maurice préconise la prudence. «On ne peut affirmer à ce stade que Madagascar soit passée par la bonne filière pour développer le médicament. Avant que le Covid-Organics puisse être recommandé, il faudrait que les travaux de recherches et toute la méthodologie utilisée par Covid-Organics soient publiés dans des journaux scientifiques évalués et validés par des pairs. Ce qui n’a pas encore été fait», avance Joyce Govinden-Soulange. Par contre, toujours selon la chercheuse, le fait que l’Allemagne s’intéresse de près à l’Artemisia depuis début avril 2020, et a commencé à faire des essais en laboratoire, cela voudrait dire qu’il y a probablement un «potentiel scientifique coherent».
De son côté, en réponse à la question de l’express sur le sujet, hier, le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal a déclaré que le pays suit cette affaire mais qu’il faut donner un peu de temps afin d’observer ce qui se fait et comment cela se fait à Madagascar avant de se prononcer. Un «pays ami» qui, avec les capacités qu’il a, cherche un remède. Quant au Dr Laurent Musango, représentant de l’OMS à Maurice que nous avons également sollicité hier, réplique que le Covid-Organics qui est en phase test n’a pas encore été approuvé par l’OMS. «Tout comme des essais sont faits à base d’hydroxychloroquine, Madagascar peut inscrire le Covid-Organics pour des essais cliniques», indique le représentant de l’organisation onusienne de la santé publique internationale.
À la question de savoir si le «remède malgache» a été malgré tout évoqué à haut niveau, Laurent Musango répond par la négative. «On ne peut pas aborder quelque chose qui n’est pas encore sur le marché ou si le sujet n’a pas été inscrit à l’ordre du jour par le pays. Quand il y a des preuves comme ça a été le cas pour les tests PCR, la distanciation physique et les masques, à ce moment l’OMS peut le recommander.»
Avant de conclure qu’il revient au comité de haut niveau sur le Covid-19 avec le conseil des experts de décider de l’adoption ou pas de tout traitement contre le virus.
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