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Une mort atroce à deux ans: pourquoi la mère d’Ayaan n’a rien fait ?
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Une mort atroce à deux ans: pourquoi la mère d’Ayaan n’a rien fait ?
Retour sur ce drame. Muhammad Ayaan Ramdoo rend l’âme le vendredi 13 novembre. Ses proches, ayant appris son décès et soupçonnant un crime, alertent la police. Les forces de l’ordre arrivent juste à temps pour stopper les funérailles et récupérer le cadavre en vue d’une autopsie. Le Dr Shaila Prasad-Jankee, médecin légiste, attribue le décès à des blessures résultant d’actes de brutalité. Il avait, d’ailleurs, plusieurs ecchymoses sur le corps.
L’express a rendu visite à la grand-mère paternelle… qui habite Le Hochet, Terre-Rouge. Fazila Ramdoo revient sur le mariage religieux (Nikka) de son fils Adil et de la suspecte il y a sept ans. «Elle était au collège lorsque mon fils et elle ont décidé de se marier. Tout allait bien mais ma bellefille était de nature désobéissante, si on peut dire cela. À chaque remarque, elle quittait la maison conjugale à Baie-du-Tombeau et elle revenait au bout de quelques semaines.»
Pour Fazila Ramdoo, le petit garçon jouissait d’une bonne santé. «Il était très gâté et son papa lui avait acheté une bicyclette tout dernièrement. Je suis même allé chez eux pendant le confinement et je peux dire que mon petit-fils se portait très bien… Li ti kontan zwé…» Or, vu qu’il a été condamné à une peine de 16 mois de prison pour une affaire d’agression le mois dernier, la mère a pris la responsabilité de son petit-fils et depuis, elle n’a plus eu de ses nouvelles.
Ce n’est que vendredi qu’elle apprend la mauvaise nouvelle… «Mo lot garson dir mwa li stasion Midlands. Kan monn ale ki monn konpran ki finn arive. Li vre ki zame monn trouv li bat mo belfi, a par bann ti kalot pu koriz zanfan la… Mais la question est ; n’est-elle pas responsable du bien-être de cet innocent ? Où était-elle quand le petit a été mortellement agressé ? Pourquoi se rendre complice de la disparition de son propre fils», déplore la femme de 64 ans.
Pour elle, sa belle-fille aurait dû lui confier Ayaan, si elle ne pouvait pas le garder sous son toit. «Même à mon âge, j’aurais veillé sur lui. Elle aurait dû le déposer chez moi, au lieu de le laisser être martyrisé et on aurait évité ce drame. D’ailleurs, elle avait quitté le toit conjugal pendant huit mois à la naissance de cet enfant», allègue la sexagénaire, qui avait alerté son fils en prison, de la situation. «Nou disan pe boui. Nou pe demann nou ki fer mama la inn soutir li ek pann inform la police. Ki kalité mama to été ?»
On a également contacté la tante de la victime, qui a alerté la police sur le décès suspect. «C’est un proche du deuxième mari de ma soeur qui nous a envoyé des photos d’Ayaan avec des blessures. Effectivement, quand nous sommes allés chez ma soeur le soir, l’enfant avait des bleus au front et à la joue gauche. Questionnés, les suspects devaient nous dire que l’enfant avait fait une chute», confient la tante et son mari qui disent que cela a éveillé leurs soupçons. De plus, la maman de la victime a tenu à effectuer les rites funéraires dans les plus brefs délais, vendredi matin. La tante a alors décidé de porter plainte, affirmant avoir vu des ecchymoses sur le corps de son neveu, lors des funérailles.
Le couple ajoute avoir vu Ayaan Ramdoo, il y a deux semaines et affirme que l’enfant avait l’air traumatisé. «Ma soeur était venue chez moi et mon neveu n’était pas dans son état normal. Il regardait fixement et ne jouait plus», poursuit le couple qui soutient que la suspecte n’a pas vraiment gardé contact avec la famille depuis son deuxième mariage religieux.
