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Budget Day: les enjeux
Le Covid-19. Les licenciements. Le tourisme à l’agonie. Comment relancer la machinerie économique ? Quelle va être La formule de Renganaden Padayachy, ministre des Finances ? Déjà, une planche de salut avec les Rs 140 milliards de la BoM injectées dans le circuit monétaire.
D’ailleurs, cette contribution exceptionnelle a déjà été prise en compte dans l’exercice comptable du Budget 2020-21 par ses techniciens, qui ont, par la même occasion, à travers une vidéo de promotion, situé le contexte économique de cet événement.
Toutefois, l’urgence économique du moment exige de la prudence. D’autant plus que le «lockdown» du pays, depuis le 20 mars, a mis l’économie à genoux, plaçant sous respiration artificielle deux secteurs porteurs de croissance et générateurs d’emplois, nommément le tourisme et la manufacture. Et entraînant dans la foulée la prise en charge partielle de salaires de plus de 400 000 travailleurs pendant deux mois et demi, dont 160 000 sont des «self-employed». Sans compter le risque de voir 100 000 personnes sur le pavé arrivé fin décembre si aucun plan d’aide n’est accordé. C’est dire que le ministre des Finances doit faire preuve d’imagination et de créativité pour absorber le choc économique et éviter que le pays ne s’enfonce dans une récession.
Les attentes sont grandes sur le budget de Renganaden Padayachy. La population, tout comme les opérateurs et les salariés, l’attendent au tournant cet après-midi, car chacun cherchera dans le Budget des réponses à leurs inquiétudes. D’abord, les opérateurs qui sont confrontés aux menaces de faillites financières; ensuite, les salariés qui ne savent pas si les lendemains vont continuer à chanter, et enfin, la population face aux risques d’appauvrissement dans cette période de crise.
La réalité des chiffres
Cependant, la réalité des chiffres ne plaide pas en sa faveur. Les principaux indicateurs sont visiblement plongés dans le rouge. À commencer par la croissance économique qui, pour la première fois en 40 ans, connaîtra une contraction allant de 7,5 à 15 % du PIB, selon la BoM. Mais il y aussi le chômage qui pourrait passer à 17,5 % de la population active cette année, soit au même niveau que 1984, alors que l’inflation empruntera une courbe ascendante pour atteindre, selon les estimations du Fonds monétaire internationale, 8,5 % contre 4,2 % en avril. D’autres indicateurs sont guère moins réjouissants: un déficit du compte courant de la balance de paiements, qui se creusera en 2020, pour passer à 8,4 % du PIBou encore un déficit fiscal estimé à 5,9 % du PIB en 2020-21.
Un bémol toutefois sur l’estimation du déficit budgétaire. Car, avec les milliards de la BoM, les économistes sont convaincus que Renganaden Padayachy pourrait présenter une «clean sheet» sans aucun déficit budgétaire, ce qui serait un exploit dans la conjoncture économique actuelle. Idem pour la dette publique, qui pourrait rester inchangée à 64,9 % du PIB si le gouvernement refuse d’avoir recours aux nouveaux emprunts suivant l’intervention de la Banque centrale.
Le coup de pouce de Harvesh Seegolam
<p style="text-align:center"><img alt="" src="/sites/lexpress/files/images/gallery/_harvesh_seegolam.jpg" /></p>
<p>Le ministre des Finances ne pouvait demander mieux avec la contribution exceptionnelle de Rs 60 milliards de la Banque de Maurice à la veille de la présentation de son Budget pour financer ses dépenses fiscales et sauver l’économie. Une mesure qui suscite toujours controverses et interrogations malgré les explications du gouverneur Harvesh Seegolam sur la provenance de ce montant, soit par l’émission des instruments financiers, entendons par là les BoM Notes.</p>
<p>Pour le moment, Renganaden Padayachy ne s’est pas prononcé sur ce transfert de la Banque centrale, rappelant toutefois, à travers des <em>Private Notice Questions</em> du leader de l’opposition, Arvin Boolell, l’élargissement des pouvoirs de cette institution afin d’assurer plus efficacement sa mission primaire qui est celle de la stabilité des prix et surtout de la soutenabilité du développement économique. Les spécialistes s’attendent cependant à ce qu’il détaille les mesures de relance ou les dépenses financées à partir de cette contribution de la BoM. Le<em> «bail out</em>» des entreprises sérieusement touchées par le Covid-19 ne relèvera pas directement du ministère des Finances. C’est la Banque de Maurice qui s’en chargera, par le biais du <em>Special Purpose Vehicule</em> (SPV). Un montant d’USD 2 milliards sera puisé des réserves officielles de la BoM pour être injecté dans cette nouvelle entité. Celle-ci aura la responsabilité de financer les grosses sociétés opérant dans le textile et l’hôtellerie et qui sont au bord de la faillite.</p>
<p>Hier à la <em>Financial Services Commission</em>, aujourd’hui au gouvernement et à la BoM, respectivement, le tandem Padayachy-Seegolam, qui a la responsabilité de la gestion des finances publiques entre leurs mains, sera suivi de près après la présentation du Budget national, au moment de l’exécution des mesures budgétaires.</p>
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