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Naufrage du Wakashio: de la drogue à bord ?

22 août 2020, 14:00

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Naufrage du Wakashio: de la drogue à bord ?

Capitaine ô mon capitaine qu’y avait-il à bord de ton vraquier ? De la rouille ? Un peu (ou beaucoup) d’alcool pour faire la fête histoire de pouvoir célébrer un anniversaire ? De la nourriture pour l’équipage aussi sûrement ? De la «farine» ou autre poudre blanche…? Depuis que le Wakashio a fait naufrage à Pointe-d’Esny, le 25 juillet, les questions fusent de partout tel du mazout des cales d’un vraquier, qui fait naufrage. 

Jusqu’ici, officiellement, les membres d’équipage – de même que le capitaine, Sunil Kumar Nandeshwar, 58 ans – affirment comme un seul homme que «l’accident» ayant souillé nos eaux turquoise est dû à «quelques verres de trop» que les marins et lui auraient avalés en ce soir fatidique. Et s’ils se sont approchés trop près de nos côtes, c’est pour capter la connexion wi-fi. Voulaient-ils se connecter à YouTube pour pouvoir se déhancher sur le Waka Waka de Shakira ? On ne sait plus sur quel pied danser. 

En tout cas, nombreux sont les Mauriciens qui ont du mal à gober ces explications. D’autres vont même jusqu’à dire que le vraquier transportait des substances illicites qui rappellent le talc pour bébé dirons-nous pudiquement. Plus sérieusement, des informations venant de différentes sources ajoutent de l’eau au moulin de ceux qui affirment qu’il y avait de la drogue à bord. Des sources policières travaillant sur le terrain avancent même que cette belle cargaison était destinée à deux «parrains» bien de chez nous. De la méthamphétamine (*) pour l’un et de la cocaïne pour l’autre. Une thèse balayée d’un grand revers de la main au quartier général de la police, aux Casernes centrales. Où un haut gradé évoque «la théorie du complot». 

Le plus ridicule, lâche une autre source, c’est que «les autorités ont effectué des tests juste avant le sabordage de la partie avant du vraquier, alors que pendant presque un mois, des dizaines de personnes sont montées à bord. Apré ou palé dimounn dir pé rod kouyonn lizié…» En tout cas, au JT de 19h30, sur la MBC, jeudi soir, on nous a bien montré des «experts» locaux, prélevant à l’aide de cotons-tiges, tels Les Experts CSI, des échantillons d’on-ne-sait-trop-quoi et les récoltant dans de petits «test tubes» tout mignons. Des tests devant détecter la présence de drogue, notamment, fait-on comprendre. Les résultats sont attendus ultérieurement. 

D’ici là, nombreux sont ceux qui clament haut et fort que quelqu’un, quelque part, tente de noyer le poisson, voire le cachalot. Sinon, comment expliquer que les garde-côtes n’ont rien vu venir ? Pourtant, le Wakashio, qui faisait 300 mètres de long avant qu’il ne se disloque, est plus grand que le Titanic, qui, lui, faisait 269 mètres… Le vraquier compte parmi les vaisseaux dits «Capesize» et on en compte seulement 500 dans le monde. Il fait donc partie des «1 % des plus gros navires au monde…» 

Mais alors nos officiers de la National Coast Guard (NCG) ont-ils attrapé quelque mal les ayant rendus «kaylouss» ce soir-là ? Tout en sachant que le radar le Coastal Surveillance Radar System de St.-Brandon et celui de Gris-Gris ne sont pas opérationnels, ce dernier étant hors service depuis janvier à cause d’un problème au niveau du Radar Display Processor, de l’Uninterrupted Power Supply et l’Air Conditioning System. Alors que celui de St.-Brandon n’est pas opérationnel depuis mai à cause d’une faille au niveau du moteur, sans parler du fait alors que le radar d’Agalega a un ennui technique au niveau de la Transmission Unit. Cela fait pas mal de coïncidences troublantes, non ? 

«Encore et toujours la même question. Laissons faire la police qui mène une enquête. Le capitaine du Wakashio a souligné qu’il n’a pas pu établir une ligne de communication avec les garde-côtes mauriciens, aux policiers maintenant de creuser cette piste pour vérifier ses dires. Nou pa kapav tir okenn konklizion ni sipoz tou kalité zafer. Ena pé vinn dir ti éna la drog, ti éna enn parcel. Ceux qui affirment cela n’ont aucune preuve pour étayer leurs dires», lance un haut gradé de la NCG. Qui indique que la priorité de ses officiers, sur le terrain, est de nettoyer, de restaurer les lieux souillés par la marée noire. 

