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Les premières réservations sur la plateforme My Mauritius de La Réunion, Paris et Dubaï
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Les premières réservations sur la plateforme My Mauritius de La Réunion, Paris et Dubaï
86 réservations payantes ont été enregistrées sur la plateforme dédiée, lors de l’ouverture du site Web hier. En attendant la réouverture des frontières le 1er octobre, des opérateurs touristiques définissent une nouvelle stratégie. Toutefois, plusieurs se demandent si les affaires pourront reprendre normalement après une longue traversée du désert…
À compter du 1er octobre, Mauriciens, résidents mauriciens aussi bien que touristes, qui souhaitent séjourner plus de deux semaines dans l’île, pourront accéder au territoire en se pliant aux nouvelles procédures. Ainsi, en sus du test PCR exigé cinq jours avant le voyage, une quatorzaine obligatoire et payante dans un hôtel de trois à cinqétoiles approuvé par les autorités s’impose.
À une semaine de cette réouverture partielle des frontières, les réservations en ligne sur la plateforme dédiée - https://booking.mymauritius.travel/ – hébergée sur le site de la Maurtitius Tourism Promotion Authority (MTPA) sont ouvertes depuis hier, lundi 21 septembre. Si à la mi-journée, la plateforme intitulée My Mauritius fonctionnait, cependant aux alentours de 16 heures, celle-ci n’était plus accessible brièvement avant de reprendre peu de temps plus tard.
Un survol de la plateforme My Mauritius indique trois points de départs pour commencer : La Réunion les 5 et 12 octobre, Paris les 4, 8 et 11 octobre et Dubaï les 3 et 10 octobre. Ainsi, le premier vol commercial arrive de Dubaï le 3 octobre. À la mi-journée hier, la plateforme dédiée affichait une soixantaine de réservations de Mauriciens à l’hôtel Casuarina, un trois-étoiles à Trou-aux-Biches. À la même heure, l’hôtel Ambre à Palmar, un quatre-étoiles, affichait pour sa part, une quinzaine de réservations.
Pour la deuxième arrivée, toujours au départ de Dubaï le 10 octobre, une dizaine de réservations avaient été enregistrées à la mi-journée, hier, à l’hôtel Preskil à Mahébourg, un quatre-étoiles.
Concernant le vol au départ de l’île sœur le 5 octobre, une dizaine de réservations avaient été enregistrés à la mi-journée hier à l’hôtel Lagoon Attitude à Anse-La-Raie, un quatre-étoiles. De Paris, pour la première arrivée le 4 octobre, une quinzaine de réservations avaient été entrés à l’hôtel Holiday Inn, un quatre-étoiles à la mijournée hier. Toujours de Paris, le 8 octobre, cinq réservations à l’hôtel Victoria à Pointe-aux-Piments, un quatre-étoiles.
De Paris toujours, le 11 octobre, les premières réservations s’affichent à Seasense Boutique Hotel & Spa à Trou-d’Eau-Douce, un quatre-étoiles et au Véranda Grand-Baie.
Les mêmes vols et hôtels s’appliquent également aux étrangers (hélas, il n’est pas précisé sur la plateforme si touristes ou résidents). Par contre, pas de répartition entre les réservations de Mauriciens et d’étrangers sur le site Web dédié pour le moment car les chiffres affichés se rejoignent.
Pour finir, selon un communiqué de la MTPA émis vendredi, le forfait de voyage disponible sur la plate-forme dédiée de réservations qui démarre à partir de Rs 35 000 dans un trois-étoiles, à partir de Rs 50 000 dans un quatre-étoiles, comprend l’hébergement en pension complète durant les 14 jours de quarantaine, le transfert de l’aéroport à l’hôtel, les frais sanitaires, dont le test PCR obligatoire.
Le Dr Zouberr Joomaye, porte-parole du National Communication Committee sur le Covid-19, a précisé face à la presse hier que les frais médicaux totalisant Rs 13 500 seront gratuits pour les Mauriciens.
