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Fonds d’aide des Britanniques: 1% seulement utilisé

16 novembre 2020, 18:00

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Fonds d’aide des Britanniques: 1% seulement utilisé

Cela fait quatre ans aujourd’hui, 16 novembre, que les Britanniques ont créé un Support Package de 40 millions de livres sterling pour les Chagossiens. Sur papier, le but est d’améliorer leurs conditions de vie, qu’ils soient à Maurice, aux Seychelles ou en Grande Bretagne. Mais jusqu’à l’heure, l’argent a surtout servi pour des voyages tous frais payés dans l’archipel.

Améliorer leurs conditions de vie. Promesse des Britanniques aux Chagossiens. Qu’ils soient en Angleterre, à Maurice ou aux Seychelles. Cela fait quatre ans, aujourd’hui 16 novembre, depuis la création du Chagossian Support Package.

C’est un fonds de 40 millions de livres sterling (environ Rs 2 milliards), pour une durée de dix ans. Ce Support Package est annoncé en 2016 quand les Britanniques renouvèlent le bail des Américains qui opèrent une base militaire à Diego Garcia. Dans la foulée, les Britanniques interdisent le droit de retour dans l’archipel aux Chagossiens. Le fonds de 40 millions de livres doit faciliter un meilleur accès aux soins de santé, au logement, à l’éducation aux Chagossiens au Royaume-Uni, à Maurice et aux Seychelles.

Sauf qu’en réalité, le Support Package a surtout servi à financer les heritage visits, de courts séjours dans l’archipel, pour les natifs et leurs descendants. «Certaines de ces visites n’ont même pas abouti. Les Chagossiens des différentes îles n’ont pas pu se rendre là où ils sont nés», s’insurge Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos (GRC) et président du Chagossian Welfare Fund. En mai de cette année, un relevé officiel a montré que des 40 millions de livres sterling, environ 580 000 livres sterling seulement ont été dépensées pour les visites et des cours d’anglais pour les Chagossiens.

«Mo pena narien kont gouvernman angle», affirme Olivier Bancoult. «Mais je veux montrer combien ils sont malhonnêtes.» Car après avoir pris l’engagement écrit d’aider les Chagossiens, quatre ans plus tard, force est de constater que, «zot pa seryé. Ils n’ont pas honoré leur parole et n’ont pas respecté leurs institutions». Les conditions de vie des Chagossiens, «surtout celles des natifs» souligne Olivier Bancoult, n’ont pas changé. «Dimoun la finn trap labouzi rouz ziska lame finn brile», ironise-t-il.

Avant de répondre à l’argument que le GRC n’a pas fait de demande pour bénéficier du Support package. «Nous avons déjà dit qu’il faudrait verser une pension à vie aux Chagossiens. Les Britanniques ont dit : ‘pas question’.»

Olivier Bancoult souligne qu’outre le GRC, d’autres regroupements de Chagossiens ont aussi réclamé de l’aide. Dont un centre d’accueil pour les Chagossiens qui se rendent au Royaume-Uni ou encore un plan funéraire pour ceux qui décèdent en Angleterre. «Est-ce que tous ces groupes ont tort de demander de l’aide ? Au lieu de trouver des solutions pour les Chagossiens, dont les droits ont été bafoués, les Britanniques préfèrent payer des avocats pour se défendre en cour».

Chagossian Welfare Fund: les secours au niveau local

<p>Le <em>Chagossian Welfare Fund</em> (CWF) relève du bureau du Premier ministre. Le président du <em>Chagossian Welfare</em> <em>Fund</em> est nommé par le chef du gouvernement. Actuellement, c&rsquo;est Olivier Bancoult qui occupe le poste. Il indique qu&rsquo;à la rentrée, quatre étudiants d&rsquo;origine chagossienne sont admis à l&rsquo;université. <em>&laquo;Sept autres étudiants ont déjà obtenu leur diplôme, notamment en français, en sciences politiques, en ressources humaines. Même si ce n&rsquo;est pas de grosses sommes, nous avons accompagné ces enfants.&raquo;</em> Il indique que 75 enfants qui suivent des cours préprofessionnels ont bénéficié d&rsquo;un suivi. Des aides ont aussi été données aux <em>&laquo;Chagossian in distress&raquo;</em>, indique Olivier Bancoult, qui cite le chiffre de 80 familles. Elles ont bénéficié de matériqux de construction : bois et tôle. <em>&laquo;À eux de fournir la main-d&rsquo;œuvre.&raquo;</em> Le CWF dispose aussi d&rsquo;un véhicule de 15 places pour les visites à l&rsquo;hôpital. Il y a deux centres pour les Chagossiens, l&rsquo;un à Pointe-aux-Sables, l&rsquo;autre à Baie-du-Tombeau. <em>&laquo;Nous nous occupons des seniors, pour que ceux qui sont nés à Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon puissent se retrouver.&raquo;</em> Ces centres sont aussi actifs dans la promotion de la cuisine chagossienne, les plantes médicinales, les chants, danses et instruments, dont le sega tambour qui est inscrit sur la liste du patrimoine mondial.</p>

