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Peut-on encore s’indigner ?

12 mai 2020, 16:59

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Peut-on encore s’indigner ?

L’indignation. Elle perd tout son sens si elle n’est pas accompagnée d’une action concrète pour dénoncer le mal, l’injustice qui l’a provoquée. Si elle n’est pas suivie d’un engagement continu, avec tous les risques qu’il comporte, pour exiger le changement attendu. Et qui ne s’arrêterait que quand satisfaction sera obtenue. Au cas contraire, cela ne vaut pas la peine de s’indigner. Ce serait un gaspillage d’énergie.

Ça l’est pour tous ces ‘indignés virtuels’. Ces ‘révolutionnaires de salon’ dont le combat s’arrête exclusivement à quelques coup de gueule en ligne. Démarche stérile ! Revendiquer sur le terrain, dans la réalité, pour eux, cela reste juste un concept. Hélas ! Il semble que ce ne soit désormais plus que la religion, l’opium du peuple. C’est l’internet !

La soi-disant modernité, avec toutes les facilités technologiques, nous a transformés en une société apathique. Individualiste. Pire, endormie. Sinon comment expliquer notre indifférence face à des choses pourtant inacceptables ? Les scandales politico-financiers (Air Mauritius et SBM), la dilapidation de nos institutions qui ne semblent pas émouvoir le chef du gouvernement. Comment expliquer notre inaction face aux urgences climatiques, aux dangers économiques qui nous guettent, aux menaces sociales auxquelles on fait face, à la mise à mort de notre ‘paradis’ tout court – tous des résultats d’une aberrante administration ? Mais également au Covid-19 Bill, qui paraît n’avoir nul autre objectif que celui de nous mettre dans un enclos. Tout cela, pourtant des objets d’indignation, semble être le cadet, pour ne pas dire la dernière, de nos préoccupations.

Ce qui est encore plus dommage, voire dangereux, est le fait que cette indifférence touche aussi nos jeunes. Ils n’ont plus de vitalité, plus d’esprit critique. Ils ont perdu le sens d’engagement et des idéaux, ils ne mesurent plus les enjeux. Si certains s’indignent ‘virtuellement’, d’autres ne sont nullement embarrassés par les situations inquiétantes que nous connaissons. Dans ce contexte, pour espérer voir une autre Mai 1975, il faudra attendre longtemps.

Après tout, comment s’inquiéter, entamer une réflexion profonde et sérieuse, s’impliquer pour une cause quand on est, comme c’est le cas pour un nombre de plus en plus croissant de jeunes, toute la journée, dans un état second, sous l’effet des drogues synthétiques. On se demande, au passage, si le ministre de l’Autonomisation des Jeunes, des Sports et des Loisirs, notre cher Stephan Toussaint, est au courant de la situation alarmante qui prévaut dans les ‘ghettos’. Si rien n’est fait, certains quartiers perdront, d’ici les quatre, voire cinq prochaines années, un tiers, ou même plus de leurs jeunes. Eux qui représentent l’avenir, le ‘futur’ de notre pays. Mais bon, peut-être bien que cela ne préoccupe pas nos politiciens, puisqu’ils ne voient les jeunes que comme de la main-d’œuvre. Et, s’il devait y avoir un problème à ce niveau, il y aura toujours les Indiens, les Bangladeshi qui viendront à la rescousse.

Ne pas connaître notre responsabilité, en tant que citoyen, dans une démocratie, c’est grave. Puisque comment l’assumer si on l’ignore ? Pour beaucoup, elle s’arrête malheureusement au fait d’aller voter le jour des élections. Par la suite, pour ceux qui ont voté pour le parti au pouvoir, approuver ou essayer d’approuver, tant bien que mal – parfois avec des logiques ineptes – tout ce qu’il fait. Pour ceux qui n’ont pas voté pour le gouvernement en place, tout critiquer, s’indigner (mais sans plus) jusqu’à… leur prochaine visite dans l’isoloir.