Publicité

Échouement du «MV Wakashio»: SMIT Salvage au secours du vraquier

19 juillet 2020, 11:58

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Échouement du «MV Wakashio»: SMIT Salvage au secours du vraquier

Échoué depuis samedi, le «MV Wakashio» pourra enfin être renfloué. Si l’accord a été signé hier entre le directeur du «Shipping» et SMIT Salvage, l’on annonce déjà la venue d’un premier remorqueur en provenance d’Afrique du Sud. Au Parlement hier, le ministre Ramano a confirmé qu’il n’y a pas de déversement d’huile à ce stade.

Quatre jours après le naufrage du MV Wakashio, l’opération de sauvetage peut enfin démarrer. «Un accord de Iloyd’s Standard form of Salvage a été signé entre le directeur du Shipping et la compagnie SMIT Salvage lundi pour prendre des mesures correctives.» C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, hier au Parlement, levant le voile sur les démarches qui seront entreprises par son ministère, le directeur du Shipping et les autorités concernées suivant l’échouement du bateau de 300 mètres de long sur les récifs, à Pointe-d’Esny. 

Ironie : SMIT Salvage, dont les services ont été retenus par l’armateur du MV Wakashio, est une société néerlandaise rachetée en 2010 par… le groupe Boskalis. Pour rappel, il était reproché à la firme néerlandaise Boskalis Bv International d’avoir versé des pots-de-vin de plus de Rs 3 millions à Siddick Chady en 2006, dans le cadre de l’octroi du contrat des travaux de dragage dans le port. Les services de Boskalis comprennent également «la construction et l’entretien des ports et des voies navigables, la remise en état des terres, la défense côtière et la protection des berges», indique celle-ci sur son site. 

Le «salvage agreement» dont il est question comprend notamment le pompage de l’huile lourde, le sauvetage du navire et le déploiement de mesures anti-pollution. Selon les explications du ministre, de Chine, le vraquier se dirigeait vers le Brésil. Son dernier port d’escale est Singapour. Le navire ne transportait aucune cargaison. Le carburant présent est pour sa propre utilisation, soit 3 894 tonnes métriques de mazout à faible teneur en soufre, 207 tonnes métriques de diesel et 19 tonnes métriques de lubrifiants. 

Selon le ministre Kavy Ramano, la coque n’a pas été endommagée à ce stade. En revanche, la salle des machines est inondée dû à une rupture d’un tuyau d’eau. Un premier remorqueur en provenance d’Afrique du Sud est en route vers le site du naufrage. Un second, avec à son bord des équipements pour contrer la marée noire et une équipe de dix personnes, a déjà quitté Singapour, à 9 heures, hier matin, pour La Réunion. De là-bas, six autres «salvers» embarqueront le remorqueur en direction de Pointe-d’Esny. Un remorqueur additionnel sera en stand-by et sera utilisé en cas de nécessité. 

En ce qui concerne la pollution marine, Kavy Ramano a expliqué que le laboratoire national de son ministère a fait un prélèvement des échantillons de l’eau de mer, dimanche, aux alentours de 10 h 30, ainsi que lundi. Des tests sur la présence d’huile, de lubrifiant et d’hydrocarbures ont par la suite été effectués. «Le résultat des tests a confirmé qu’il n’y a pas d’huile, de lubrifiant et d’hydrocarbures.» Et d’ajouter que le National Environmental Lab de concert avec le Ministry of Blue Economy prélèveront des échantillons de l’eau de mer et feront des tests au quotidien. 

«Il n’y a pas eu d’autre fuite» 

Justement, Kavy Ramano a une explication pour les traces d’huiles découvertes sur la plage, lundi. Selon lui, il a été rapporté qu’il y avait des traces d’hydrocarbures sur une distance de 300 mètres. Une petite odeur a également été discernée. Après une enquête menée par la National Coast Guard (NCG), ces hydrocarbures proviendraient de la salle des machines. «Il n’y a pas eu d’autre fuite», a rassuré le ministre. Il a ajouté que le nettoyage du littoral a été effectué lundi, à 21 heures, par les éléments de la Special Mobile Force (SMF) sous la supervision du ministère de l’Environnement. 

Autre annonce : le ministère de l’Environnement a déjà pris contact avec les autorités réunionnaises à travers l’ambassade de France pour parer à toute éventualité. «Une telle demande sera déclenchée seulement dans l’éventualité d’un déversement d’hydrocarbure majeur de l’ordre de 10 tonnes métriques et dépassant les 100 tonnes métriques», précise-t-il. 

En attendant, le ministre de l’Environnement fait ressortir qu’une opération de pompage d’huile débutera et des bouées antipollution seront installées dans les parages du vraquier dans les prochains jours «À hier, selon l’information rapportée par la NCG, il n’y a pas de déversement d’huile lourde. Toutes les précautions sont prises pour empêcher une marée noire.» 

Pour un professionnel maritime du privé, ces traces d’hydrocarbures, qui sont en petite quantité, ne représentent pas un grand danger pour l’environnement. Ce qui n’est pas l’avis d’un membre de l’organisation Eco Sud. «Même si c’est peu, il y aura de la pollution. D’ailleurs, je me demande toujours pourquoi on n’a pas encore installé les flotteurs pour empêcher que l’hydrocarbure se répande.» Il se pose une autre question : «Est-ce qu’il y a assez d’équipements pour faire face à une éventuelle fuite d’hydrocarbures ?» 

