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Affaire St-Louis: Ivan Collendavelloo dans le viseur de l'ICAC

2 octobre 2020, 22:00

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Affaire St-Louis: Ivan Collendavelloo dans le viseur de l'ICAC

L’étau se resserre autour d’Ivan Collendavelloo, qui avait poussé pour la nomination de Christelle Sohun au sein de l’Independent Review Panel. Les enquêteurs s’intéressent particulièrement à la fuite d’informations relatives à l’appel d’offres concernant la centrale thermique du CEB.

L’enquête dans l’affaire St-Louis passe à la vitesse supérieure. Après la convocation et l’arrestation d’Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun (connu comme Alain Hao Thyn Voon), c’était au tour de Kemraj Moojee, comptable de PAD CO, d’être convoqué à titre de témoin au quartier général de la commission anti-corruption (ICAC). En présence de son homme de loi, Me Hishaam Oozeer, le comptable a dû expliquer le rôle joué par l’Executive Director de PAD CO, Alain Hao Thyn Voon, par rapport à la santé financière de l’entreprise de construction, fondée par le père Hao Thyn Voon, par ailleurs président du comité olympique mauricien.

Et quid d’un prêt de plus de Rs 300 millions ? Le comptable Moojee devait avancer qu’il n’avait pas trop de détails à ce sujet mais qu’il avait reçu des instructions du Finance Manager et d’Alain Hao Thyn Voon pour effectuer un transfert de ce montant en plusieurs tranches à la maison mère et à d’autres compagnies dont Alain Hao Thyn Chuan Ha Shun est actionnaire à titre personnel. Les enquêteurs tentent d’établir le lien entre ce transfert d’argent et les malversations alléguées.

Quant à Alain Hao Thyn Voon, après avoir passé deux nuits au Moka Detention Centre, et avoir été inculpé pour blanchiment d’argent, il s’est acquitté en cour de district de Port-Louis, hier, d’une caution de Rs 300 000 et il a signé une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. La cour ne lui a imposé aucune autre condition après que ses avocats, Mes Shailesh Seebaruth et Rishi Bhoyroo, ont présenté une motion en ce sens. La commission anti-corruption lui reproche, en effet, d’avoir détenu une somme de Rs 49 millions sur le compte de la compagnie de construction à l’ABSA Bank (ex-Barclays Bank) entre septembre 2016 et octobre 2018. Cette somme, soupçonne l’ICAC, émanerait d’un crime, voire d’un acte de corruption ou d’un pot-de-vin.

Par ailleurs, Rakesh Kumar Dhununjoy, Senior Engineer au CEB, en était à sa seconde convocation au quartier général de l’ICAC, hier. Il a de nouveau été interrogé under warning, en présence de son avocat, Me Ritesh Ramful. Les enquêteurs tentent de faire le lien entre les malversations alléguées dans le cadre du contrat accordé à Burmeister Wain Scandinavian Contractor (BWSC) pour ce projet en 2014 et 2015 respectivement et l’appel d’offres lancé par le CEB. Ils ont réitéré leurs questions sur la fuite d’informations confidentielles, notamment des copies de courriels portant sur la préparation de la procédure d’appel d’offres envoyé à PAD CO et à BWSC. «Comme je vous ai dit, c’était une ‘équipe de projet’ composée des MM. Jahajeeah et Appasamy, le consultant Mott Mc Donald, le représentant de la Banque africaine de développement (BAD), qui étaient, eux aussi, en possession de ces documents confidentiels. Je ne suis pas l’auteur qui a communiqué ces informations sur les ‘exigences’ non finalisées à PAD CO ou à BWSC», maintient le haut cadre. Selon nos sources, l’ICAC a vérifié des mèls émanant de son ordinateur portable mais rien d’incriminant n’a été retrouvé.

Ce qui fait, poursuivent nos sources, que les enquêteurs devraient par la suite passer par une demande d’assistance juridique mutuelle (MLA) pour pouvoir fouler le sol danois et y mener un interrogatoire. «Les mèls doivent être passés à la loupe pour identifier l’informateur et c’est là que le(s) nom(s) de l’informateur pourrai(en)t être révélés. Mais quelles sont les procédures à être respectées pour pouvoir recueillir des témoignages, des informations et l’accès aux preuves ou dossiers ?»