Engagés dans deux procès

	<p>C&rsquo;est devant les tribunaux &ndash; britanniques et internationaux -que les Chagossiens revendiquent leurs droits.</p>

	<p><strong>Cour suprême à Londres : contester le support package</strong></p>

	<p><em>&laquo;Case dismissed.&raquo;</em> Verdict de la Cour d&rsquo;appel à Londres le 30 juillet de cette année. Dans cette affaire, deux Chagossiens - Solange Hoareau qui est aux Seychelles et Olivier Bancoult à Maurice- réclament le droit de retour dans l&rsquo;archipel et contestent le Support package. Qu&rsquo;à cela ne tienne, malgré ce second revers consécutif dans cette affaire, Olivier Bancoult affirme que les Chagossiens restent déterminés. <em>&laquo;Nous avons obtenu l&rsquo;autorisation de faire à nouveau appel.&raquo;</em> Entre la demande d&rsquo;extension du délai pour faire appel et la demande pour l&rsquo;assistance légale, les procédures suivent leur cours, indique le leader du Groupe Refugiés Chagos. Pour rappel, les Chagossiens ont perdu cette affaire une première fois en février 2019 devant la Haute cour de Londres. Celle-ci leur avait refusé l&rsquo;autorisation de faire appel. Mais l&rsquo;avis consultatif de la Cour Internationale de Justice intervenu le 25 février 2019, demandant aux Britanniques de mettre un terme à leur occupation des Chagos avait changé la donne. Les autorités judiciaires britanniques ont alors autorisé les Chagossiens à faire appel. Mais ils ont perdu cette manche légale le 30 juillet 2020.</p>
</div>

Cour pénale internationale à la Haye : les britanniques accusés de «crime d’apartheid»

<p>Allégations d&rsquo;apartheid. C&rsquo;est l&rsquo;affaire entrée ce mois-çi par deux Chagossiens vivant aux Seychelles devant la Cour pénale internationale. Les deux natifs de Diego Garcia, Solomon Prosper et Bernard Nourrice, accusent le représentant militaire britannique sur la base américaine de Diego Garcia, le lieutenant-commandant Kay Burbridge d&rsquo;apartheid. Des poursuites visent aussi une série de responsables administratifs britanniques qui appliquent l&rsquo;interdiction faite aux Chagossiens de revenir aux Chagos. Ne leur autorisant que des visites sous escorte militaire. Les Chagossiens dénoncent la discrimination dont fait preuve à leur égard l&rsquo;administration du British <em>Indian Ocean Territory.</em> <em>&laquo;Nous sommes en contact et nous travaillons en étroite collaboration avec nos frères et sœurs des Seychelles&raquo;,</em> indique Olivier Bancoult. La Cour pénale internationale est un tribunal de dernier recours pour les poursuites de crimes internationaux graves tels le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l&rsquo;humanité.</p>

Après quatre ans : l’appel à projets ouvert jusqu’au 3 décembre

<p>Soutenir les Chagossiens en Angleterre, surtout dans les régions de Crawley, dans le West Sussex et Wythenshawe, à Manchester. Dans cette optique, le <em>Foreign, Commonwealth &amp; Development Office</em> (FCDO) a lancé un appel à projets sous le Chagossian Support Package, le lundi 26 octobre, soit presque quatre ans depuis la crétaion du Support Package. Les cinq domaines concernés sont l&rsquo;éducation, la santé, l&rsquo;aide sociale, par exemple pour la garde des enfants, mais aussi l&rsquo;emploi et la promotion de la culture chagossienne. Le budget de ces projets doit dépasser 5 000 livres sterling (Rs 260 000). Le financement est principalement pour l&rsquo;année financière 2020-21. Délai de soumission des projets : le 3 décembre. Si cet appel à candidature concerne uniquement des projets à l&rsquo;intention des Chagossiens en Angleterre, le FCDO invite ceux vivant à Maurice et aux Seychelles à se faire connaître. Pour Olivier Bancoult, <em>&laquo;comment avoir de l&rsquo;espoir avec un gouvernement (NdlR, britannique) qui nous a toujours mené en bateau ? On a promis le passeport britannique aux descendants de Chagossiens. Certains demandeurs éprouvent beaucoup de difficultés. Pas- por pa plin vant&raquo;.</em></p>

154 natifs ont visité l’archipel

<p>Combien de Chagossiens ont visité l&rsquo;archipel, profitant des séjours proposés par les Britanniques ? Selon la Haute Commission britannique, il y a eu, <em>&laquo;huit visites depuis 2007, avec un total de 154 participants&raquo;.</em> Ces séjours comprennent les trajets en avion vers Dubaï, le Bahrein avant de mettre le cap sur les Chagos. On se souvient aussi de l&rsquo;émouvante visite de 2006, où une délégation d&rsquo;une centaine de Chagossiens avait fait le déplacement par bateau, y compris Olivier Bancoult ainsi que Fernand Mandarin, aujourd&rsquo;hui disparu.</p>