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Trump vs Biden: qui serait mieux pour l’économie mauricienne ?
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Trump vs Biden: qui serait mieux pour l’économie mauricienne ?
La bataille fait rage entre les républicains et les démocrates, dans la course à la Maison Blanche. A l’heure qu’il est Joe Biden a remporté 238 collèges électoraux contre 213 à Donald Trump (il en faut 270 pour gagner), etune incertitude sans précédent plane sur les états qui seront décisifs. Les mauriciens suivent ces élections avec beaucoup d’intérêt, mais au-delà des préférences politiques des uns et des autres, il y a certaines réalités économiques qui nous concernent et qui ne mentent pas, et ce même si les relations commerciales entre Maurice et les Etats-Unis sont le cadet des soucis de Biden et Trump en ce moment.
A analyser de près le programme économique de chaque camp, l’on note que les différences sont dans la marge avec des incidences insignifiantes sur les relations commerciales Maurice-États-Unis. En revanche, la rivalité entre ÉtatsUnis, Chine et Inde, avec un changement de locataire à la Maison Blanche pourrait influencer géopolitiquement la région.
Indépendamment du vainqueur du scrutin du 3 novembre, qui sera entre Donald Trump ou du démocrate Joe Biden, il va sans dire que les priorités des décideurs économiques se joueront ailleurs. Car les États-Unis comme un partenaire commercial ne pèsent pas lourd dans la balance. Les opérateurs exportent en moyenne Rs 7 milliards chaque année sur le marché américain. Et importent en revanche pour plus de Rs 4 milliards, ce qui laisse un surplus commercial d’un peu plus de Rs 3 milliards chaque année. Certes, l’accord commercial, l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) permet de développer un partenariat économique entre les États-Unis et des pays d’Afrique subsaharienne, dont Maurice. Une palette de produits sont ainsi écoulés sur le marché américain sans quota et hors taxe, dont majoritairement du prêt-à-porter.
Toutefois, l’accord commercial n’a pas une durée de vie indéterminée. Il doit théoriquement prendre fin en 2025. Donald Trump, s’il dispose d’un nouveau mandat, pour- suivra la même stratégie privilégiant la réciprocité commerciale et le protectionnisme. Raison pour laquelle, Maurice se positionne déjà pour négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis. D’ailleurs, le président sortant a déjà entamé les négociations pour l’accord commercial avec le Kenya en juillet dernier. Une démarche que certains spécialistes voient comme des signes prometteurs, quelle que soit l’issue des élections, pour les relations commerciales entre les États-Unis et le continent africain.
Urgence sanitaire
Il est quasi impossible de prédire qui sera à la tête des États-Unis en 2025 ou encore quelle sera d’ici là la stratégie américaine pour le commerce avec l’Afrique, d’où la pertinence pour Maurice de commencer à se préparer. Maurice Vigier de la Tour, qui a longtemps milité en faveur de l’AGOA, confiait à l’express récemment que, selon lui, si Joe Biden est élu, il est peu probable que l’AGOA soit renouvelé après 2025 et qu’il serait également difficile d’entamer et de compléter pendant les quatre prochaines années des négociations bilatérales avec les 38 pays d’Afrique éligibles à l’AGOA. «Même l’administration Obama était opposée à une extension éventuelle de l’AGOA au-delà de fin septembre 2025 et avait recommandé le démarrage des négociations pour des accords de libre-échange au niveau régional.»
L’économiste Swadicq Nuthay a une tout autre lecture. Il ne croit pas que la priorité de Trump ou de Biden est pour le moment un nouveau partenariat économique avec l’Afrique. «Le nouveau locataire de la Maison Blanche a des urgences économiques et sanitaires à gérer avec l’effet de la pandémie. La population américaine, celle visiblement frappée par l’effet de la crise, s’attend à mieux sur ces deux terrains.»
En revanche, Swadicq Nuthay estime que vu que le choix final du prochain président prendra des jours, voire des semaines avant d’être confirmé à son poste comme certains spécialistes le prévoient, une telle situation est susceptible de plonger les États-Unis dans une longue période d’incertitude. Ce qui par ricochet affectera le marché financier et accessoirement l’économie déjà contractée à 4,3 % cette année. Car il est connu que le marché financier réagit très mal dans une période d’incertitude où il n’existe aucune visibilité à court et moyen terme.
L’analyste financier Kevin Teeroovengadum, pour sa part, situe la présidentielle dans la mouvance d’un changement de suprématie économique. À savoir la montée de la Chine comme une super-puissance économique comptant 20 % du PIB mondial et qui passera à 25 % d’ici 2025. «L’économie mondiale opérera dans l’incertitude pendant une longue période et ce aussi longtemps que les États-Unis et la Chine ne parviennent pas à tomber d’accord sur le partage du gâteau international.» Et d’ajouter que les deux candidats doivent démontrer comment ils vont gérer la puissance chinoise, qu’elle soit économique, technologique, voire scientifique.
«L’approche multilatérale de Biden ne sera pas un smooth sailing vis-à-vis de la Chine. Tout dépendra du soutien ou non qu’aura le candidat démocrate des pays européens et asiatiques contre Beijing pour développer un front diplomatique.» Entre-temps, les spécialistes insistent que malgré les critiques contre le candidat sortant, qui ne cache pas d’ailleurs sa tendance pro-capitaliste, voire probusiness, il peut se flatter de n’avoir pas entraîné les États-Unis dans aucune guerre durant son mandat. Et ce contrairement à ses prédécesseurs comme Georges W. Bush ou même Barack Obama.
Et quid du dollar ? Swadicq Nuthay prévoit un léger affaiblissement face à l’euro dans une conjoncture économique dictée par l’incertitude du marché. «L’euro est à 1.17 le dollar. Je ne vois pas la monnaie européenne reprendre trop le terrain après la présidentielle car le billet vert est par excellence une valeur refuge.» Une analyse que Kevin Teeroovengadum ne partage pas totalement. «Si Trump remporte la présidentielle, le marché mondial saura comment réagir. On ne s’attend pas à des changements. En revanche, une victoire de Biden plongera le marché dans l’incertitude pour les prochains six mois et ce jusqu’à qu’il décide de définir sa politique.»
La présidentielle demeure à bien des égards un game changer pour l’administration américaine témoin d’une nouvelle redistribution des cartes.
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