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On y était - Les Justes: entre émotions et questionnement

17 octobre 2020, 10:08

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On y était - Les Justes: entre émotions et questionnement

C’est hier soir, vendredi 16 octobre, qu’a eu lieu la première de la pièce «Les Justes», présentée par la Trup Sapsiway, au théâtre Serge Constantin, à Vacoas. Pièce en 5 actes du prix Nobel de Littérature, Albert Camus, elle a été traduite en créole par Darma Mootien et mise en scène par Gaston Valayden. «Les Justes»,  présentée pour la première fois en 1949, est inspirée de faits réels survenus dans la Russie de 1905.

Un groupe de socialistes révolutionnaires russes met sur pied l’assassinat du grand-duc Serge. Grâce à Boris Anennkof plus connu sous le nom de Boria (Robert Furlong), Dora (Kelly Ang-Ting Hone), Stepann Federof (Jean Claude Cathéya), Alexis (Sharvesh Kemraz), Ivan Kaliayef plus connu sous le nom de Yanek (Edeen Bhugeloo), Foka (Darma Mootien), Iskouratof (Jérome Boulle) et la grande-duchesse (Géraldine Boulle), les spectateurs sont plongés en pleine révolution.

Chacun des personnages apporte une vision de la révolution et comment elle doit être faite. En proie à la tyrannie, la question qui se pose est : peut-on tuer pour rendre justice et redonner au peuple sa liberté ? Face à cette question essentielle, plusieurs propositions s’opposent et c’est au final aux spectateurs de juger. Ces révolutionnaires sont-ils des justes, comme le demande Camus ou des assassins ?

Ces questionnements nous sont transmis par le biais des acteurs. Une bonne pièce n’est pas celle où il n’existe pas de couacs, mais celle qui a su y remédier et transmettre différentes émotions aux spectateurs. Et tel a été le cas pour cette présentation des Justes. La traduction, faite dans un créole populaire, atteint facilement le public. Le décor épuré, qui est la marque de fabrique de Gaston Valayden, laisse place à l’imagination du spectateur. Les comédiens d’expérience que sont Jean-Claude Cathéya, Géraldine Boulle, Darma Mootien et Robert Furlong, de même que les habitués des caméras que sont Edeen Bhugeloo et Jérôme Boulle ont chacun intégré parfaitement leurs personnages. 

La virulence de Stepann Federoff et l’idéalisme de Yanek, jeune poète qui fait la révolution avec la fleur au fusil, n’ont pas manqué de faire réagir le public.

C’est toutefois sur les deux jeunes talents de la pièce, à savoir Kelly Ang-Ting Hone et Sharvesh Kemraz, que nos regards se sont attardés. C’est la première fois que ce dernier joue dans une pièce de théâtre et pour Kelly Ang-Ting Hone c’est sa première expérience d’un drame. Pour une première tentative Sharvesh Kemraz a su jouer le jeu et donner vie comme il se doit à son personnage.

Intégrant le groupe à quelques semaines de la première, c’était pour Kelly Ang-Ting Hone un énorme défi d’endosser le rôle de Dora. Un des rôles principaux de la pièce. Si ses débuts sont un brin tendu, plus la pièce s’étire, plus elle prend ses marques. Elle s’approprie son personnage, improvise quand les mots viennent à manquer. Pour au final transmettre au public, ses questionnements, sa justesse, son amour perdu pour Yanek et un beau tombé de rideau ou larme à l’œil, Dora marche vers la mort. Finalement, la révolution oui, mais à quel prix et acceptez-vous de la payer ? A chacun d’y répondre.

Deux autres représentations se tiendront durant le week-end, donc ce soir à 20 heures et demain, dimanche, à 14 heures, au théâtre Serge Constantin à Vacoas.