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Offshore: Maurice sur la liste noire des centres financiers de la Commission européenne ?

7 mai 2020, 17:15

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Offshore: Maurice sur la liste noire des centres financiers de la Commission européenne ?

Ce jeudi 7 mai, la Commission européenne devrait publier sa prochaine édition de la liste noire des centres financiers n’ayant pas fait la démonstration de leur capacité réelle à lutter efficacement contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Maurice y serait présent. Cette nouvelle, ébruitée par l’agence de presse internationale Reuters sur son site Web le 5 mai, n’est cependant pas officielle.

Mais si jamais cette nouvelle s’avère, ce serait une démarche injuste de la part de la Commission européenne, avance Marc Hein, Senior Counsel et fondateur du cabinet d’avocat d’affaires Juristconsult. «Surtout en cette période difficile que traverse le monde entier. Il nous faut utiliser notre diplomatie et nos relations avec l’Union européenne pour expliquer que Maurice n’est pas ce centre de blanchiment que certains peuvent penser.» Et d’ajouter que c’était prévisible, vu que Maurice a été placé sur la liste grise du Groupement d’Action Financière.

Cependant, le conditionnel s’impose car l’auteur de l’article, Francesco Guarascio, soutient qu’il est en présence d’un «draft» du document, c’est-à-dire un brouillon. «L’article de Reuters est basé sur un document qui n’est pas officiel. J’ai des rencontres de prévues avec plusieurs personnes pour comprendre la position de l’Union européenne», explique Mahen Seeruttun, ministre du Service financier et de la bonne gouvernance. De souligner qu’il fera le suivi de toute cette affaire.

Il en est de même pour les opérateurs du secteur. Car dans une telle situation, la promptitude à réagir quels que soient la nature et le contenu d’une information de cette envergure est primordiale. Car il y va de la réputation du secteur mauricien des services financiers. Cette décision de l’Union européenne, si elle se confirme, porterait un coup terrible à la réputation du secteur mauricien des services financiers.

Car jusqu’ici, c’est dans les domaines de la lutte contre la présence des activités associées au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme que Maurice n’est pas encore parvenu à stabiliser sa position aux yeux des responsables de la Financial Action Task Force ( FATF), également connu dans les pays francophones comme le Groupe d’Action Financière. Une situation qui a valu au pays le qualificatif «non-compliant».

La FATF est un organisme d’une importance capitale pour les 39 pays qui en sont membres. Son rôle principal : veiller à ce que les centres financiers ne deviennent pas un réseau où les détenteurs de l’argent sale et les personnes finançant les activités liées au terrorisme opèrent sans crainte. La puissance de cette organisation intergouvernementale est telle que le Securities and Exchange Board of India (SEBI), organisme-régulateur indien du marché des valeurs mobilières et des matières premières, n’a pas hésité à refuser à attribuer le droit d’être classifié dans la catégorie 1 des Foreign Portfolio Investors qui sont originaires de l’île Maurice. Cela découle de la réputation peu reluisante dont jouit Maurice auprès de la FATF.

Il a fallu une garantie formelle du gouvernement indien se prévalant des relations excellentes qu’il a avec le gouvernement de Maurice pour que le SEBI change sa position. Ce qui ne signifie nullement que le SEBI a cédé du terrain en matière d’exigences émanant de la FATF. Autrement dit, l’octroi de cette faveur se situe dans le cadre des accords entre gouvernements de Maurice et de l’Inde.

Ce changement, ou plutôt l’intégration de cette nouvelle disposition dans les règles du SEBI, est le résultat d’intenses échanges au plus haut niveau entre l’Inde et Maurice. Le Premier ministre mauricien a jeté de tout son poids dans cette affaire afin que les sociétés d’investissement étrangères implantées à Maurice puissent bénéficier de ce traitement de première classe aux yeux des responsables du SEBI. Si la nouvelle que rapporte l’agence Reuters se confirme, ce sera un véritable coup dur pour les autorités mauriciennes…