Bien qu’il constate l’installation de bouées, il déplore un manque et se demande pourquoi les avoir placées autour du parc marin de Blue- Bay alors que le courant est dirigé vers l’île-aux-Aigrettes. Mais, hier, avec les conditions météorologiques plus clémentes, l’équipe de la NCG de Blue-Bay a installé des bouées antipollution sur une distance de 300 mètres. 

Comment l’eau s’est-elle engouffrée dans le vraquier ? Y aurait-il eu une brèche dans la coque ? À ces questions, le professionnel maritime affirme qu’il ne sait pas, vu que les plongeurs n’ont pas encore inspecté le navire. Mais, dit-il, il est fort possible que ce soit l’eau qui entre par les «passe coque», c’est-à-dire les ouvertures dans la coque, comme pour l’hélice. «Très peu d’eau y entre, dépendant de la qualité de la passe coque.» Est-il possible que ce soit l’eau du ballast qui polluait les plages ? Non, car selon notre interlocuteur, l’eau du ballast, même si elle est salie par la rouille de la coque, n’est pas nécessairement polluée par le fioul. 

Si la salle des moteurs est inondée, le moteur pourra-t-il redémarrer ? «Tout dépend du niveau d’eau, nous explique notre interlocuteur. Si elle a atteint le haut dans les environs de l’allumage, oui. Mais je ne pense pas que ce soit le cas car l’équipage procède justement en ce moment au pompage pour éviter que le moteur se noie.» 

Sébastien Sauvage, également de l’organisation Eco Sud, lance un appel aux autorités pour qu’elles collaborent avec les riverains afin que tout se fasse dans la transparence. «Ce n’est pas quand le mal aura été fait et nos côtes polluées que l’on demandera aux citoyens de se retrousser les manches pour aider au nettoyage. Si l’on peut éviter ce désastre aux conséquences graves, que les autorités collaborent avec les habitants et l’ONG Eco Sud.»

Des barrières flottantes additionnelles placées pour limiter la pollution marine 

Les garde-côtes de Blue-Bay s’activent pour protéger les zones sensibles qui se trouvent à proximité de l’endroit où le vraquier Wakashio s’est échoué. Hier, ils ont profité des meilleures conditions de la mer pour placer davantage de barrières flottantes antipollution autour des sites protégés, dont le parc marin de Blue-Bay ou encore l’île-aux-Aigrettes, qui se trouve à 2,4 km du lieu de l’échouement. 

Ces barrières ont été placées sur environ 300 mètres longeant la côte Sud-Est. Il s’agit d’une mesure de précaution, puisqu’à ce jour, les autorités s’accordent à dire qu’il n’y a pas de fuite de carburant, même si l’eau de la mer continue d’infiltrer le compartiment moteur du Wakashio. Cette délimitation ne peut être effectuée autour du vraquier car les houles sur le récif la rendraient futile. Pourtant, selon un riverain amoureux de la mer, qui a plusieurs fois plongé dans cette région, l’endroit où a eu lieu le naufrage recèle les plus grandes réserves de la faune et de la flore sous-marine du pays avec 30 kilomètres du lagon. 

Hier matin, plusieurs internautes ont attiré l’attention, photos à l’appui, sur le fait qu’un produit noir et visqueux était déposé tout le long de la plage publique. Mais il n’y avait plus aucune trace lorsque l’express s’est rendu sur place à la mi-journée. L’explication obtenue des autorités concernant la présence d’huile sur la plage, c’est que celle-ci proviendrait de la salle des machines qui a commencé à prendre l’eau. 

En revanche, l’eau était inhabituellement mousseuse. Cela indiquerait-il l’utilisation de produits pour nettoyer la plage ? Car selon une source proche du dossier, des éléments de la SMF ont déjà nettoyé le rivage. Ont-ils utilisé un type de détergent ? Nous avons interrogé les autorités concernées à ce sujet mais attendons toujours une réponse officielle. Pendant ce temps, les curieux continuent de se déplacer en nombre pour suivre les derniers développements ou pour se prendre en photo devant le Wakashio.

«Il n’y a aucune information indiquant que l’équipage (…) n’est plus à bord du vraquier» 

Les informations recueillies par l’express à Pointe-d’Esny le lundi 27 juillet indiquaient que les membres d’équipage n’étaient plus à bord du Wakashio. Différentes possibilités sur cette absence étaient examinées par les autorités locales. Sauf qu’hier, la cellule de communication de la police a vertement démenti ces informations, soutenant qu’il ne s’agissait que de rumeurs. «Il y a une enquête en cours et tout est sous contrôle. À notre niveau, il n’y a aucune information indiquant que l’équipage ou une partie de l’équipage n’y est plus. Nous attendons qu’une équipe puisse monter à bord du vraquier en toute sécurité pour en savoir plus sur ce qui s’est passé», nous a déclaré l’inspecteur Shiva Coothen.