Les vols seront opérés par Air Mauritius et Emirates Airlines et les sièges peuvent être réservés à travers les agences de voyages, centres d’appels et sites Web de ces compagnies aériennes. Quant au transit à l’aéroport, il n’est pas d’actualité pour le moment.
Hier, les Drs Catherine Gaud et Zouberr Joomaye ont confirmé que 86 réservations payantes ont été effectuées sur la plateforme dédiée. Aussi, les voyageurs seront transportés dans 17 hôtels pour la quatorzaine - trois hôtels 5-étoiles, huit hôtels 4-étoiles et six hôtels 3-étoiles.
L’offre touristique redessinée…
«Pour venir à Maurice, c’est fini. Dimanche dernier, ils me l’ont clairement dit. Plusieurs familles d’Allemagne m’ont appelé. Elles ont tout annulé cette année. Il faudra que tout soit ‘cleared up’ pour qu’ils puissent revenir en vacances à Maurice», déclare Sylvain Seblin. Propriétaire du bateau Peter Pan et opérant depuis 1987, ce dernier et son fils, qui est skipper, faisaient visiter le sud-est de Maurice aux touristes. Mais le Covid-19, la fermeture des frontières, l’imminante réouvertures des frontières avec une quarantaine payante et même le déversement de fioul du Wakashio ont eu des effets des plus néfastes sur le tourisme, dit-il.
«Ils ne sont pas d’accord avec la quarantaine et encore moins avec le lagon pollué. Le monde entier a eu les yeux braqués sur Maurice avec la marée noire. Les touristes sont plus sensibles par rapport à la nature.» Ses activités vontelles sombrer comme le Wakashio ou le Sir Gaëtan ? Sylvain Seblin se démène pour ne plus naviguer en eaux troubles. Car depuis sept mois, le Peter Pan est resté à quai.
Mais là, il définit deux stratégies. La première : se mettre à la pêche au gros grâce à son permis d’Outer Lagoon. «Dès le début de l’été, j’irai en haute mer pour cela. Ainsi, je ramènerai du poisson pour vendre», précise l’opérateur.
Deuxièmement, il capitalisera sur les visites en mer pour des groupes de Mauriciens en été. Toutefois, en dépit d’une offre promotionnelle à Rs 1 500 par personne pour un minimum de dix participants par sortie, il émet des réserves. Selon lui, beaucoup de citoyens font face à des problèmes financiers suivant la pandémie Covid-19. «Le forfait comprend du matériel de plongée, tous les repas et boissons ainsi que les visites des sites touristiques. On ne peut baisser davantage le tarif à cause de nos frais d’opérations.»
Pour un autre prestataire dans le domaine depuis 25 ans, la reprise des visites en mer se fera auprès des Mauriciens à prix réduits. «On avait beaucoup de touristes et des ‘repeaters’ de France et de La Réunion. Mais ils ne reviendront pas en 2020. Nous allons nous focaliser sur les Mauriciens, petits et grands, pour les sorties à Trou-d’Eau-Douce, l’île-aux-Cerfs, la cascade de Grande-Rivière-Sud-Est, entre autres», confie-t-il. Les tarifs accuseront une baisse de 20 à 30% et seront applicables tous les jours.
Pour sa part, Sandrine d’Unienville, Manager– Cultural Development and Communication de l’Aventure du Sucre, souligne que le site a mis en place le protocole sanitaire nécessaire et requis pour accueillir des étrangers d’Europe, des Émirats arabes unis et de la Chine. «De plus, nous avons toujours pratiqué un tarif préférentiel pour les Mauriciens et résidents dans un effort de notre établissement de mettre la culture à la portée de tous. Cependant, le marché mauricien ne suffit pas à couvrir les charges d’opérations importantes de ce musée de 5 000 m². Nous avons donc pris la décision de fermer le musée pour le moment et de n’ouvrir que sur demande spécifique pour des teambuildings des entreprises avec des ‘chasses au trésor’ dans la sucrerie, entre autres», affirme-t-elle.