Sollicité, Me Siddhartha Hawoldar qui avait représenté l’un des accusés dans l’affaire Boskalis quand l’ICAC voulait interroger les témoins néerlandais explique : «C’est l’Attorney General de Maurice qui doit communiquer avec son homologue danois et échanger des lettres rogatoires pour solliciter cette assistance juridique basée sur la réciprocité. Cela veut dire que, si jamais les autorités de ce pays ont besoin de l’aide de Maurice, elles vont réagir», précise l’homme de loi. Il ajoute : «La MLA facilitera l’entrée des enquêteurs et l’accès aux dossiers. Un représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques peut les accompagner.»

Et qu’en est-il de la convocation de Christelle Sohun ? Étant donné que les officiers de l’ICAC sont en possession d’informations tangibles ayant trait à une copie sans signature du ruling de l’IRP qui aurait atterri chez les contracteurs. Et qui devrait indiquer si, ayant siégé sur ce board, Sohun est l’auteure de toute fuite d’information confidentielle visant à favoriser des tierces…

Collendavelloo: «pas possible de vous parler au téléphone»

<p>Après Christelle Sohun, c&rsquo;est au tour de l&rsquo;ancien ministre Ivan Collendavelloo de se retrouver dans le collimateur de l&#39;ICAC, organisme qu&#39;il a contribué à créer. Convoqué &laquo;très prochainement&raquo;, l&rsquo;ex-<em>&laquo;Deputy Prime Minister&raquo; </em>et ministre de l&#39;Énergie sera confronté à des questions relatives au résumé du rapport de la BAD, dans lequel son nom est cité ; rapport auquel des irrégularités ont été évoquées lors de l&rsquo;exercice d&rsquo;appel d&rsquo;offres. Selon nos informations, Ivan Collendavelloo devra aussi fournir des explications sur ses relations avec Christelle Sohun qui a été nommée pour siéger au sein du <em>&laquo;board&raquo;</em> de l&rsquo;IRP. <em>&laquo;Il ne faut pas oublier non plus, que ces maldonnes alléguées et le contrat alloué à PAD CO par le CEB tombe sous sa tutelle, comme ministre de l&#39;Énergie et des services public&raquo;,</em> précise notre source. Nous avons pu joindre Ivan Collendavelloo hier soir : <em>&laquo;Ce ne sera pas possible de vous parler sur cette grosse affaire au téléphone. Cela ne se fait pas. D&rsquo;ailleurs, je suis dans une mortalité.&raquo;</em></p>

Qui est christelle Sohun…

	<p><em>&laquo;She is no one in the profession. C&rsquo;est quand son nom a circulé comme étant une proche d&rsquo;Ivan Collendavelloo que nous avons su qu&rsquo;elle est notre consœur dans la profession.&raquo;</em> Telles sont les réactions des membres du barreau que nous avons interrogés par rapport à l&rsquo;avocate Christelle Sohun. <em>&laquo;Elle venait en cour, à la requête d&rsquo;Ivan Collendavelloo, pour réclamer des renvois dans des procès et ce serait tout&raquo;,</em> confie-t-on. Selon nos sources, la jeune femme a gravi les échelons grâce au <em>Senior Counsel</em> et en 2015, après l&rsquo;accession de l&rsquo;alliance Lepep au pouvoir, elle a été nommée membre de l&rsquo;<em>Independent Review Panel, </em>avant d&rsquo;être nommée ambassadrice de Maurice en Australie. Sollicitée à plusieurs reprises, Christelle Sohun n&rsquo;est jamais revenue vers nous. Au ministère des Affaires étrangères, l&rsquo;on fait ressortir qu&rsquo;en raison de l&rsquo;enquête de l&rsquo;ICAC, Christelle Sohun ne pourra pas, pour le moment, prendre son poste d&rsquo;ambassadrice à Berlin ; poste qui lui était réservé avant que n&rsquo;éclate l&rsquo;affaire St-Louis.</p>
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