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Éducation: une reprise scolaire sous le signe de la rupture
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Éducation: une reprise scolaire sous le signe de la rupture
La rentrée scolaire du 1er août ne ressemblera à aucune autre rentrée, car, Covid-19 oblige, l’ensemble du secteur éducatif connaît de nombreux bouleversements. Déjà, certaines des parties prenantes du système – élèves, parents, enseignants, cadres administratifs – doivent se familiariser avec le nouveau calendrier scolaire et ses différentes dates (voir hors texte), alors que d’autres, comme des syndicats, commencent à sortir les griffes et à se poser des questions sur le nouveau plan présenté par la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, samedi. Le nouveau calendrier éducatif, en rupture totale avec ce que les Mauriciens connaissent, se met en place, avec, comme déjà annoncé, la prochaine année scolaire qui commencera en juin 2021 (et non plus en janvier), pour se terminer en avril 2022.
En tout cas, l’actuelle année scolaire durera, elle, plus de 15 mois, car elle est considérée avoir débuté en janvier 2020, avec le premier trimestre se terminant au 18 mars (juste avant le confinement). Le deuxième trimestre, kilométrique, débute le 1er août pour prendre fin le 18 décembre et le dernier trimestre se tiendra pendant les trois premiers mois de 2021.
«Tout cela ne sera pas un petit changement», soutient d’emblée Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union. Il se dit déçu qu’il n’y ait eu ni réunions ni consultations avec les autorités, prévenir les «stakeholders» de tous ces changements. «On nous a mis devant des faits accomplis.»
Le syndicaliste souligne que depuis la présentation faite par la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun, samedi, parents et enseignants se posent plusieurs questions. «Malheureusement, nous n’en avons pas les réponses actuellement. Ce que l’on comprend, c’est que l’année scolaire va débuter en juin et finir en avril à partir de maintenant.» Selon lui, l’on ne pourra revenir sur cette décision après 2022. «Il nous faudra juste nous adapter à cela à partir d’aujourd’hui.»
Toutefois, Vinod Seegum s’interroge sur l’état mental des élèves, une fois la reprise actée. «Pour la première fois, nous allons travailler pendant 20 semaines d’affilée pour un trimestre. Est-ce que la ministre a pensé que les enfants peuvent ressentir une saturation ?» Une reprise par phase était certes inévitable, temporise-t-il toutefois, comme cela a été le cas dans plusieurs pays.
«Pendant le confinement, nous avons suggéré au ministère de laisser les plus grands élèves regagner les établissements avant les plus petits. Au moins, on nous a écoutés sur ce point.» Il se demande, cependant, si les parents vont laisser les enfants souffler pendant la période des fêtes de Noël et de fin d’année. «Nous savons que plusieurs vont vouloir que les enfants poursuivent cette course pour être le meilleur. Ne vont-ils pas forcer les enfants à prendre des leçons particulières durant cette période ?»
Autre sujet qui divise sur la Toile après l’annonce de la ministre est le «timing» sur les jours que les enfants devront se rendre à l’école, à partir du lundi 3 août. Sans compter le préscolaire, qui reprend, lui, le 22 juin (voir hors-texte). Ainsi, par exemple, à partir du 14 septembre, les petits écoliers des Grades 1 à 3 n’iront à l’école que deux jours par semaine et les «grands» des Grades 4 à 6 seront en classe les trois jours restants. Idem pour les collèges, avec deux jours pour les Grades 7 à 9 et trois jours pour les «higher Grades».
Certains parents se demandent comment planifier leur quotidien suite à ces annonces, car, selon eux, cela deviendra un véritable casse-tête au niveau de l’organisation familiale, dans la durée. Pour permettre aux parents de reprendre le chemin du bureau à temps complet, il faudrait que les élèves puissent tous retourner à l’école en même temps. Ce qui reviendrait à renoncer au respect de la distanciation physique au sein des établissements scolaires. Dans ces conditions, tous les parents accepteront-ils de renvoyer leurs enfants à l’école ?
«Tout n’est aujourd’hui qu’une question d’adaptation», soutient le pédagogue Jacques Malié, ancien recteur du collège du Saint-Esprit. «On s’attendait à ce que l’on revoit le calendrier. Ce chamboulement, il fallait s’y faire. Surtout quand on pense qu’il y a des écoles qui ont une population estudiantine de quelque 1 200 élèves, comme le collège du St-Esprit. On ne pourra satisfaire tout le monde.» Toutefois, le retour à l’école a aussi ses bons côtés. «Il est mieux d’avoir une présence physique car un professeur ne pourra être remplacé par la technologie. Souvent, durant les cours en ligne, on se demandait si les élèves étaient là ou pas. En même temps, un retour en classe permet à ceux moins fortunés d’avoir la chance de renouer avec les études.»