Entre-temps, le musée a enrichi son offre en ligne et permet aux visiteurs de télécharger gratuitement son application audioguide L’Aventure du Sucre. L’établissement maximise également sur son agenda culturel et événementiel composé de soi- rées à thème comme celui de Dreamers, organisé le 4 septembre, des rendez-vous gourmands aussi dans son restaurant Le Fangourin.
Quant à Natacha Mudhoo, Commercial Manager de Casela Nature Parks, elle soutient que la réorientation sur le marché local s’est faite à travers un système de «Pay-As-You-Go» afin de rendre les tarifs encore plus accessibles aux Mauriciens. «Les visiteurs paient désormais le ticket d’entrée à Rs 295 pour les adultes et Rs 200 pour enfants (de 4 à 12 ans) qui incluent l’accès aux zones comme Pangia, Birds and Rides, Predator Kingdom et African Safari. Avant, le tarif était à Rs 550 par adulte», explique-t-elle.
Il a fallu aussi revoir les offres afin d’être compétitif et sortir un peu la tête de l’eau. Ainsi, des remises allant jusqu’à 40 % sont appliquées sur des «value packages» pour les familles, couples, personnes du troisième âge, étudiants, entre autres. Des forfaits pour les entreprises, événements familiaux et culturels sont également effectifs, ajoutet-elle. «Le Casela reste néanmoins fermé les lundis et mardis dans l’attente des arrivées touristiques. La stratégie ‘Pay-As-You-Go’ sera également applicable aux touristes. Avec la période de quarantaine obligatoire de quatorze jours, nous estimons que les premiers visiteurs étrangers seront les Mauriciens qui sont rentrés au pays. Nous espérons que les Mauriciens feront visiter un des plus grands parcs de loisir de l’océan Indien à leurs proches.»
Si les opérateurs de sites touristiques arrivent à réorienter leur marché, ceux gérant les hébergements destinés aux visiteurs peinent. Leur avenir s’annonce sombre. «C’est une véritable catastrophe. Personne ne veut venir chez nous. D’ailleurs, les étrangers séjournent à Maurice pendant sept jours. Dans certains cas, cela peut aller de 14 à 21 jours. Mais là, ils ne passeront pas les trois quarts de leur séjour enfermés en quarantaine», déclare la responsable d’une société spécialisée dans la location de villas. Celle-ci accueillait principalement des Européens, notamment de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie ainsi que des SudAfricains et des Réunionnais, pendant les basses saisons, qui réservent des villas pieds dans l’eau. La seule option, concède-t-elle, est la fermeture. Face à l’abondance des résidences disponibles actuellement sur le marché, les opérateurs ne se retrouvent pas, même en pratiquant une réduction des tarifs. Parallèlement, il est plus difficile de capter le marché local pour ces offres touristiques, soutient-elle. «On n’est pas équipé comme les hôtels avec un budget de désinfection sanitaire. Le marché des villas n’est pas comme celui des établissements hôteliers prônant des week-ends pour les Mauriciens. Nos hébergements comprennent des voisins à côté. Les Mauriciens y viennent plus pour des événements festifs tandis que les touristes privilégient des séjours. Les voisins sont plus habitués à ces derniers et ne veulent pas avoir de problèmes comme du tapage nocturne, etc.»
Pour sa part, Yaseen, chargé de la gestion de six villas dans le Nord, n’a d’autre choix que de destiner ces logements aux Mauriciens, et ce, à 33,3% de rabais. «Je n’effectue les réservations qu’en week-end. Au lieu de Rs 3 000, le prix est passé à Rs 2 000 par nuit. Ça marche un peu», affirme-t-il. Exerçant dans ce domaine depuis cinq ans, il soutient qu’en semaine, cette formule ne séduit pas les Mauriciens. Il en a d’ailleurs fait l’expérience.
