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Meurtre de Christiana Chery: sa fille, qui avait 3 ans alors, ne cessait de réclamer sa maman
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Meurtre de Christiana Chery: sa fille, qui avait 3 ans alors, ne cessait de réclamer sa maman
Bilaal Elahee a été reconnu coupable du meurtre de Christiana Chery, hier, mercredi 11 novembre. Il doit purger 29 ans de prison pour avoir tué cette mère de 27 ans à l’époque. La juge Ratna Seetohul-Toolsee, de la cour d’assises, a pris en considération le fait que l’accusé a plaidé coupable ainsi que les preuves apportées par les enquêteurs et le médecin légiste avant d’aligner la peine d’emprisonnement avec la sévérité de l’acte.
Cette affaire remonte au 16 février 2017. Le corps de Christiana Chery avait été découvert dans un champ de canne, à l’arrière de Medine Business Park, à Bambous. La jeune femme, dont la disparition avait été signalée une semaine auparavant, portait des blessures à l’abdomen et au cou. La Major Crime Investigation Team avait procédé à l’arrestation de Bilaal Elahee, qui était passé aux aveux le lendemain de la découverte macabre. Il avait dressé une chronologie des événements. Il avait fait la connaissance de la mère d’une fillette de trois ans, dans une discothèque à Grand-Baie. «Nous nous sommes liés d’amitié lorsque je faisais des courses comme chauffeur (de taxi marron) pour elle et nous sommes tombés amoureux.» Le 9 février 2017, les deux devaient se rencontrer.
Il avait récupéré la victime. Ils se sont rendus sur la route principale de Petite-Rivière, où Christiana s’est arrêtée chez un proche. Direction Cascavelle. Selon le jeune homme, il a arrêté la voiture immédiatement après avoir tourné à gauche en direction de Beaux-Songes. La victime et lui sont descendus du véhicule pour se rendre dans un champ de canne. Ils se sont disputés. «Elle était droguée et se prostituait. On se disputait souvent à cause de son mode de vie et elle m’avait promis de changer de vie mais hélas, comme elle avait besoin d’argent pour se droguer, elle ne pouvait tenir parole», avait plaidé cet homme, disant vouloir faire une bonne action en la remettant dans le droit chemin. Bilaal Elahee a finalement donné plusieurs coups de cutter à Christiana Chery à la suite de cette dispute.
Mais, en fait, cette jeune femme avait changé de vie, avait raconté sa mère à la presse après le drame. Elle souhaitait partir avec son fiancé réunionnais, se marier à l’île sœur, repartir de zéro, avec sa fille. À l’époque où elle a été tuée, elle préparait l’anniversaire des trois ans de sa petite fille et des 70 ans de son père. Enfant qui ne cessait de demander quand sa maman allait revenir…
En cour, l’habitant de Quinze-Cantons, Vacoas, a tenu à présenter ses excuses à la famille de la victime, à la société et à la cour. «Non, je n’avais pas l’intention de la tuer. J’ai agi tout simplement par jalousie, colère et provocation étant donné qu’elle m’avait confié qu’elle allait avoir des rapports sexuels avec un client, sans protection contre un paiement de Rs 10 000.» D’ajouter l’avoir agressée sous l’influence d’une substance inconnue. «Elle m’avait remis une boisson ce jour-là. Après l’avoir agressée, j’ai été pris de panique en voyant le sang. C’est là que j’ai voulu me débarrasser du corps», s’est défendu cet homme et qui dit être issu d’une bonne famille. Plaidant coupable, il a demandé la clémence de la cour afin de subvenir aux besoins de sa mère âgée et sa sœur. «Je fais de petits boulots et je travaille dans un supermarché à plein temps après mes études en premiers soins et en informatique. Je remets mon salaire à ma mère.»
Après avoir commis son forfait, Bilaal Elahee s’était également débarrassé de l’arme du crime dans une rivière tout près du rond-point de Beaux-Songes. Le Dr Maxwell Monvoisin, qui avait pratiqué l’autopsie, a attribué le décès à une «slashed wound of the neck and stab wound of the abdomen». La jeune femme avait dix plaies : cou, joue gauche, épaules, poignet, estomac et pied gauche. Ce qui implique, dit le médecin-légiste, que la victime a subi une attaque brutale et atroce et que ces blessures au visage démontrent que l’accusé voulait la défigurer.
Le rapport de toxicologie indique également que la femme consommait de la drogue. La mère de la victime a, quant à elle, témoigné que sa fille, adoptée toute petite, avait quitté la maison pour acheter une cigarette pour elle et une sucrerie pour sa petite fille. «Elle n’est jamais revenue à la maison. D’ailleurs, après son divorce, elle est tombée amoureuse d’un autre homme avec qui elle voulait construire sa vie à l’île sœur, une fois mariée.» Après avoir écouté les témoignages, la juge estime que la version de l’accusé selon laquelle il a paniqué en voyant la victime inconsciente ne tient pas la route. «Il a suivi des cours en premiers soins et sa version n’est pas plausible. Il a également maquillé ce crime en appelant la mère de la victime à deux reprises pour s’enquérir d’elle», note la juge Seetohul-Toolsee.
«L’acte de l’accusé a privé une enfant de l’amour de sa mère. La cour ne peut fermer les yeux sur ce crime atroce et une prostituée a le même droit et bénéficie de la même protection que tout autre citoyen et ne peut être considérée comme un citoyen de seconde classe», fait-elle ressortir. Toutefois, en tenant compte de l’âge de ce meurtrier, son casier judiciaire vierge et les excuses présentées, elle estime qu’une peine de 29 ans est proportionnée. «La cour doit envoyer un signal fort à la société. Toute personne reconnue coupable sous une accusation de ‘manslaughter’ est passible d’une peine d’emprisonnement de 45 ans. Sauf que l’accusé doit bénéficier d’une remise de peine, vu qu’il a coopéré avec la police et a plaidé coupable», conclut la juge aux assises.
Pour toutes ces raisons, Bilaal Elahee, qui avait retenu les services de Me Madan Dulloo, assisté de Nabiil Kaufid, purgera une peine de 29 ans.
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