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Noémie Barragan: «Il y a des alternatives à la chasse»

13 octobre 2020, 12:00

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Noémie Barragan: «Il y a des alternatives à la chasse»

Spécialiste du comportement des animaux, la jeune Française Noémie Barragan, qui a adopté notre pays, a attiré l’attention des autorités sur la maltraitance des animaux. Il y a des alternatives à la chasse, dit-elle. Lors d’une conférence de presse, jeudi dernier, celle connue pour son amour pour les animaux a demandé aux autorités d’intervenir pour empêcher l’ouverture d’une école de la chasse proposée par un chasseur professionnel, qui fait la promotion de cette activité depuis 17 ans. Selon ses dires, son message a été bien entendu par le gouvernement et elle attend un retour très prochainement. 

«On n’est pas contre les chasseurs. Rien à voir. On veut juste qu’il n’y ait pas une école de meurtres. Oui pour une école de la faune et de la flore, mais non à la cruauté animale», affirme Noémie Barragan, porte-parole du Collectif Sauvons nos cerfs. Elle nous confie qu’elle s’attendait à recevoir des menaces après sa prise de position. «Bien au contraire, j’ai eu énormément de soutien de la communauté des chasseurs. Il y a une prise de conscience de certaines personnes. Auparavant, j’avais aussi pu convaincre des chasseurs d’abandonner cette activité en leur faisant comprendre que les animaux ont aussi des sentiments. Je leur ai fait rencontrer ma biche Nefertiti», raconte cette éthologue. 

Ayant étudié scientifiquement le comportement des espèces animales, dont l’humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental, Noémie Barragan avance qu’il y a des alternatives à la chasse. «On peut rentabiliser les parcs tout en s’amusant. Par exemple, comme le parc Kruger, on peut proposer des safaris. Même pour les chasseurs, il y a d’autres alternatives. Le but est de trouver des solutions tous ensemble», dit la jeune femme de 29 ans. 

Des témoignages de personnes passionnées de chasse l’ont choquée. «Il y a celui d’un jeune de 22 ans qui dit avoir été initié à la chasse par son grand-père à l’âge de six ans. Comment vole-t-on l’âme d’un enfant ? Il faut apprendre à aimer à un enfant, et non à tuer. L’autre témoignage est celui d’une femme de 33 ans qui évoque la curiosité et de l’adrénaline. On ne peut pas être curieux de tuer des animaux. J’ai aussi regardé des vidéos postées sur YouTube par des chasseurs mauriciens. On voit des cerfs en train de se noyer. D’autres se font déchiqueter par des chiens. Les chasseurs, eux, rigolent pendant ce temps. L’homme des cavernes chassait pour manger mais maintenant on parle de passion, de sport et de plaisir… Mais ce n’est que de la torture animale», s’insurge Noémie Barragan. 

Son appel aux autorités n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. «J’ai reçu un appel du bureau du Premier ministre. Et beaucoup de choses ont bougé pour le bien-être animal. Je suis assez contente», fait-elle ressortir. À ce stade, on n’en saura pas plus. La directrice de Horsepro Ltd (écurie de spectacle équestre et animalier) nous dira, toutefois, «qu’il est temps que notre île devienne exemplaire, surtout après le coup du Wakashio, pour faire revenir des touristes. Ce qui sera favorable pour l’économie du pays». Noémie Barragan ajoute, dans la foulée, que son prochain combat concer- nera l’exportation de singes de laboratoire. «Il y a plusieurs témoignages de médecins. Il existe d’autres alternatives que de captiver des singes et les torturer. Ce qui se passe est ignoble», souligne-t-elle. 

Par ailleurs, celle qui possède un sanctuaire pour les animaux – avec une cinquantaine d’espèces – a décidé de l’ouvrir au public. Les détails devraient être communiqués vers la fin d’octobre. «C’est pour permettre aux gens de prendre conscience et de faire la connaissance des animaux pour mieux les respecter. Il sera aussi possible d’en adopter. Mais avant, on ira vérifier les lieux et chaque mois, on fera une inspection», indique Noémie Barragan. Pendant le confinement, ajoute-t-elle, elle a reçu beaucoup d’appels de «personnes qui devaient rentrer dans leur pays, mais qui ne pouvaient pas ramener leurs animaux. Sans compter d’autres appels de personnes malades ou qui n’ont plus les moyens de continuer à s’occuper de leurs animaux». 

Cela fait quatre ans que Noémie Barragan est installée à Maurice. Originaire de Paris, elle a suivi son fiancé mais, quand leurs chemins se sont séparés, elle est restée. Elle confie qu’elle a grandi et toujours évolué aux côtés d’animaux. D’ailleurs, si elle est devenue végétarienne (attention, elle ne demande pas qu’on lui emboîte le pas, mais plutôt qu’on ne s’adonne pas à la torture animale), c’est bien par reconnaissance envers les animaux qui lui ont sauvé la vie. 

«Une fois, un de mes chèvres voulait manger un type de feuille. J’ai grimpé dans un arbre pour en cueillir. J’ai basculé en arrière et je suis tombée… sur mon cochon, qui se prélassait au soleil. Lorsqu’il m’a vue grimper dans l’arbre, il a accouru et s’est mis sur le dos, les quatre pattes en l’air. Aujourd’hui, j’aurais pu être handicapée ou morte, s’il ne m’avait pas sauvé la vie.»