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Le parcours parsemé de polémiques d’Ivan Collendavelloo

25 juin 2020, 22:00

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Le parcours parsemé de polémiques d’Ivan Collendavelloo

Il a été révoqué ce jeudi 25 juin dans le sillage de l’affaire Saint-Louis, scandale impliquant des moteurs, le Central Electricity Board, Rs 700 millions et des Danois. Ivan Collendavelloo, «Deputy Prime Minister» et leader du Muvman Liberater (ML), est de nouveau sous les feux des projecteurs. Il avait beau se défendre, mais ses explications n’ont pas convaincu Pravind Jugnauth, qui est en présence de nouveaux éléments. Mais ce n’est pas la première polémique entourant Ivan Collendavelloo. 

L’histoire autour des moteurs de la centrale de St-Louis ne date pas d’hier. Dès 2015, l’ancien député du Mouvement socialiste militant (MSM) Bashir Jahangeer avait commencé à s’intéresser aux moteurs de la discorde. Il avait déjà questionné le ministre sur l’annulation du premier appel d’offres. Bashir Jahangeer reviendra plusieurs fois à la charge, même s’il a été contraint de retirer sa question au moins une fois. En 2016, lors d’un congrès du ML, Ivan Collendavelloo s’en était pris au député et avait lancé : «Mo donn li enn warning, li pa koné ki mwa.» La réaction de Bashir Jahangeer ne s’étaitpas fait attendre. «Collendavelloo s’est indirectement attaqué au leadership du MSM.» Cette guerre entre les deux membres de la majorité avait duré jusqu’à la fin du précédent mandat de l’alliance MSM-ML. Bashir Jahangeer n’était pas le seul membre du MSM qui n'était pas dans les bons papiers du leader du ML. 

Le courant ne passait pas aussi avec son collègue Roshi Bhadain, alors ministre de la Bonne gouvernance. Lors d’une interview, le vice-Premier ministre d’alors devait déclarer que son collègue n’avait pas l’esprit d’équipe. Quelques jours après, Roshi Bhadain réplique sur Facebook. «In any sports, it’s tough to play ball with a sleeping chihuahua…» La bataille interne au gouvernement défraie la chronique. Alors que les autres membres de la majorité tentent de faire semblant que tout va bien, Ivan Collendavelloo, lui, donne la réplique. «Kan mo aboyé, li vo lapenn ékouté.» Sa relation froide avec Roshi Bhadain ? Pas un problème, dit-il. Une relation qui ne s’est jamais réchauffée entre les deux hommes, d’ailleurs, jusqu’au départ de Roshi Bhadain du gouvernement.

Il faut savoir qu’avant de fonder le ML en 2014, Ivan Collendavelloo était au MMM. Sa première participation à des élections remonte à 1983 sous la bannière mauve. Il est élu en tête de liste dans la circonscription n°15 (La Caverne-Phoenix). Mais il ne sera pas long feu comme député. Le 24 mars 1989, un scandale éclate tel un transformateur percuté par une chauve-souris. Suite à une question d’Arvin Boolell, député travailliste en alliance avec le MSM, Anerood Jugnauth éclaire la chambre sur le rôle joué par le jeune député du MMM dans l’octroi d’un passeport à Sol Kerzner. Ivan Collendavelloo, avocat de profession, avait apposé sa signature sur la demande de passeport de l’homme d’affaires sud-africain. Sauf que le parti mauve militait activement contre l’apartheid à l’époque. Et le nom de ce businessman, connu dans l’hôtellerie, est indissociable de la ségrégation raciale. La nouvelle fait l’effet d’un choc électrique. Ivan Collendavelloo démissionne et lors des élections partielles qui se sont suivies, le candidat mauve est battu par Cyril Curé, nouveau venu dans l’arène politique.

Mais il est réélu en 1991 et en 2000. Lors de ces élections et la victoire écrasante de l’alliance MSM-MMM, Ivan Collendavelloo n’obtient pas de portefeuille ministériel. Et, selon plusieurs sources, c’est son propre leader qui y avait posé son véto alors que sir Anerood Jugnauth, lui, était d’accord. La raison de cette prise de position de Paul Bérenger est toujours floue et depuis cette époque, Ivan Collendavelloo n’a pas toujours totalement fait confiance à son leader. Mais l’avocat n’est pas inactif pour autant. Il participe à la rédaction de la loi anti-corruption et même aujourd’hui, il s’en vante. Mais ce séjour au Parlement en tant que député de la majorité ne passera pas dans le calme et la tranquillité… 

Il n’y a pas que les affaires d’État qui ont embarrassé Ivan Collendavelloo. En 2003, ce dernier se sépare de sa concubine après 15 ans de vie commune. Et c’était loin d’être une séparation à l’amiable. Le couple s’affronte à coups d’affidavits rédigés au vitriol. Le point de discorde : la vente de leur maison dont les poignées de portes viennent de France et les meubles d’Italie. L’affaire défraie la chronique ; les détails, parfois scabreux, de la vie privée du couple sont étalés au grand jour dans les documents légaux. Un gagging order et un protection order plus tard, les deux trouvent un accord et l’affaire est enterrée.

En 2018, la population attend toujours la concrétisation d’une promesse électorale de 2014: l’eau 24/7. Mais les robinets sont désespérément secs. Surgit alors un débat qui suscite des passions : la privatisation de la Central Water Authority (CWA). Un partenaire stratégique est même identifié. La nouvelle ne plaît pas et pendant deux ans, les contestations s’enchaînent. Finalement, le projet est abandonné. Ivan Collendavelloo le confirme lui-même. La privatisation n’est pas à l’agenda même si depuis sa création, la CWA «inkapab zer sa problem dilo-la». La situation ne s’est guère améliorée. 

Avant le St-Louis Gate, Ivan Collendavelloo faisait face à un autre problème de taille. Après les élections de 2019, pas moins de quatre candidats, y compris celui du Reform Party, ont contesté son élection dans sa circonscription. Les affaires sont toujours en cour.

Et puis, comment oublier cet épisode qui a fait disjoncter les internautes, entre autres. Et qui concerne le sulfureux Àlvaro Sobrinho. Ce milliardaire angolais avait non seulement investi massivement à Maurice dans le secteur énergétique, mais a aussi décroché deux permis de la Financial Services Commission. Ivan Collendavelloo avait affirmé, lors d’un entretien, qu’il avait rencontré l’homme d’affaires lors d’un dîner à la State House pendant la présidence d’Ameenah Gurib-Fakim, elle-même proche du leader du ML. Alors que les accusations sur la provenance des fonds d’Àlvaro Sobrinho pleuvaient, Ivan Collendavelloo avait déclaré, lors d’une intervention, que le businessman lui avait expliqué que «que l’argent qu’il investit dans le secteur énergétique n’est pas de l’argent volé». 

Sans oublier la fameuse phrase, où le leader du ML avait affirmé avoir «regardé dans les yeux de Sobrinho» et vu que ce dernier était plus que crédible.