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Réouverture partielle de nos frontières: entre angoisse et assurance

4 octobre 2020, 22:00

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Réouverture partielle de nos frontières: entre angoisse et assurance

«Il faut se préparer au pire, car la possibilité, mêmeminime avec la quarantaine obligatoire, que le virus se propage, est réelle.» C’est la principale réponse de plusieurs Mauriciens que nous avons interrogés, au sujet de la réouverture des frontières. S’ils semblent, la plupart, unanimes à dire qu’il était temps de reprendre les activités aériennes car l’économie du pays est en souffrance et que des milliers d’emplois sont directement concernés, ils ne comprennent pas comment l’on peut dire, avec certitude, qu’il n’y aura pas de deuxième vague. «Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans les autres pays. La Réunion est un exemple. Maurice devrait présenter un plan au cas où des centaines de cas seraient recensés à nouveau. Lor la nou pa pe tann nanyé», indique l’un parmi ceux en rogne contre le fait qu’à chaque fois, le gouvernement annonce tout avec assurance. «Kumsamem ti vinn dir Moris péna okenn ka… apré finn bizin al asté medikaman an irzans…», lâchent les plus pessimistes.

Du côté du ministère de la Santé, des sources officielles soutiennent que les personnels sont déjà formés. Qui plus est, il n’y a pas de problème sur les équipements. «Aucun manque d’équipements ou de médicaments n’est à noter, pour le moment. Le plan reste inchangé, comme au début des premiers cas recensés dans le pays. Nous sommes préparés à faire face, même dans le pire des scénarios…»

Toutefois, du côté du personnel soignant, l’angoisse est omniprésente, avec les cas recensés récemment. «Lor bann vol ki ti pé vini, pé tandé mem komié ka pozitif pé gagné, laper pou travay la pé revini…» Ces employés relatent les mois qui ont précédé, difficiles sur tous les plans. «Nous avons tout mis de côté, vie sociale, familles, loisirs… Désormais, nous craignons que la situation nese stabilise jamais avec le nombre de passagers attendus… Nou pou bizin ress on-gard mem.»

Le Dr Catherine Gaud, conseillère spéciale auprès du bureau du Premier ministre, contactée, soutient qu’il n’y a pas vraiment de risque d’importer le Covid-19 avec l’ouverture des frontières. «Les contrôles mis sur pied que ce soit à l’aéroport ou dans les centres de quarantaine devraient éviter tout risque de contamination»… À condition que les passagers respectent les protocoles. À la question de savoir si on n’est pas plus exposé avec le non-confinement, elle assure que tant que les protocoles sont respectés et les tests effectués, il n’y aura pas de risque accru, même si Maurice est un pays surpeuplé où le virus peut se propager rapidement.

Qui plus est, l’ouverture des frontières est partielle car seuls quatre vols hebdomadaires sont prévus. On ne peut parler de risque élevé, estime l’immunologiste. A-t-elle une idée du nombre de touristes qui se préparent à venir ? «Je n’ai pas les chiffres mais selon les rapports de nos ambassades, beaucoup d’Européens sont intéressés à fuir le froid et l’exposition au Covid en Europe pour se réfugier temporairement à Maurice, classé Covid-free. Nous avons bien géré l’épidémie ces derniers mois, je ne vois pas pourquoi nous ne réussirons pas après la réouverture des frontières.»

Elle rappelle aussi que les employés de centres de quarantaine ont déjà reçu les formations nécessaires dans la gestion de ces hôtels. Et maintient qu’aucune étude n’a jusqu’à l’heure conclu que le virus aime le froid et est plus actif en hiver.

De son côté, lui, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a fait savoir, lors d’une cérémonie officielle, jeudi, que son gouvernement compte faire tout son possible afin d’éviter une nouvelle contamination sur le plan local, chose qui ne sera pas facile, a-t-il souligné...

Le tourisme local, seule alternative ?

<p>Daniel Saramandif, président de l&rsquo;Association of Tourism Professionals (ATP), présageait déjà bien avant la réouverture des frontières que les touristes ne viendraient pas de sitôt. Pas seulement à cause de la quarantaine obligatoire, mise en place par l&rsquo;Etat, mais en raison de la situation mondiale. De nombreux sont économiquement en difficulté. &laquo;Les voyageurs venant de la France, de l&rsquo;Inde ou encore de La Réunion, ne sont pas motivés car leur séjour dure en moyenne dix jours.&raquo; Selon lui, l&rsquo;heure n&rsquo;est pas à se &laquo;battre&raquo; avec les autorités pour une reprise normale car le principal but demeure la santé et la sécurité sanitaire afin de protéger toute une population.</p>

<p>Le seul moyen de booster le domaine de l&rsquo;hôtellerie, du tourisme, bref, tout ce secteur, est de privilégier le tourisme local. &laquo;Il faudra davantage se concentrer sur ce marché car, peu à peu, il fait ses preuves. Il n&rsquo;y a qu&rsquo;à voir les hôtels en week-end, ils affichent complet.&raquo;</p>

<p>Quid d&rsquo;une deuxième vague de Covid-19 ? C&rsquo;est un aspect à ne pas négliger, indique Daniel Saramandif. La Réunion, par exemple, où des contrôles stricts sont aussi exercés, fait tout de même face à une augmentation de cas. &laquo;Mais les frontières ne pourront pas rester fermées indéfiniment. Des risques doivent être pris. Il faut désormais apprendre à vivre avec le maximum de précautions...&raquo;</p>

 

L’Air Mauritius Cabin Crew association propose des mesures aux autorités

<p>Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, à celui des Affaires étrangères ainsi qu&rsquo;au Bureau du Premier ministre, entre autres, Yogita Babboo, la&nbsp;présidente de l&rsquo;Air Mauritius Cabin Crew Association, qui regroupe 400 employés, liste une série de recommandations afin de contrer le coronavirus. Parmi celles-ci, des zones bien délimitées pour chaque membre d&rsquo;équipage à bord, y compris la cuisine, ainsi que des interactions réduites entre les équipages pendant le service. Des repas en boîte pour atténuer les risques de contamination et faciliter le nettoyage des déchets. L&rsquo;élimination des déchets ne doit pas être associée à la prestation des services.</p>

<p>Le positionnement de l&rsquo;équipage sur un siège passager doit être séparé des passagers réguliers. Il faut également fournir un hébergement facultatif à l&rsquo;équipage qui ne peut pas s&rsquo;isoler à la maison ; tenir compte du fait que les membres d&rsquo;équipage en isolement continu ne seront pas en mesure de subvenir à leurs besoins de base, par exemple l&rsquo;approvisionnement alimentaire dans les supermarchés. Le protocole de quarantaine pour les membres d&rsquo;équipage nécessite des jours de repos sans isolement pour permettre des interactions sociales normales. La lettre suggère, en ce sens, un système de rotation similaire à celui du personnel médical. Le maximum d&rsquo;effectifs de l&rsquo;équipage de cabine doit être disponible conformément à un plan d&rsquo;urgence efficace à temps plein. De même que de concevoir un schéma financier pour les salariés d&rsquo;Air Mauritius Ltd afin de les accompagner dans cette phase très difficile qui prévaut dans l&rsquo;industrie du transport aérien.</p>