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Enn letap inportan
Il est assez clair pour la majorité d’entre nous que la langue créole est parlée par l’immense majorité des habitants de l’île (avec d’autres langues), et il semble donc tout à fait naturel que le kreol fasse son apparition de manière officielle comme langue utilisée au parlement mauricien. À y regarder de plus près, plusieurs institutions utilisent le kreol comme langue orale, mais en ce qui concerne l’écrit, cela prend plus de temps pour que cette langue soit utilisée au même titre que les autres autorisées au Parlement. De plus, tous les meetings des hommes politiques et tous leurs discours officiels se font en kreol, lorsque le Premier ministre prend la parole, il le fait en kreol : qu’est-ce qui empêcherait, donc, que celles et ceux qui veulent s’exprimer dans cette langue au Parlement ne puissent pas le faire ? On ne comprend pas trop la logique, sinon qu’il reste des barrières mentales et sociales assez fortes pour que cette langue, qui est le medium principal et quotidien de tous les hommes politiques, ne soit pas reconnue à sa juste mesure et à sa juste valeur dans le champ politique et institutionnel.
Lorsque des universitaires et des académiques travaillent d’arrachepied, depuis bien longtemps déjà, pour tenter d’installer le kreol dans toutes les sphères de la société, ces initiatives et ces études ne peuvent être que saluées, reconnues et vivement encouragées. Lorsque certains parlent du kreol comme étant un patois, ce mot est connoté historiquement et négativement, car il fait référence à la politique coloniale française des langues, et plus largement, à la manière dont le français (variété de la langue d’oïl parlée dans le Nord de la France) s’est imposé sur tout le territoire français durant ces deux derniers siècles. Les langues qui étaient parlées dans les diverses régions de France étaient (sont) appelées «dialectes», et les variantes d’un dialecte étaient (sont) appelées «patois». Pour éviter ce genre de classifications donnant plus de valeur à la langue qu’au dialecte ou au patois, tout ce qui se parle doit être appelé «langue», ce qui simplifie, d’une certaine manière, les choses. Et si on prend bien conscience que le kreol est une langue, et non un patois ou un dialecte, alors il sera mieux accepté par certaines élites.
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