Les pièces du puzzle s’emboîtent en tout cas moins bien que le fioul qui se faufile entre nos beaux mangliers. Quid des allées et venues que des habitants de Pointe-d’Esny disent avoir remarquées le soir du naufrage ? Pourquoi des canots de sauvetage tournaient-ils autour du Wakashio ? Quid des ‘ceintures’ jaunes ramassées sur la plage le lendemain matin par des promeneurs ? Encore un heureux – ou plutôt malheureux – hasard ? Elles proviendraient, en fait, d’un catamaran, a-t-on appris par la suite. 

L’activiste social, Bruneau Laurette – instructeur en krav-maga (NdlR, une méthode d’autodéfense d’origine juive et israélienne, combinant des techniques provenant de la boxe, du muaythaï, du judo, du ju-jitsu, du karaté et de la lutte), expert en protection rapprochée et en maniement d’armes à feu, pour ne citer que quelques lignes de son CV bien garni – a jeté la lumière sur d’autres parties du mystère, cartes et images satellite internationales à l’appui. Il a expliqué que deux remorqueurs, soit le Stanford Hawk et le VB Cartier, se sont approchés du Wakashio lors du naufrage. Qui plus est, un bateau taxi, le Jaika, a effectué une sorte de danse nuptiale autour du Stanford Hawk, au port, à Maurice. Sans parler du fait que le VB Cartier a fait le va-et-vient, à deux reprises, entre Pointe-d’Esny et Rivière-Noire. Bruneau Laurette confie en outre qu’il détient des renseignements démontrant que les deux remorqueurs se sont également rendus à un moment donné à l’île-de-la-Passe. Pourquoi ? Comment ? Difficile de balancer un «so what» dans ce cas. 

Cependant, dans un entretien paru dans notre édition de jeudi, Alain Malherbe, directeur d’Island Maritme Services, et expert en la matière, souligne que sur Marine Traffic, il y a «des milliers de navires que l’on voit circuler et qu’il est inévitable que certains se croisent». Ce qui justifierait la présence des deux remorqueurs autour du Wakashio. Pour ce qui est du bateau taxi, il est dûment enregistré auprès de la Mauritius Ports Authority et transporte des fonctionnaires, notamment des officiers du ministère de la Santé, qui doivent grimper à bord des navires pour effectuer, entre autres, des tests de Covid-19. D’où la présence du Jaika, donc. 

Mais, comme le font ressortir les sceptiques, qui ne manquent pas de logique, comment expliquer que l’hélicoptère, soit le Dhruv, le Barracuda et le dornier n’aient pas été déployés avant la marée noire? Sans compter le fait que les autorités aient attendu si longtemps l’avis des «experts» pour agir… Les mauvaises langues chuchotent ainsi qu’une des personnes à qui la drogue – si drogue il y avait – était destinée, est même montée à bord du Wakashio peu de temps après le naufrage. Puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu et qu’une vidéo faisant apparemment état de cela circulait sur les réseaux sociaux, nous avons sollicité une réaction du principal intéressé qui s’est contenté de nous dire qu’il ne souhaitait pas s’exprimer à ce propos. Et qu’il allait poursuivre ceux qui osent colporter des rumeurs.

Il se murmure également que parmi ceux impliqués dans l’exercice de dépollution, il y en a qui tremperaient dans des transactions pas toujours nettes et n’auraient pas les mains tout à fait propres. Ou encore qu’un homme habitué à porter la longue robe noire serait mêlé à cette histoire qui nous en fait voir de toutes les couleurs. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que les spéculations autour du Wakashio continueront à faire des vagues. Et que la controverse, contrairement au vraquier, aura du mal à prendre l’eau. Jusqu’à ce qu’un autre scandale remorque notre attention ? 

*La méthamphétamine est une drogue appartenant à la catégorie des stimulants et ayant un haut potentiel de dépendance. Connue sous différents noms comme «speed», «meth», «crystal meth» et «chalk», elle se présente sous forme de poudre blanche inodore, amère et cristalline qui se dissout facilement dans l’eau ou l›alcool. Elle peut être reniflée, avalée, injectée ou fumée.