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«Bour li déor», «lev paké alé»: dan dialog, Morisien kas paké
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«Bour li déor», «lev paké alé»: dan dialog, Morisien kas paké
«Shocking», affirment quelques pudibonds. «Vulgaires», renchérissent de chastes oreilles virginales. «Nou langaz mama péna pli zoli», lâchent des Mauriciens, qui ont mis le paquet lors de la marche pacifique du 29 août. Les slogans, fleuris et imagés à souhait, utilisés ce jour-là, cartonnent toujours sur la Toile. Séga, montages, mèmes, tout y est. On parle même du titre «Bour li déor» comme du prochain disque de l’année… Mais d’où viennent ses expressions ? Les origines ? Les racines ? Bourlinguons entre les opinions.
D’où vient le mot «bour» ? Interrogeons les experts en langaz mama. «Difisil pou koné kot li sorti. Kreol sé enn lang ki kontenir boukou kréasion», déclare Dev Virahsawmy, qui laboure le terrain linguistique depuis plusieurs années. «Bouré éna boukou sinifikasion, koumma galoupé, sové, mé bour éna ousi konotation sexiel…» Sexuelle ou pas, ce n’est pas une raison pour nous prendre pour des bourricots s’insurgent de nombreux Mauriciens. «Mo préfer langaz vilger, ki aksion vilger. La, la, avek tou bann sirkonstans, langaz-la for ek pwisan», clame, déclame, Ziad Peerbux, prof, poète, slameur.
«Ki nou ti bizin dir ? Mets-le dehors ? Prends tes cliques et tes claques et casse-toi ? Kan desann lor koltar, bizin servi langaz koltar. Aster-la si kikenn pé trouv langaz du peuple vilger… Seki (…) pé fer ek nou pli sadik !» balance Olivier Mootoosamy, citoyen révolté. «On aurait dû dire ôtez-vous le ‘kiwi’ de là, alors ?» ironise Vishal, enseignant. Sans doute est-ce le fruit, Les Raisins de la colère…
«‘Fou li deor’ mo ti pou dakor. E souvan sé sa kozé-la ki mo finn tandé. ‘Bour li deor’, pou mwa li vilger ek violan. Tou langaz ena so kozé gra ki exprim nou koler, nou laraz. Ena bann kozé ki asosié a kozé zouré . Si nou kontan nou langaz nou bizin fer tansion pa donn li enn ton ki blésan ou ki vilger. Les mo donn enn lexanp: - ‘Ki finn koud sa rob-la?’ Repons: ‘So mama.’ Repons-la ti kapav : ‘Sor ma .’ Mé ler-la kozé-la pran enn son vilger nou tou kone kifer...» déclare pour sa part Gerard Ahnee, spécialiste du kreol.
Bon, il n’est pas question de s’embourber dans le mazout. Nous sommes allés, n’est-ce point, feuilleter le très distingué Larousse - avec l’auriculaire en l’air, bien entendu, comme nos chers collets montés quand ils prennent le thé (NdlA, pardon pour les clichés). La signification du mot bour/bourre ? 1) Ensemble des poils fins, souples et serrés, du pelage des mammifères, qui assurent la protection contre le froid. La bourre est parfois nommée duvet, bien qu’elle diffère du duvet des oiseaux.2) Toute espèce de poil, laine, fibres ou déchets de fibres en vrac. 3) Déchets ou toute autre matière servant à bourrer une pièce de literie, de mobilier. 4) Duvet végétal épais, qui couvre les bourgeons, les feuilles, les fruits.5) Corps inerte qui maintient en place la charge d’une cartouche.6) Matière inerte servant à bourrer un trou de mine. Nou bouré…
Retour aux sources. Quid de «lev paké alé» ? Le mot paké, bien entendu, a un paquet de significations. D’autres experts que nous avons interrogés expliquent que l’expression «lev paké alé» a été utilisée pour la première fois par un politicien (NdlA, dont nous ne citerons pas le nom ici mais à qui le peuple a prié de ‘lev paké’, à coups de ‘katori’ également) à l’encontre d’un autre politicien – celui qui a tendance à «pisse lor zot», en 2005… Depuis, elle est utilisée à tout-va.
Le degré de vulgarité ? «Sé pou exprim enn form irritasion, pou dir pliy bagaz», souligne Arnaud Carpooran, l’auteur, avec d’autres collaborateurs, du «premie diksioner kreol monoleng». Qu’importe le type de paquet, des Mauriciens, là encore, défendent notre langue bec et ongles.
«Ki ti bizin dir ? Take your package and leave ? Cher Monsieur, veuillez prendre la poudre d’escampette ?» lâche-t-on de part et d’autres.
D’aucuns évoquent également le langage «précieux» utilisé par nos élus et politiciens, parfois même au Parlement. «Batiara, si to piti torpa, tom deor», pour ne citer que quelques expressions à la sauce de chez nous. «Que dire des expressions vulgaires utilisées au Parlement? Les ministres se permettent d’utiliser des mots vulgaires et quand nous, les citoyens, revendiquons nos droits fondamentaux, on trouve qu’on est vulgaire! Je maintiens toujours...’Bour li déor’ et ‘Lev paké alé’!» s’insurge Pooven Moonien.
Le mot de la fin revient à Zezette, qui propose une alternative : «Ô rage, ô désespoir! Diantre Messire Pinok, vous nous en voyez fort navrés de venir vous supplier, ô ciel, de vous laisser bannir par le peuple. Vous sachant toutefois éprouvé par la douleur et l’ennui, confus et désespéré, alors que naguère nous eûmes cru en vos desseins. Faut-il de votre éclat voir triompher l’oracle, et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? Va, nous ne vous haïssons point (….)»
Décidément, avec nous non. Anfin, ar nou non…
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