«J’ai préféré fermer l’établissement faute de clients. (...) Je mise plutôt sur mon travail régulier pour la survie.»
Avant la fermeture des frontières, il hébergeait surtout des Réunionnais. À partir du 1er octobre, il continuera à travailler avec les Mauriciens. Quels sont les besoins de cette clientèle locale ? Selon lui, ces derniers recherchent surtout des logements familiaux favorisant la tranquillité. «Ils ne recherchent pas de grandes facilités comme une piscine etc. Pour les lieux, ils peuvent privilégier un endroit retiré pour se ressourcer, en amenant ou préparant leurs propres repas», poursuit-il.
Du côté des campements et petits hébergements, la fermeture se prolonge. Néanmoins, cette période sera propice aux rénovations, indique un prestataire qui héberge des Européens à Flic-en-Flac depuis cinq ans. «On bénéficie des plans de soutien mis en place par l’État. J’ai pensé à proposer l’appartement aux Mauriciens ou en profiter pour rénover l’établissement. Je me suis penché plutôt sur la deuxième option. Après les travaux, je vais voir pour l’accueil des clients locaux», indique-t-il.
Idem pour un autre opérateur qui loue généralement son campement aux visiteurs de multiples nationalités. «J’ai préféré fermer l’établissement faute de clients. Comme c’est une activité secondaire, je mise plutôt sur mon travail régulier pour la survie.»
Sollicité sur la stratégie des petits établissements hôteliers, Jocelyn Kwok, Chief Executive Officer de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), explique se concentrer d’abord sur la prochaine phase de réouverture des frontières qui reste sous le contrôle des autorités sanitaires du pays. «Le choix des établissements d’hébergement pour la quarantaine reste donc limité car les autorités ne peuvent former, préparer et gérer une quantité trop grande de petits établissements éparpillés à travers le pays. Cette phase n’est que temporaire heureusement. Si tout se passe bien (il n’y a aucune raison de croire que ce ne sera pas le cas car le risque sanitaire reste le même par rapport à la situation présente), on abordera vite la prochaine phase», indique-t-il.
Par conséquent, estime-t-il, les petits hôteliers de même que les autres structures que sont les résidences touristiques et les maisons d’hôte, ne verront pas vraiment de changement à partir du 1er octobre. «Ils adoptent pour le moment des approches visant surtout la clientèle locale. Cela semble marcher mieux pour certains que pour d’autres. Ils savent aussi qu’en restant sur cette stratégie, ils capteront les Mauriciens uniquement à un tarif plus faible, les résidents et les éventuels touristes feront et termineront la quarantaine au préalable dans un autre établissement hôte- lier. Ce dernier segment ne se matérialiserait que si notre approche de réouverture par phase arrive à convaincre les voyageurs, mais il restera petit de toute manière», ajoute-t-il.
Les opérateurs touristiques sollicitent une rencontre avec Pravind Jugnauth
<p> Les mesures mises en place en marge de la deuxième phase de l’ouverture de nos frontières pourraient, à la longue, causer du tort à l’industrie touristique et à notre image sur le plan international. Sans compter que la polémique autour de la quarantaine payante n’arrange pas les choses. Dans cette optique, l’Association des touropérateurs, en collaboration avec d’autres opérateurs dans le domaine, déposent aujourd’hui une lettre au bureau du Premier ministre. Ils réclament une rencontre avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth pour partager des opinions qui auraient pu échapper aux autorités lors des consultations restreintes qui ont eu lieu avec d’autres parties prenantes.</p>
<p><em>«La stratégie de consultation doit être revue. En voyant les opérateurs de la plateforme en ligne de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), on arrive à comprendre les raisons lobbyistes avancées par certains dans un but commercial. Puis, quand on parle du redémarrage de l’industrie touristique en général, il faut que ce soit participatif. Tant de préoccupations qu’on souhaite aborder avec le Premier ministre»</em>, affirme Ajay Jhurry, président de l’Association des opérateurs touristiques (AOT).</p>
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