Publicité
Emploi: le chômage post-Covid frappe plus les femmes et les jeunes
Par
Partager cet article
Emploi: le chômage post-Covid frappe plus les femmes et les jeunes
Une analyse des effets socioéconomiques du Covid-19 effectuée conjointement par Statistics Mauritius et la Banque mondiale indique une hausse de 5,9 % du chômage entre mai et juillet. Les femmes et les jeunes seraient les plus affectés.
À la levée du confinement en juin, ceux qui ne pouvaient pas travailler à distance ont repris le chemin du travail, mais tel n’a pas été le cas pour beaucoup de femmes et de jeunes, qui avaient un emploi avant le Covid-19. C’est le constat de Statistics Mauritius, dans son Rapid Continuous Multi-purpose Household Survey pour la période allant de mai à juillet 2020. L’objectif de cette étude conjointe de Statistics Mauritius et de la Banque mondiale est de mesurer les effets socio-économiques du Covid-19 sur les familles mauriciennes à travers un échantillon de 2 634 ménages.
En effet, le taux de chômage chez les femmes est passé de 9,9 % au premier trimestre à 11,1 % en juillet 2020. Chez les hommes, la hausse est passée de 5,2 % à 9,8 % mais ces derniers ont plus tendance à rechercher un autre emploi. En revanche, les femmes ont tendance à devenir inactives. Chez les jeunes de 16 à 24 ans, s’ils étaient 54 000 à avoir un emploi au premier trimestre, ils n’étaient que 40 600 en mai. Toutefois, ce nombre est remonté à 45 900 en juillet. Idem pour les jeunes au chômage. Si, au premier trimestre, ils étaient 18 100, ce chiffre était descendu à presque la moitié, soit 9 800, pour remonter à 20 600. Le taux de chômage est passé de 25,1 % au premier trimestre à 31 % en juillet.
Sollicité, Reeaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP) affirme ne pas être surpris par ces chiffres. «Dans le cas des femmes, beaucoup d’entre elles travaillent dans le textile, le tourisme ou comme employées de maison. Vu que beaucoup de personnes ne touchent que leur salaire de base, elles ont cessé d’embaucher des employées de maison. D’autre part, si le gouvernement a émis des règlements pour qu’il n’y ait pas de licenciements, des entreprises comptant moins de 15 employés se séparent de certains d’entre eux. Le gouvernement devrait étendre, jusqu’à avril, la période interdisant aux firmes de licencier», estime-t-il.
Une autre réalité, enchaîne le syndicaliste, est que des sociétés licencient pour recruter d’autres employés et leur donner un salaire plus bas. «Dans la rue, on voit que le nombre de travailleurs informels est en hausse. C’est le seul moyen dont disposent des femmes, qui ont été licenciées. Elles essaient de trouver un autre emploi, mais en vain. Chez les hommes, c’est différent dans le sens que la dette familiale repose sur leurs épaules», indique Reeaz Chuttoo. Selon lui, des personnes qui envisageaient de prendre leur retraite ont dû revenir sur leur décision car le revenu familial a diminué avec les licenciements. Par rapport aux jeunes, Reeaz Chuttoo explique que depuis que le gouvernement a introduit le Self-employed assistance scheme, beaucoup de jeunes sans emploi se sont inscrits comme employés à leur propre compte pour toucher l’allocation. Mais, lorsqu’on a cessé de payer cette allocation, ils se sont réinscrits au chômage.
«Chez les jeunes (…) le taux de chômage est passé de 25,1 % au premier trimestre à 31 % en juillet.»
Par ailleurs, le syndicaliste souligne que la baisse du taux du chômage a été réalisée de connivence avec des employeurs, qui n’ont pas enregistré leurs employés auprès des institutions concernées. «Pendant le confinement, ces derniers ont été chercher leur dû auprès de leurs patrons. Et ceux-là ont demandé aux employés de s’enregistrer comme travaillant à leur propre compte pour bénéficier de l’allocation. Le patron ajoute ensuite le reste du montant. Les employeurs ont peur que leurs employés portent plainte contre eux. D’où cette démarche. On a eu plusieurs cas de la sorte durant le confinement», soutient le syndicaliste. La hausse du taux de chômage, dit-il, s’explique aussi par «ceux qui ont perçu un emploi à travers le Youth Employment Programme. «Au bout des deux ans, le gouvernement ne peut forcer les entreprises à les embaucher».
D’autre part, le rapport du bureau des statistiques relève qu’au premier trimestre, l’emploi formel était de 384 000 (72 %) et l’informel de 150 800 (28 %). En mai dernier, deux tiers de la baisse d’emploi, soit 129 400 personnes, provenait du secteur informel. Néanmoins, avec la levée du confinement en juin, l’emploi informel a rebondi par 44 900 personnes (73 %) en juin et 12 700 autres (12 %) en juillet. Mais, en comparaison au taux estimé au premier trimestre, l’emploi informel comptait autour de 31 600 (21 %) employés de moins.
Publicité
Les plus récents