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Marche pacifique du 29 août: une semaine après, comme un vent de liberté…

5 septembre 2020, 12:00

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Marche pacifique du 29 août: une semaine après, comme un vent de liberté…

Une semaine après, la manifestation du samedi 29 août hante toujours les esprits. Comme l’indiquent plusieurs experts, c’est la première fois à Maurice qu’autant de personnes se rassemblent pour exprimer leur mécontentement concernant un gouvernement au pouvoir. En attendant celles du 12 septembre à Mahébourg et du 19 septembre à Rivière-Noire, comment interpréter ce mouvement ? Quid des nombreux internautes et autres citoyens qui se sentent pousser des ailes depuis quelque temps ? 

Comment expliquer cet éveil, ce réveil ? Pour Ashok Subron, syndicaliste et membre du Kolektif Konversasyon Solider, qui prépare en ce moment la manifestation du 12 septembre, l’éveil citoyen est né d’une succession de choses et elle continuera. «Il y a eu le Covid19 et l’insistance du gouvernement à apporter des lois avec lesquelles les citoyens n’étaient pas d’accord. Et ensuite, il y a eu le Wakashio. Les 12 jours d’inaction du gouvernement ont touché les Mauriciens car il s’agissait là de leur mer, de leur océan. Le 6 août, au soir, David Sauvage a débarqué au Mahébourg Waterfront pour fabriquer la première bouée de paille, trois pêcheurs de Mahébourg sont venus aider et ils ont été les premiers à placer la bouée dans la mer, et le 7 on a fait appel aux Mauriciens qui sont venus en masse et c’était une désobéissance civile positive qui avait débuté.» D’ajouter que tout le monde a dorénavant envie de construire une nouvelle île Maurice et que c’est d’ailleurs «Anou poz les jalons d’enn nouvo Moris» qui sera le thème de la marche de samedi prochain. 

Cette envie d’une île Maurice meilleure, nous la voyons sur les réseaux sociaux et dans l’actualité aussi. Qu’ils soient âgés ou jeunes, les Mauriciens n’ont plus peur d’agir, de réagir. Comme ces deux jeunes âgés de 21 et 25 ans, qui, jeudi, sont allés manifester devant l’ICAC car ils avaient envie de faire comprendre qu’ils n’ont pas confiance en cette institution. «De 2015 à 2020, nounn ress monté mem dan classement corruption perception index. Nounn ariv 56e lor 180 pays e l’ICAC ki pe fer ? Eski li pé agir de manier inpartiale ? E transparan ? Nou pa fer zot confians», confie Houzaifah Dussoye, travailleur social. Son ami, Waleed Thug, activiste, abonde dans le même sens. «Nous ne sommes pas un peuple de moutons. On ne porte pas une seule émotion par rapport à tout ce qui se passe. Il y a la colère, le dégoût mais aussi cette fierté d’être Mauriciens et de se battre pour l’intérêt de son pays.» 

Le port du masque obligatoire a-t-il joué un rôle dans le succès de la manif du 29 ? Certaines personnes se sentent-elles plus libres de manifester à visage à moitié couvert ? 

Selon la sociologue Ramola Ramtohul, c’est un fait à prendre en considération. «Pour ceux qui ont voulu manifester et qui travaillent dans la fonction publique ou sont des personnages publics, par exemple, et qui ne veulent pas être reconnus, le fait d’avoir le visage partiellement couvert les a sans doute aidés à manifester comme n’importe quel autre citoyen.» 

Des propos que soutient l’anthropologue Jonathan Ravat. «Le port du masque a facilité la participation de nombreuses personnes surtout des indécis». Il ne faut pas oublier, en même temps, que le port du masque est devenu une chose naturelle. «Nous n’irons pas jusqu’à dire que cela fait partie de notre culture. Mais c’est un peu la norme après la pandémie du Covid-19.» 

Ramola Ramtohul affirme en outre que la marche a «démontré que les Mauriciens ont leur pays à cœur et qu’ils ont des craintes par rapport à l’avenir», explique la sociologue en ajoutant ce que plusieurs ont indiqué : «Une foule contre le gouvernement au pouvoir, c’est une première à Maurice.» Jonathan Ravat fait valoir, pour sa part, que l’environnement est un élément fédérateur. 

Il ne faut pas non plus oublier l’aspect international. Car depuis le début de l’année, le Covid-19 et le port du masque non obligatoire dans certains pays n’ont pas empêché de nombreuses personnes de manifester pour des causes. «La mobilisation citoyenne, nous l’avons maintenant dans le monde entier. Et c’est diffusé et accessible à Maurice. Les Mauriciens ont compris que le monde est en mouvement pour des causes et qu’eux aussi ils peuvent.» 

Du mouvement, il y en a également sur les réseaux sociaux. Mèmes anti-pouvoir, blagues à toutes les sauces, la liberté, c’est également au niveau de l’expression, semblet-il. Qu’en pensent les facebookers ? «Dépi 2-3 semenn, pe kapav exprim nou impé plis. Tou dimounn pé marié piké. Zot pa pou kapav met tou sa dimounn-la dan kaso pou annoyance sipaki non ?»