Quid d’une demande d’explications à Nawsheen Beeharry ? «Pour nous, c’est une criminelle. Elle devra répondre de ses actes et fournira sa version à la police. Mais nous ne comptons pas lui rendre visite.» Nous avons aussi contacté la personne qui aurait envoyé la photo d’Ayaan Ramdoo avec des bleus au visage, mais elle n’a pas souhaité faire de commentaires… «Je ne suis pas en état de parler. Je suis toujours sous le choc…»
Nous avons tenté de parler à la ministre de tutelle. Sollicitée, Koonjoo-Shah, est restée injoignable.
Un médecin dans le collimateur de la police
<p>Le présumé meurtrier, Ashar Soobratee, un marchand de légumes de 22 ans qui habite Midlands, a comparu au <em>Bail and Remand Cour</em>t, samedi. Il a avoué aux enquêteurs avoir donné des gifles et des coups de pied à Ayaan Ramdoo dans un accès de colère. Par ailleurs, la médecin qui avait délivré le premier certificat de décès, disant que l’enfant était mort de causes naturelles, se retrouve dans le collimateur de la police.</p>
Meurtre de Farida, 10 ans : les suspects toujours en détention
<p>Huit mois de cela, le corps sans vie de la petite Farida a été retrouvé par un planteur, le 31 mars, dans un champ de pommes d’amour, à Mare-du-Puits, Belle-Mare. Le cadavre, partiellement dénudé et brûlé, avait été enfoui sous un tas de fumier. L’écolière était portée manquante deux jours avant que la découverte macabre a été faite. Les présumés auteurs du crime ? Sa mère, Pallavi Khedoo, âgée de 27 ans et le concubin, Deven Chiniah, qui étaient passés aux aveux en affirmant que la petite ne voulait pas manger. D’où leur acte irréparable. Ils l’auraient d’abord frappée, jusqu’à ce qu’elle cesse de respirer. Une fois la petite morte, ils auraient voulu se débarrasser du cadavre et y auraient mis le feu avant de le recouvrir de fumier. Faisant l’objet d’une accusation d’assassinat, le couple est toujours enfermé depuis son arrestation. <em>«Ils n’ont pas présenté de motion de remise en liberté. La magistrature ne va pas accorder de libération conditionnelle à ce stade de l’enquête. Ils sont inculpés sous un délit très grave et plusieurs facteurs doivent être pris en compte. La prolongation de leur détention est justifiée à ce niveau»</em>, indique une source proche du dossier.</p>
Réactions:
<p><strong>Rita Venkatasawmy, Ombudsperson for children: «On doit identifier les parents qui ont un comportement à risque» </strong></p>
<p><em>«On a, malheureusement, des personnes ayant le corps d’adulte mais qui ne sont pas des adultes»</em>, déplore l’Ombudsperson pour les enfants, Rita Venkatasawmy. Tout en condamnant l’acte commis, elle se pose des questions sur l’enfance et l’éducation du présumé meurtrier. <em>«Souvent, après des crimes atroces, des marches sont organisées. C’est bien, car il faut conscientiser les gens, mais cela ne va pas résoudre le problème. Mon bureau va travailler sur une stratégie en ce sens car il y a trop de violence familiale. On doit comprendre pourquoi les gens sont si agressifs, envers les enfants en particulier. Une campagne doit être menée contre l’agressivité»</em>, affirme-t-elle. </p>
<p>Est-ce que le Children’s Bill est une solution ? <em>«La loi agit comme mesure dissuasive, certes, mais si la personne n’épouse pas la logique derrière, cela n’aura pas d’impact sur son comportement. On a définitivement besoin d’un cadre légal mais seul, il ne pourra pas changer l’être humain. Tout comme le projet de loi prévoit un registre pour les délinquants sexuels, on doit aussi identifier les familles dont les parents présentent un comportement à risque. On peut y arriver avec la collaboration de tout un chacun»</em>, soutient Rita Venkatasawmy.</p>
