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Geetanee Napal: «Tout pays qui veut combattre la corruption doit miser sur l’éducation»
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Geetanee Napal: «Tout pays qui veut combattre la corruption doit miser sur l’éducation»
C’est tout à fait par hasard que «Business Ethics, perspectives from emerging economies», le dernier ouvrage de Geetanee Napal, sortira en librairie aujourd’hui, à un moment où la corruption fait grand bruit dans le pays. L’auteure et la chose politique ne font pas bon ménage et elle refuse d’y être associée. D’où la publication de cet ouvrage en toute discrétion. Car ce livre est le fruit d’une conviction, à savoir que la seule arme capable de faire reculer la corruption, c’est l’éducation. D’ailleurs, elle a mené une lutte de longue haleine pour que la corruption, en tant que matière, fasse partie du programme d’études. Un ouvrage taillé sur mesure.
Pourquoi un livre sur la corruption ?
Mon domaine d’étude est l’éthique appliquée. La corruption en est une composante. J’enseigne l’éthique. Il me fallait donc un texte approprié en termes de contenu, à un prix abordable pour mes étudiants. Ce livre est avant tout «fait sur mesure» pour aborder les questions éthiques dans notre contexte. Il se compose d’un mélange de littérature sur l’éthique et d’aspects pratiques tels les problèmes éthiques communs aux économies émergentes comme la nôtre. Cet ouvrage couvre les concepts éthiques universels, qui sont essentiels au succès durable au niveau des entreprises et de l’économie. Les questions éthiques comprennent la corruption sous ses différentes formes.
Vous mettez beaucoup d’accent sur l’éthique. C’est quoi l’éthique pour vous ?
L’éthique est une discipline académique. Elle constitue un mode de vie, nous offrant des outils tels le sens du devoir, l’honnêteté, le courage, l’empathie, la conscience morale, pour nous améliorer de manière générale.
Il n’existe pas un pays qui peut se vanter de s’être totalement débarrassé de la corruption. Comment prévenir et se prémunir contre ce phénomène ?
Tout pays, qui veut combattre la corruption, doit miser sur l’éducation. Nous sommes à un point où il nous faut à tout prix éduquer la masse si nous tenons à nous débarrasser de cette culture de faveurs, pour ne pas dire culture de corruption.
Est-ce une tâche aisée et facile de s’en débarrasser ?
Une culture de corruption bien établie est difficile à renverser, sans volonté ferme et structure appropriée.
Ce livre est-il destiné exclusivement aux étudiants alors que là où la corruption est plus à même de faire des dégâts, c’est ailleurs, dans la vie de tous les jours ?
Ce livre pourrait bien être utile également aux hommes d’affaires et aux personnages publics. Il est important de renforcer le concept d’intégrité publique et le sens de l’intégrité morale afin de combattre la corruption qui résulte d’une mauvaise gouvernance.
Quels sont les sujets qui sont abordés dans votre livre ?
Entre autres thématiques, le livre couvre les thèmes suivants : la corruption dans les pays en voie de développement et les faiblesses du système ; la corruption, la pauvreté et l’inégalité ; les problèmes d’ordre éthique dans le contexte des affaires ; les conflits d’intérêts ; le concept pot-de-vin analysé sous différents angles, à savoir sous l’angle moral, sens du devoir, point de vue culturel. On y trouve des chapitres se rapportant aux mesures susceptibles de contenir ce genre de problème ; la corruption dans le contexte des affaires et au sein de la société ; les différents types de corruption ; les facteurs qui encouragent la corruption ; la corruption en Afrique et des comparaisons au niveau international ; l’impact de la corrruption sur le développement économique et la société ; les coûts associés à la corruption ; les initiatives anti-corruption ; l’éthique sur le plan personnel par rapport à l’éthique d’entreprise ; peut-on concilier l’éthique et les affaires ? l’évolution du combat anti-corruption dans les pays de l’Extrême Orient.
Avez-vous personnellement été confrontée à ce phénomène ?
Oui, d’où mon intérêt pour ce sujet.
Dans quelles circonstances cela s’est passé ?
Ce ne serait pas approprié de parler de mes expériences. Je suis contre l’injustice et pour le corrompu, toutes les excuses sont bonnes pour avoir recours à ce genre de conduite. Il faut à tout prix bannir le favoritisme, le népotisme et mettre en valeur la méritocratie. Il n’y a rien de plus injuste que d’avoir recours à des moyens corrompus pour arriver à ses fins et ce faisant, priver le candidat méritant de ses droits.
Anil Nemchand, qui veut mener un combat contre ce phénomène déclare que c’est devenu un cancer qui ronge la société. Qu’en pensez-vous ?
J’évite de me prononcer sur les aspects politiques. Cependant, j’ai entrepris mon premier projet sur l’éthique en 1997. J’enseigne cette matière depuis presque 20 ans. C’est un fait établi que la corruption s’attaque à l’économie et à la société. En 1998, je voulais incorporer l’éthique dans le programme d’études. Ce n’est qu’en 2001 que j’ai pu y introduire mon premier module d’éthique. Il suffisait d’avoir le soutien nécessaire. Mes efforts ne se sont concrétisés que trois ans plus tard. Je pense que ce serait bien de mener un combat contre la corruption et de réussir dans cet élan.
Personnellement, à quoi attribuez- vous la corruption ?
Cela dépend du contexte. La corruption est le résultat de plusieurs facteurs. Parmi eux, on découvre la culture, c’est-à-dire les croyances, les normes, le sens des valeurs parfois absentes ; la gourmandise ou le besoin démesuré de sécurité financière, qui pousse le décisionnaire à ignorer l’éthique dans sa démarche alors qu’il a des comptes à rendre.
Est-il possible de vivre dans une société sans corruption ?
Selon moi oui, mais cela dépend surtout des attentes de la société. Si les gens sont en quête d’argent facile c’est clair qu’ils opteront pour un mode de vie corrompu. Le plus difficile c’est de parvenir à transformer une société corrompue en une société éthique où priment le respect et le sens des valeurs, où ces valeurs dictent la conduite de l’individu, et où le décisionnaire agit de manière responsable.
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