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Inflation en hausse: sauvés par le prix des légumes
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Inflation en hausse: sauvés par le prix des légumes
L’indice des prix à la consommation a atteint 106 points en septembre 2020, contre 103,3 à la même période en 2019. C’est ce qui ressort d’un rapport publié par Statistics Mauritius, mardi. Cette hausse annuelle de 3 % – et de 0,8 % par rapport à juin 2020 – est attribuée, selon ce rapport, à l’augmentation du prix des fruits, boissons gazeuses, jus concentrés, poissons et autres produits alimentaires. Les cigarettes, qui coûtent plus cher, y ont également contribué. En revanche, la baisse notée dans le prix des légumes (et des taux d’intérêt pour les prêts au logement) a considérablement compensé la hausse générale des prix.
Si le prix des légumes n’avait pas subi de baisse, le taux d’inflation serait donc encore plus élevé. À quoi doit-on cette baisse du prix de nos pommes d’amour et autres légumes dernièrement, au-delà de la baisse saisonnière de l’hiver ? «Avec le Covid-19, nous dit Kreepalloo Sunghoo, le président de l’Association des petits planteurs, beaucoup de ces légumes n’ont pu être exportés. De plus, la baisse de 98 % des arrivées touristiques a provoqué un surplus de légumes sur le marché et, donc, une baisse des prix.» Il ajoute que le prix a tellement baissé que beaucoup de planteurs ont laissé pourrir leurs récoltes dans les champs.
Projets de conservation
Et si, parallèlement, le prix des fruits, jus de fruits et autres viandes a augmenté, c’est parce que ces produits sont importés, observe Kreepalloo Sunghoo. Il concède, cependant, qu’il ne sait pas «si c’est la roupie dévaluée ou le problème d’approvisionnement de produits importés qui a causé cette hausse des prix à l’importation. En tout cas, le Covid-19 et la fermeture des frontières viennent confirmer l’importance de tendre vers la sécurité alimentaire». Qu’en est-il de la surproduction de légumes ? Y a-t-il un risque que cela provoque une telle baisse de prix que les agriculteurs soient découragés et tentés d’abandonner ? «Justement, explique le représentant des petits planteurs, il est temps que le gouvernement vienne, par le biais de l’Agricultural Marketing Board, avec des projets de conservation de légumes et pourquoi pas de transformation.» D’autant qu’il a noté une petite augmentation dans la consommation de légumes «due probablement à la baisse du pouvoir d’achat de beaucoup de Mauriciens qui se rabattent sur le végétarien, le prix de la viande (sauf le poulet) ayant pris l’ascenseur».
Mais le pire est à venir. Statistics Mauritius annonce un taux d’inflation de 2,8 % d’ici la fin de l’année, contre 0,5 % à la fin de 2019. La Banque de Maurice avait, le mois dernier, projeté un taux d’inflation à 2,5 %. Pour l’économiste Eric Ng, il est clair que cette baisse du pouvoir d’achat, couplée aux incertitudes dans le monde du travail, affectera les achats de fin d’année. «Les consommateurs seront plus prudents et pourront acheter moins de produits avec la même somme d’argent» que l’année dernière. Il rappelle que le ministre des Finances a prévu un taux d’inflation encore plus conséquent d’ici juin 2021.
Une analyse qui correspond avec celle d’Ibrahim Koodoruth, sociologue. Celui-ci prévoit un taux d’inflation supérieur à 2,8 % dès décembre, si jamais une seconde vague de la pandémie frappe le pays. «Comme durant le mois de mars, les Mauriciens seraient tentés de préparer un stock de produits chez eux, ce qui augmentera la demande et, conséquemment, l’inflation. La qualité de vie en général se détériorera encore plus et il faut s’attendre qu’il n’y ait pas cette frénésie d’achats habituelle pour la période des fêtes. Les emplois sont précaires à cause du Covid-19 et je pense que les Mauriciens préféreront économiser que dépenser.»
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