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La révolution des singes face à l’empiètement humain

14 octobre 2020, 15:39

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La révolution des singes face à l’empiètement humain

Les habitants des alentours et les habitués du jardin Balfour à Beau-Bassin, ne savent plus sur quel pied danser. Depuis plus de trois mois, des singes se multiplient sur les lieux. Si au début, «c’était un ou deux», comme l’explique un habitant de Beau-Bassin, «maintenant ils viennent en groupe». Gros, petits, moyens, ils terrorisent le voisinage qui dit craindre pour sa sécurité. «Ils pénètrent dans nos cours. On doit fermer toutes nos fenêtres. Sans compter que nos habitudes l’après-midi ne sont plus d’actualité. Nous ne pouvons plus aller nous balader dans le jardin et emmener les enfants car ils montrent des signes de violence. Ils envoient des noyaux ou autres sur les gens», ajoute une femme. 

Le dernier incident remonte à la soirée d’hier, mardi 13 août. Une femme raconte qu'elle faisait la vaisselle avec son bébé à ses côtés quand elle a entendu un bruit dans son dos. Quand elle s’est retournée, elle a vu un singe adulte sur la table de cuisine. L’animal se montrait menaçant et sautait dans tous les sens. Le primate a ensuite arraché un biberon et une sucrerie de la main de son bébé. L’animal a saccagé toute la cuisine, poussé des cris avant de s’enfuir par la fenêtre des toilettes. 

Si dans la region de Balfour et de Montagne-Longue on n’est certes pas encore au stade de “la planète des singes”, on s’en rapproche. Selon le ministère de l’Agro-industrie, le nombre de macaques sauvages ne cesse de s’accroitre de jour en jour. «Nous sommes au courant de la situation et nous avons déjà commencé à mettre en place des manoeuvres comme des trappes avec des cages pour les attraper et les relâcher ailleurs sans qu’on les blesse. Cependant ces animaux, très intelligents de nature, ont au fil du temps compris et nous n’arrivons plus vraiment à les attraper de cette manière», explique un préposé du ministère. Il ajoute que le ministère est toujours en train de penser à une manière nonviolente pour régler cette situation car l’abattage des singes est interdit à Maurice. 

Mais comment et pourquoi ces animaux ont-ils autant proliféré ? Selon des experts au ministère, ce ferait suite à la destruction de leur habitat naturel par l’urbanisation. Cependant, selon Laurent Levallois, chargé de communication scientifique du groupe Noveprim, la situation au jardin Balfour est représentative de beaucoup d’autres endroits à Maurice. «La population sauvage de singes a dépassé la capacité d’accueil des écosystèmes de notre île. Les singes se multiplient sans contrôle et il n’existe plus d’endroit sauvage pouvant accueillir davantage de singes. Dans d’autres pays plus grands, on pourrait capturer les singes près des habitations et les relocaliser en milieu sauvage mais cela n’est pas une approche durable dans notre situation.» Selon lui, c’est parce que nos forêts sont déjà bien trop habitées par ces espèces. «Nos forêts sont déjà saturées en primates et le macaque, qui est une espèce exotique, est un prédateur pour les espèces endémiques d’oiseaux, de plantes et de reptiles. Il est capital de préserver la richesse naturelle de notre pays.» 

Il existerait deux solutions pour deux problèmes différents, en ce qu’il s’agit des singes sauvages. La première est que «dans les endroits comme le jardin Balfour où la situation est urgente et où les singes représentent un danger immédiat, il serait judicieux de les capturer et de les relocaliser dans des élevages ou des refuges», explique Laurent Levallois. La seconde solution est que, dans les endroits où la situation est moins urgente, il serait préférable de mettre en place un programme de gestion durable de la population de singes sauvages. «Ce programme consisterait à capturer, stériliser et relâcher les singes in-situ. C’est la solution la plus durable mais qui donne un résultat seulement après plusieurs années d’efforts. Noveprim a d’ailleurs formé ses vétérinaires à la stérilisation par endoscopie.»


Pourquoi seuls les singes élevés en captivité sont exportés pour la recherche ?  

