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Wakashio: les experts, Horatio Caine ? Colonel Sanders ? Qui sont-ils ?
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Wakashio: les experts, Horatio Caine ? Colonel Sanders ? Qui sont-ils ?
S’agit-il du Colonel Sanders, expert en matière de poulet mariné dans des épices secrètes ? De Gil Grissom, expert en résolution de sordides crimes perpétrés par des psychopathes à Las Vegas ? Peut-être s’agit-il d’Horatio Caine, des Experts Miami, et de ses verres fumés, yeeaaaaahhh ? No. Mais alors qui sont donc ces experts qui ont estimé que le risque de «oil spill was very low», comme l’a annoncé le Premier ministre (PM) sur la BBC ? Parce que quelques jours plus tard, il n’y a pas que le mazout qui s’est «fané»… Consultons les radars, dans le sillage du naufrage du Wakashio.
Le PM l’a dit lui-même, sur la BBC, notamment. La journaliste voulait savoir pourquoi le gouvernement a attendu «so long» pour prendre des mesures contre la marée noire. Il n’a pas fallu longtemps pour que Pravind Jugnauth réponde : «We had to rely on the salvage team, they are the experts and we have to rely on their advice. They said throughout that there was a very low risk of oil spilling and that they were trying to stabilise the ship (…)»
Mais alors, mille sabords, c’est à la tête des responsables de cette compagnie que l’on doit balancer une traînée de jurons – chose dans laquelle les Mauriciens sont passés experts ? Il s’agit, en fait – de SMIT Salvage, qui se qualifie «d’expert» en renflouage, si l’on en croit son site web. La compagnie a des centres d’intervention à Rotterdam en Hollande, à Cape Town en Afrique du Sud et à Singapour.
Le nom de l’autre expert : Nippon Salvage Service Co. Ltd, selon un document que détient Roshi Bhadain, joint au téléphone hier. Le leader du Reform Party a analysé d’un oeil expert l’affaire experts. Et il explique qu’il y a deux formes de déséchouage. «Enn, konpani salvage pran bato-la ek tou séki éna li alé, samem so fees sa, samem fason pay li. Dézieman, li pran tou ek so contenu li al vandé gété ki kapav recover lerla samem li gagné…» Et d’ironiser : «Li›nn (NdlR, le PM) vinn exper lor fié lor exper…»
Le député rouge Shakeel Mohamed apporte lui aussi son expertise sur la question des experts. «Le PM et ses ministres se sont fiés à ce que disent l’équipe de renflouage, recrutée par le propriétaire du bateau et l’assureur.» Et, le but premier de l’entreprise chargée de cet exercice, c’est de sauver le bateau et tout son contenu – meubles, télé, chaises, tout, et surtout le fioul, c’est la façon dont elle est rémunérée. En gros, si elle ne peut rien récupérer, elle n’aura rien, nada. Tout en sachant que le Wakashio avait à son bord quelque 4 000 tonnes métriques de fioul, qui rapporterait environ Rs 43 millions à la revente…
«En tant qu’avocat de formation et donc expert en droit, le PM aurait dû le savoir», selon le chief whip de l’opposition. Qui martèle que les «experts» employés par le propriétaire (NdlR, Okiyo Maritime Corp., compagnie associée de Nagashiki Shipping Co. Ltd., l’opérateur étant Mitsui O.S.K. Lines) avaient d’autres «intérêts» que ceux de l’État mauricien ou de notre environnement à coeur. «On dirait un mari qui va demander à l’amant de sa femme ce qu’il pense de la qualité de la lingerie de celle-ci…» rigole l’expert en métaphores.
Autre affirmation du PM sur la BBC qui provoque des remous : «Weather conditions did not permit that we start to pumping the oil from the tanks.» Mais selon des experts de la météo mondiale – on ne vous parle pas de grenouilles – mais du site Windguru, géré par le National Centers for Environmental Prediction des États-Unis, quand le Wakashio a fait naufrage dans la nuit du 25 juillet à Pointe-d’Esny, le vent soufflait à 32 km/h, avec des vagues de 3,5 mètres de hauteur. Ce «type» de temps a duré jusqu’au 27 juillet. Par la suite, la météo s’est améliorée.
Toujours selon ces archives de ces experts, pendant la journée du 28 juillet, par exemple, la vitesse maximale du vent qui soufflait dans la région du naufrage, pendant la journée, était de 16km/h, avec des vagues atteignant deux mètres. Temps qui a perduré jusqu’au 1er août. Par la suite, du 2 au 5 août, la mer était beaucoup plus agitée et, le lendemain, le 6 août, l’huile noire a commencé à se déverser dans nos eaux turquoise.
Et c’est à partir du 6 août que les autorités ont commencé à pomper l’huile. Si l’on se fie une nouvelle fois aux archives de Windguru, les vagues ont atteint les 2,7 mètres par moments le 9 août. Sinon, pendant toute l’opération de pompage, la hauteur des vagues variait entre 2 mètres et 2,4 mètres. En d’autres mots, pour ceux qui ne sont pas experts en calculs, la mer était plus agitée pendant l’opération de pompage que pendant la semaine du 28 juillet au 1er août… Nous avons sollicité l’avis de nos experts de la station météo de Vacoas à ce propos. L’un d’eux nous a demandé d’envoyer un courriel pour obtenir les informations requises. À hier soir, il était resté sans réponse.
Last but not least, quid des experts qui sont actuellement à Maurice pour un constat de la situation ? Ils ne sont pas très experts en communication avec la presse puisqu’ils n’ont pas souhaité faire de commentaires devant nos caméras, hier. Mais «Ils viennent du Japon, des Nations unies, de France, entre autres», affirment des experts du côté du ministère de l’Environnement et au bureau du PM.
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