Par contre, on arrive presque à se demander si la récréation est devenue une punition au temps du Covid-19. Parce que, dans le nouveau plan du ministère, les élèves ne pourront jouer ensemble, par exemple. Surtout qu’ils devront tous porter un masque de protection. Cela a également suscité beaucoup de réactions des parents sur la Toile. «Mon fils ne peut tenir en place ! Maintenant, vous lui imposez un masque pendant plusieurs heures !» Ou encore : «Les faire rester assis pendant toutes ces heures, bon courage…»
De son côté, Preetam Mohitram, président du Syndicat des recteurs des collèges d’État, dit attendre une rencontre avec la ministre pour avoir plus d’éclaircissements sur le fait que les enseignants devront se rendre dans les collèges du 15 juillet au 1er août. «Mais qu’est-ce qu’ils vont y faire ?» Il demande aussi au ministère de considérer le recrutement de nouveaux enseignants. «Il faudra plus de professeurs afin de respecter à la lettre les normes sanitaires. Avec une vingtaine d’élèves dans une classe, l’autre vingtaine devra être assistée également.» Autre requête demandée au ministère : la mise à la disposition des écoles d’un «kit» sanitaire. «Les écoles n’ont pas les fonds nécessaires pour acheter des thermo¬mètres, des masques ou encore des désinfectants. On nous demande d’être armés mais cela ne peut se faire seul.»
En tout cas, ils sont plusieurs à demander des rencontres et des réunions avec la ministre pour éclaircir certains points, tout en espérant que cela se fera dans les prochains jours. Au niveau du ministère de l’Éducation, l’on affirme que l’exercice de samedi n’était que la première étape d’une communication tous azimuts sur le nouveau système, et que d’autres campagnes d’informations sont prévues dans un avenir proche.
Préprimaire : les «Cobayes» de la rentrée
<p>C’est une toute nouvelle aventure qui va débuter pour les plus petits à partir du 22 juin. Date à laquelle les enfants du Préprimaire, âgés de 3 à 5 ans, se dirigeront de nouveau vers leurs établissements scolaires. Leurs enseignantes, tout comme pour les plus grands, sont appelées à se réinventer. Toutefois, ces dernières ne comprennent toujours pas la raison pour laquelle le ministère de l’Éducation leur demande de reprendre avant tous les autres échelons scolaires. <em>«C’est encore plus difficile de tenir une distanciation physique entre les petits. Vous savez, ils sont toujours à la recherche de câlins et d’affection de la part de leurs camarades ou encore des professeurs. Comment les priver de cela ?»</em> confie cette enseignante dans le milieu public.<em> «On parle de protection, mais comment tenir occupés des petits sans qu’ils puissent jouer ensemble ?» </em></p>
<p>Mais la question qui n’a toujours pas de réponse est de savoir pourquoi ils doivent reprendre le 22 juin. Et, surtout, est-ce que le préscolaire poursuit sa route jusqu’au 18 décembre, date prévue pour la fin du deuxième trimestre ou y aura-t-il un <em>«break» </em>quelque part ? <em>«Les petits sont encore plus à même de contracter une maladie car ils sont plus fragiles. On parle de sécurité et pourtant on se sert d’eux comme des cobayes pour voir comment les plus grands vont s’en sortir. Les parents ont besoin d’un endroit où quitter leurs enfants, c’est l’une des raisons pour laquelle on nous demande de reprendre notre travail !» s’insurge une puéricultrice. Au niveau du ministère de l’Éducation, l’on fait comprendre qu’avec la collaboration de l’«Early Childhood Care and Education Authority»</em>, un programme sera bientôt présenté aux parties prenantes du préscolaire, avec des réponses à leurs questions.</p>
Les dates à retenir
<p><strong>Le calendrier scolaire 2020-2021 :</strong><br />
1er trimestre : 13 janvier au 18 mars 2020<br />
2e trimestre : 1er août au 18 décembre 2020<br />
3e trimestre : 7 janvier au 26 mars 2021<br />
La prochaine année scolaire sera de juin 2021 à avril 2022.</p>
<p><strong>Préscolaire : </strong><br />
Réouverture le 22 juin<br />
Les enfants de 3 ans : deux jours par semaine.<br />
Les enfants de 4-5 ans : trois jours par semaine.</p>
<p><strong>Primaire :</strong><br />
La rentrée se fera le samedi 1er août pour les Grades 4, 5 et 6. Cette journée d’orientation permettra aux élèves de se familiariser à nouveau avec leurs enseignants, entre autres. Pour les Grades 1,2 et 3, la rentrée se fera le samedi 12 septembre.<br />
<strong>À partir du lundi 14 septembre :</strong><br />
Les élèves des Grades 1, 2 et 3 : deux jours par semaine.<br />
Les Grades 4, 5 et 6 : trois jours par semaine.</p>
<p><strong>Secondaire :</strong><br />
La rentrée se fera le samedi 1er août pour les Grades 10, 11, 12 et 13, avec une journée d’orientation pour que les élèves se familiarisent avec les nouvelles conditions d’études. Et pour les Grades 7, 8 et 9, leur journée d’orientation se fera le samedi 12 septembre.</p>
<p><strong>À partir du lundi 14 septembre :</strong><br />
Les Grades 7, 8 et 9 : deux jours par semaine. Les Grades 10, 11, 12 et 13 : trois jours par semaine.</p>
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