<p><strong>Shakeel Anarath, directeur du centre funéraire islamique Al-Ihsaan: «Comment ne pas voir des hématomes sur le corps du petit ?» </strong></p>
<p>Vers 17 heures vendredi, la famille contacte le centre funéraire islamique Al-Ihsaan, à Port- Louis, en vue des rites funéraires du garçonnet. Deux heures plus tard, le corps du petit est apporté au centre. <em>«En 22 ans, j’ai donné le bain rituel à des personnes décédées dans des circonstances différentes. Mais je n’ai jamais vu une personne blessée sur tout le corps comme dans le cas de ce garçonnet. C’était très dur. J’ai ressenti la même douleur que j’avais ressentie en donnant le bain rituel à mon frère»</em>, confie le responsable, Shakeel Anarath. Il se demande comment la doctoresse en question a pu signer l’acte de décès, certifiant que l’enfant était mort étouffé. Ou encore comment celles qui ont donné le bain rituel avant les rites funéraires prévus à 8 h 30, vendredi matin, n’ont pas vu les hématomes sur le corps de l’enfant.</p>
<p><strong>Dr Anil Purmessur, président du Medical Council: «C’est une faute grave» </strong></p>
<p>Si le président de l’Ordre des médecins, le Dr Anil Purmessur, affirme ne pas avoir encore pris connaissance de ce cas d’infanticide, il affirme toutefois que c’est une faute grave du médecin impliqué. Un médecin, digne de ce nom, doit examiner un patient pour connaître la cause de son décès avant d’émettre un certificat de décès. Qu’encourt donc ce médecin comme sanction ?<em> «Li kapav al ziska radiation»</em>, déclare-t-il. Toutefois il faudra une enquête pour déterminer la suite.</p>
<p><strong>R.K (nom modifié), médecin généraliste: «L’examen du corps doit se faire de la tête aux pieds» </strong></p>
<p>Que ce soit dans le privé ou dans le public, un examen de la dépouille se fait de la tête aux pieds. Si le décès est suspicieux, le médecin n’émet pas de certificat de décès, affirme ce généraliste des hautes Plaines-Wilhems. Selon lui, face à une faute jugée extrêmement grave, il faut sanctionner le médecin qui a émis le certificat de décès. <em>«Tout est noté à l’hôpital. Si une personne est décédée à son arrivée et si elle n’a pas de dossier, une autopsie est alors pratiquée.»</em> Il affirme qu’il revient au Medical Council et au ministère de la Santé de décider de la sanction.</p>
<p><strong>Satish Boolell, ancien chef du service médico-légal: «Le Chief Medical Officer a les pleins pouvoirs pour décider si le médecin peut continuer à exercer au pas.» </strong></p>
<p>Pour Satish Boolell, quand un corps est référé au médecin légiste, il faut faire un examen pour déceler, si possible, la cause du décès. <em>«Les examens doivent déterminer si les blessures sont raîches, anciennes et en voie de guérison. Et normalement dans de tels cas, un médecin doit radiographier tout le corps. Tous les cas d’enfants qui meurent doivent être traités comme suspects. Tous les enfants martyrs ont un dossier médical à l’hôpital.» </em>Il estime qu’il faudrait une enquête interne du ministère de la Santé qui reférera ensuite le cas au <em>Medical Council</em>. Il estime que le<em> Chief Medical Officer </em>a les pleins pouvoirs pour décider si le médecin peut continuer à exercer ou pas et envoyer le rapport à l’Ordre des médecins.</p>
<p><strong>Dr Vinesh Sewsurn, président de la Mauritius Health Officers’ Association (MHOA): «Si le médecin a émis un certificat de décès, il doit être au courant de la cause» </strong></p>
<p>La procédure pour émettre un certificat de décès est simple, déclare le Dr Vinesh Sewsurn. Un médecin doit connaître la cause du décès pour signer le certificat. Selon lui, si ce médecin l’a fait, cela signifie qu’il est au courant des causes de ce décès.</p>
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