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Emprisonnés

31 mai 2020, 12:31

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Emprisonnés

Kaya ne s’agiterait-il pas dans sa tombe en voyant que ces deux derniers mois cinq détenus ont trouvé la mort dans les prisons mauriciennes, et même si un des décès est survenu dans une cellule policière, cela n’en reste pas moins une forme carcérale. En mars 2008, lors d’inondations survenues à Maurice, une élève est décédée en allant à l’école. Toujours en mars, mais là en 2013, les tristes inondations à Port-Louis ont fait huit victimes. Et depuis, les gouvernements successifs prennent d’énormes précautions et annulent l’école dès que la météo prévoit des pluies importantes. Pourquoi ce principe de précaution n’existe-t-il pas dans d’autres institutions de l’État, comme la prison. La mort de Kaya aurait dû être le déclencheur, pour les autorités de l’époque jusqu’à aujourd’hui, de mécanismes et d’organisation empêchant au maximum les morts dans les cellules. Il est vrai que la prison reste un des endroits les plus violents de la société, et il semble difficile, voire impossible, d’éradiquer les nombreuses formes de violence qu’on y trouve. C’est, semble-t-il, de loin, ce que l’on peut dire sur cette réalité en fonction des reportages que l’on peut voir et de certains films qui se déroulent en milieu carcéral. 

Même si la prison n’a pas toujours existé dans les sociétés, cette forme d’enfermement, telle que nous la connaissons aujourd’hui, date de la fin du 19ème siècle en Europe, ce qui veut dire qu’elle est récente dans l’histoire et qu’elle s’inscrit dans les formes modernes d’enfermement. Cela signifie-t-il qu’il pourrait en être autrement ? N’est-il pas possible d’envisager des formes de « punition » qui évitent l’enfermement ? Cette question, et tant d’autres, a été posée par Michel Foucault dans les années 60 et 70, question qui amène comme réponse que les politiques et les sociétés se sont engouffrés dans cette manière de punir par l’enferment et les prisons, et c’est, entre autres, dans ces endroits qu’ont été pensées et mises en pratique les techniques de surveillance. Plus on surveille les prisonniers, plus on est (censé être) en sécurité dans la prison, c’est, du moins, le discours officiel et partagé par la plupart. Et à mieux y réfléchir, les sociétés actuelles ressemblent de plus en plus à des prisons, car ces techniques de surveillance se sont étendues de telle sorte que tous les citoyens sont de plus en plus surveillés. Surveillés comme des prisonniers, voilà la société moderne.