<p>Selon le chargé de communication de noveprim, la première contrainte est légale. il explique, qu&rsquo;en europe, il est légalement très compliqué d&rsquo;utiliser des animaux issus de la nature. <em>&laquo;c&rsquo;est quasiment interdit. c&rsquo;est encore possible aux états-unis mais les laboratoires préfèrent de loin utiliser des singes nés en captivité.&raquo;</em> en effet, on explique que les animaux nés en captivité sont bien plus adaptés pour la recherche. ils sont considérés comme étant en meilleure santé, adaptés à la captivité et à la présence de l&rsquo;humain avec qui ils collaborent. <em>&laquo;les singes en liberté comme à balfour s&rsquo;adaptent moins bien aux conditions de laboratoire et les organismes de recherche, soucieux du bien-être des singes, préfèrent héberger des animaux non stressés nés en captivité plutôt que des animaux sauvages&raquo;</em>, ajoute laurent levallois.</p>

 

 

 

 

Biosphere veut élever jusqu’à 7 500 primates à Tamarind Falls 

<p>La compagnie <em>Biosphere Trading Ltd</em>, engagée dans la capture, l&rsquo;élevage en captivité et l&rsquo;exportation de primates, veut étendre ses activités. Elle veut augmenter ses capacités d&rsquo;élevage avec de nouvelles cages, un hôpital, un laboratoire, un vestiaire, un entrepôt et un espace de bureaux sur un site proche de ses installations à <em>Closel</em>, Tamarind Falls dans le district de Rivière-Noire. Elle a ainsi fait une demande de permis pour une <em>Environment Impact Assessment </em>sur deux lots de 3 ha et 1 ha respectivement. Dans le document soumis, la compagnie explique qu&rsquo;elle capture des singes dans la nature pour les élever en cage. Sa colonie actuelle compte 6 500 primates, qui inclut des porteuses, 2 000 petits et 1 500 qui grandissent. Les nouvelles cages devraient abriter jusqu&rsquo;à 3 000 primates. Et, la compagnie veut atteindre 7 500 primates dans quelques années. Il est aussi possible d&rsquo;acheter des singes auprès des autres fermes. La compagnie emploie une quarantaine de personnes. Selon la compagnie, la zone résidentielle la plus proche est à 3,7 km. Cinq sociétés font l&rsquo;élevage et l&rsquo;exportation de primates vers les États-Unis, le Canada, la France, et l&rsquo;Espagne, entre autres, pour les besoins de la recherche médicale. Biosphere compte exporter 1 500 primates par an. Tous ceux qui veulent s&rsquo;opposer au projet d&rsquo;extension ont jusqu&rsquo;au 31 octobre pour le signaler. Par ailleurs, l&rsquo;ONG &laquo;<em>Action for Primates and Progress Science Mauritius/NO Animal Experiments&raquo;</em> a lancé une pétition contre l&rsquo;expansion de la ferme et contre la capture des singes dans la nature. Dix mille signatures sont requises, avec un millier déjà obtenues. Cette ONG et beaucoup d&rsquo;autres dénoncent l&rsquo;utilisation des singes pour la recherche médicale, qui les utilisent pour des expériences en laboratoire.</p>

 

 

 


On a le droit d’avoir un singe seulement comme animal domestique 

<p>C&rsquo;est une question que beaucoup se posent. A-t-on le droit de posséder un singe comme animal domestique ? Selon l&rsquo;<em>Animal Welfare Unit</em>, ce n&rsquo;est pas illégal de posséder un singe. <em>&laquo;Une personne a le droit d&rsquo;élever uniquement un singe pour qu&rsquo;il soit considéré comme animal domestique. Cependant, il faut que l&rsquo;animal soit élevé dans de bonnes conditions. C&rsquo;est-à-dire pas de chaînes, suffisamment d&rsquo;espace et une cage appropriée pour son bien-être, une nourriture appropriée et des suivis vétérinaires, entre autres&raquo;</em>, explique un officier. Cependant, si on a plus d&rsquo;un singe, c&rsquo;est considéré comme un élevage et la personne doit s&rsquo;inscrire auprès de la <em>National Parks and Conservation Service</em> (NPCS). Sinon, c&rsquo;est un délit.</p>